Les états généraux de l'eau en montagne se sont terminés à Megève vendredi passé. "Les Alpes sont certes un château d'eau, mais il fuit!" Cette réflexion retenue par la correspondante du Monde traduit la prise de conscience générale de la nécessité de mieux gérer la ressource: "Aujourd'hui la question n'est plus d'en discuter, la question est de dire: on fait quoi?", résume Jean-François Donzier, directeur général de l'Office international de l'eau, organisateur de ces rencontres. "Tout ce qu'il faudra faire, on le sait déjà. Il ne s'agit pas d'innovation technologique, mais juste d'un changement de pratiques." Les montagnards sont ainsi appelés à économiser l'eau et à trouver tous les moyens de la stocker avant qu'elle ne s'échappe trop rapidement vers les plaines, écrit résume la journaliste.
"Les problèmes d'hydrologie sont déjà en train de se produire ou vont se produire bien plus vite que ceux du gaz à effet de serre. Il faut prévoir tout de suite des mesures d'adaptation, notamment en montagne", souligne M. Donzier, cité par l’AFP. "Les montagnes et leurs glaciers régulent l'alimentation des grands fleuves et pourraient même voir leur influence renforcée, ce qui ne sera pas sans provoquer des conflits d'usage de l'eau. Les enjeux économiques sont considérables", explique le glaciologue Dominique Raynaud.
Une nouvelle utilisation du sol
Reste à élaborer les stratégies de stockage, écrit la journaliste Nathalie Grynszpan, qui cite toujours M. Donzier dans Le Monde:
"On commence à redécouvrir que les lacs, les tourbières, la forêt, les pâturages, que certaines formes de pratiques agricoles favorisent le stockage de l'eau ou, en tout cas, ralentissent le ruissellement vers les plaines".
Selon les participants à ces états généraux, les montagnes européennes sont d'ores et déjà parmi les premières victimes du changement climatique. Point de la situation tel que décrit par ladepeche.fr:
D'ici à 2100, le réchauffement pourrait atteindre +4,2° au-dessus de 1.500m. D'ici à 2050, les glaciers alpins perdraient de 230 à 70% de leurs volumes et les glaciers pyrénéens disparaîtraient complètement. La fonte des glaciers et la diminution de l'enneigement vont modifier les régimes hydrauliques de tous les fleuves venant des montagnes. Cela pourrait générer de fréquentes inondations en automne, hiver et printemps et des sécheresses estivales dans les bassins des fleuves.
"Notre travail consiste à prédire les apports en eau, grâce à un travail de mesure et de modélisation, afin de rationaliser et d'optimiser sa gestion entre les utilisateurs", explique le chercheur Georges-Marie Saulnier, responsable d'un projet européen, Alp-water-scarce, dirigé par l'Université de Savoie, selon l’AFP
Et Le Monde de signaler qu’en Savoie, le conseil général possède un réseau de mesures sur les débits de sources gravitaires qu'il va renforcer dans les deux prochaines années. "L'objectif est d'avoir un état des ressources et des besoins en eau par usage sur l'ensemble de la Savoie, que ce soit l'hydroélectricité, l'eau potable, l'irrigation agricole, la neige de culture, sans oublier les milieux aquatiques pour les sports d'eau vive", explique Christian Mourembles, chargé de l'eau à la direction environnement et paysages du conseil général. "Nous devons comprendre jusqu'où nous pouvons aller et cela passe par une vision globale de tous les usages."
Diagnostiquer nos ressources
Chez nous, plus exactement du glacier de la Plaine-Morte jusqu’en plaine, de la Lienne à la Raspille, des mesures climatologiques et hydrologiques sont prises actuellement pour aboutir à un diagnostic de nos ressources en eau. Cela entre dans le cadre se d’un travail de recherche du programme national de recherche PNR 61 «Gestion durable de l’eau». L’étude se poursuivra jusqu’en 2014. A noter que l’ACCM a accepté de prendre en charge le 10% du coût des capteurs permettant les relevés, soit une somme de 7000 francs. L’idée finale: proposer des solutions novatrices pour une gestion durable de l’eau.
L'Association des Communes de Crans-Montana a lancé une étude de faisabilité pour un nouveau concept de gestion des eaux de la région, avec notamment un volet consacré à l’inventaire des droits d’eau dans notre région, dans la foulée de la thèse d'Yves Rey. Nos six communes manifestent une réelle volonté d'aller de l'avant sur ce dossier.
Prises de conscience dans les stations alpines
Les stations de montagne ont véritablement pris conscience de la rareté de l'eau depuis quatre ou cinq ans, écrit l’AFP. "D'ailleurs, elles s'engagent de plus en plus à optimiser son utilisation en récupérant l'eau de ruissellement, en rénovant ses installations...", selon le président de l'association nationale française des maires de station de montagne, Gilbert Blanc-Tailleur.
Laissons la conclusion à Pierre Lachenal, directeur de la société d'économie alpestre de Haute-Savoie:
"Le débat aujourd'hui n'est plus sur les effets du changement, mais sur la manière de s'y adapter."
Si le sujet vous intéresse, consulter les différents articles repris sur le net, en tapant dans votre moteur de recherche Etats généraux de l’eau en montagne.
A noter que le 29 septembre dernier, les coordinateurs locaux de la Charte en faveur du développement durable dans les stations de montagne ont également abordé le thème de l’eau et rappelé ce qu’elles accomplissent en faveur de l’économie de cette ressource, à lire ici.