Le séisme financier de 2008 et la crise qu’il a provoquée n’ont pas tardé à inspirer les cinéastes, aux États-Unis comme en Europe. Lors du dernier festival de Cannes, le décevant Wall Street II d’Oliver Stone était heureusement encadré par deux documentaires beaucoup plus intéressants : Cleveland contre Wall Street, de Jean-Stéphane Bron, sur la dévastation de quartiers entiers en lien avec le système des subprimes et Inside Job (film non encore sorti), de Charles Ferguson, analyse profonde des mécanismes de la crise, avec nombre d’intervenants de très haut niveau (dont Dominique Strauss-Khan, président du Fonds monétaire international et Christine Lagarde, ministre française de l’Économie).
Le Français Fabrice Genestal s’est aussi essayé à la fiction avec le peu convaincant Krach, histoire d’un trader apprenti-sorcier fondant ses prévisions sur les modèles climatologiques (sorti le 1er septembre 2010). Dévoilé au début de l’année, In the Air , de Jason Reitman, mettait déjà George Clooney dans la peau d’un redoutable specialiste du licenciement.
En 2011, le thème devrait continuer d’inspirer, plus au moins directement, les cinéastes, du Français Cédric Klapisch avec Ma part du gâteau à l’Américain John Wells avec The Company men (Ben Affleck, Tommy Lee Jones et Kevin Costner étant annoncés à l’affiche).
La crise de 1929 marquera le cinéma des années 1930
ne multitude de films, des années 1930 aux années 2000, des États-Unis à l’Europe, certaines œuvres restent clairement associées aux grands effondrements économiques ou au monde de la finance. Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut ainsi noter, dès 1928, la force d’un film comme L’argent, de Marcel l’Herbier, libre adaptation du roman d’Émile Zola.
Outre-Atlantique, la crise de 1929 marquera amplement le cinéma des années 1930, avec des œuvres telles que Les Temps modernes de Charlie Chaplin, Les Raisins de la colère, de John Ford d’après Steinbeck, ou les films d’Elia Kazan (à commencer par La fièvre dans le sang). En 1946, dans La Vie est belle, Franck Capra évoque encore l’univers vorace et mortifère des affairistes sans scrupule…
Époque fric et frime, les années 1980 laissent la trace d’un âge d’or de la spéculation, libérée du joug législatif par une série de dérégulations laissant le champ libre aux nouveaux rois des places financières, les « golden boys ». cre. La même année, Christian de Chalonge évoque les coulisses de l’univers bancaire avec globalisation, dressant le portrait d’une grande firme inhumaine seulement guidée par la perspective du profit (Mille milliards de dollars). En 1983, John Landis, servi, entre autre par Eddy Murphy, s’amuse à intervertir les rôles entre un trader et un escroc dans Un fauteuil pour deux.
Dès 1988, Oliver Stone entend dénoncer la folie d’une finance aveugle, où tous les coups sont permis, avec Wall Street. Loin d’envisager le film comme une dénonciation, les traders de l’époque s’emparent du costume et des bretelles du très cynique « héros » du film, Gordon Gekko (incarné par Michael Douglas) et généralisent un nouveau look vestimentaire !
En 1989, avec Working Girl, de Mike Nichols, la jungle de Wall Street devient un terrain privilégié de la guerre des sexes. La décennie suivante ne laissera plus de place au doute. En 1998, Al Pacino n’a plus grand-chose à envier à Méphistophélès en patron d’un grand cabinet d’affaires dans L’associé du diable de Taylor Hackford. Et l’année suivante, Ewan McGregor prête ses traits à Nick Leeson dans Trader de James Dearden. L’histoire d’un spéculateur anglais livré à la démesure de chiffres devenus abstraits, qui fit plonger sa banque, la Barings, en 1995, treize ans avant l’affaire Kerviel.
Arnaud SCHWARTZ
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