Cette victoire de l’opposition démontre que la majorité des Vénézuéliens est fatiguée du style autocratique du régime et de sa politique catastrophique.
Cette victoire de l’opposition démontre que la majorité des Vénézuéliens est fatiguée du style autocratique du régime et de sa politique catastrophique. Elle renforce également une opposition qui jusqu’à présent avait été peu efficace et désorganisée et réfute définitivement l’argument de légitimité auquel se référait sans cesse Chávez en prétendant parler au nom du « peuple ». Il va désormais être difficile – à moins de sombrer dans le ridicule le plus absolu – de disqualifier les critiques à son gouvernement de simples récriminations de l’« oligarchie ».
Il se peut donc que le futur de Chávez se complique, mais il serait bien naïf de croire que ce dernier, subitement, commence à respecter les institutions démocratiques et permette que les résultats électoraux se mettent en travers de sa révolution socialiste. Jusqu’à présent, il a fait usage d’une quantité d’artifices pour faire taire ses adversaires – élimination technique de candidats, découpage partisan des circonscriptions électorales, intimidation, sous-financement des gouvernements locaux aux mains de l’opposition, exil ou emprisonnement de personnes critiques sur base d’accusations fausses, fermeture de médias de communication, etc. – et pour obtenir le contrôle des plus importantes institutions du pays.
Chávez tentera certainement d’éviter le parlement chaque fois qu’il le jugera nécessaire? Pour ce faire, il a déjà mis en place, sous son contrôle, des structures parallèles de gouvernement et parle de créer des « communes » locales à travers le pays dont les décisions seraient supérieures à celle de l’Assemblée. Par ailleurs, il manipule pratiquement toutes les dépenses publiques dans un processus obscur sans jamais rendre aucun compte. Ce sera donc une tâche difficile pour le nouveau parlement vénézuélien de rendre plus transparents les comptes publics. Le parlement croupion sortant, entièrement sous la coupe de Chávez, sera encore en fonction durant trois mois et peut parfaitement faire passer une loi qui autoriserait celui-ci de gouverner par décret aussi longtemps qu’il le souhaite. Chávez peut donc encore faire énormément de mal au Venezuela.
À la fin, c’est toujours le politique qui décide, mais le facteur qui déterminera si Chávez pourra se maintenir au pouvoir va être l’économie. Une économie qui est la plus mal lotie de l’Amérique latine – excepté Cuba, le modèle rêvé par les « bolivariens » –, avec une inflation tournant autour de 30%, des coupures récurrentes d’eau et d’électricité, une pénurie désormais chronique des produits alimentaires de base et d’autres, une infrastructure à la dérive et une spectaculaire et dramatique explosion de la criminalité qui fait du Venezuela un des endroits les plus dangereux au monde.
Il n’est donc pas surprenant de voir les Vénézuéliens fatigués de Chávez. Le mécontentement accru, y compris au sein de ses partisans, menace la permanence au pouvoir de la groupie castriste. Si l’autocrate vénézuélien veut conserver la main et poursuivre sa révolution à la sauce cubaine, il devra agir vite, sans tenir compte de la population dans une course entre une économie en plein déliquescence et la poursuite d’un projet totalitaire.