Une équipe de chercheurs de l’Université de Montréal a mis en évidence la corrélation entre la mutation du gène KCNK 18 et des migraines avec aura.
septembre 2010 – C’est une première : une équipe de chercheurs internationaux dirigés par Guy Rouleau et Ron Lafrenière, de l’Université de Montréal, ont découvert qu’une mutation du gène KCNK 18 est liée à une forme courante de migraine. Leurs travaux ont révélé que cette mutation inhibe la fonction de la protéine TRESK, laquelle joue normalement un rôle essentiel dans la communication entre les cellules nerveuses.
Une découverte qui mène à de nouvelles pistes thérapeutiques
Les résultats de cette recherche, à laquelle a collaboré Zameel Cader, chercheur à l’Université d’Oxford, sont publiés dans la revue Nature Medicine. L’étude figure parmi les premières à associer une variante génétique spécifique à un risque accru de migraines de forme courante, soit les migraines avec aura. Les personnes qui souffrent de ce type de maux de tête perçoivent des points lumineux ou des taches noires ou encore elles ressentent des picotements dans les bras ou les jambes avant la crise migraineuse.
«Des mutations génétiques liées à la migraine avaient auparavant été mises au jour, mais seulement pour des formes rares», a indiqué le Dr Rouleau. Les recherches des Drs Rouleau et Lafrenière portent sur la migraine dite classique ou avec aura, dont souffrent 25 % des migraineux. «Nous nous sommes intéressés aux formes les plus fréquentes de céphalées, c’est-à-dire les migraines non accompagnées de paralysie, et avons étudié les gènes chargés de la régulation de l’excitabilité cérébrale», a précisé le Dr Lafrenière.
Leurs travaux montrent qu’une mutation du gène KCNK 18 entraine un risque plus élevé de souffrir de migraines. En effet, cette mutation altère le bon fonctionnement de la protéine TRESK, qui veille à réguler l’excitabilité des cellules nerveuses. C’est cette altération de l’activité électrique (ou excitabilité) des cellules qui déclencherait les crises migraineuses. «Sous l’effet d’une membrane plus susceptible à l’excitation, les neurones commencent à s’activer sans avoir le stimulus nécessaire pour bloquer la cascade qui survient. Résultat? La perte de la fonction de ce gène prédispose aux migraines», résume Dr Lafrenière.
La découverte des Drs Rouleau et Lafrenière permettra d’explorer de nouvelles pistes thérapeutiques. On pense tout particulièrement à un médicament capable d’agir sur l’activité électrique de certaines cellules en cause dans les migraines.