Alors que le comité stratégique mobilité se réunit aujourd’hui à la Cub pour débattre de l’avenir des déplacements métropolitains, la question de la navette fluviale refait surface.
Le développement des secteurs de la Bastide et des Bassins à flot, l’aménagement des quais rive gauche assortis d’une réelle volonté politique de se réapproprier le fleuve ont remis à flots ces derniers mois la thématique du transport fluvial sur la Garonne. La question sera notamment abordée aujourd’hui à la Cub dans le cadre du comité stratégique mobilité qui se penchera sur le schéma directeur opérationnel des déplacements métropolitains (SDODM), le nouveau cadre de référence de l’architecture du réseau de transport, qui doit être adopté avant la fin de l’année. Après l’échec du précédent modèle de navettes fluviales en 2006, un tel service, mis en oeuvre en cohérence avec le développement du tourisme fluvial, suscite à nouveau l’intérêt des élus. Une nouvelle alternative à la voiture, certes bénéfique, à condition que le service soit intégré au plan de déplacement urbain. En effet, la réussite d’un tel dispositif passe par une interconnexion des différents modes de transports sur la Cub. Par ailleurs, afin d’optimiser ce service bateau-bus, la desserte de plusieurs haltes nautiques sur les deux rives (Lormont, Bacalan, Hangar 14, Ponton Yves Parlier, Bastide, Bègles) apparaît comme nécessaire tout comme la mise en place d’horaires et de parcours adaptés. Les bénéfices d’un tel réseau de navettes fluviales sont multiples, à commencer par l’aspect environnemental du dossier. Reste à régler la question des coûts. L’aménagement ou la réhabilitation cette année à Bordeaux de différentes haltes nautiques permet de régler en partie la question des accès. Mais il faut encore se pencher sur les frais d’investissement (acquisition des bateaux..) et de fonctionnement d’un tel service. Sur ce terrain, des réponses sont peut être à trouver du côté des initiatives privées. «Je vais mettre en place à titre personnel la desserte en bateau-taxi du ponton Parlier rive droite au Hangar 14 rive gauche», explique Denis Gesta, batelier sur la Garonne et responsable de la société «Garonne Harmonie». «Mais l’idéal serait d’intégrer ce service au réseau de transport de la Cub avec des horaires fixes», assure ce spécialiste du fleuve, présent sur la place bordelaise depuis 30 ans. Patron du bateau à passagers «Le Royal» mais aussi du petit «Coche d’Eau», un bateau-taxi pour 20 passagers, amarré au ponton Parlier, le cap’tain Denis comme on l’appelle, n’en est pas à sa première expérience de navette fluviale. «En 1995, quand le Pont de pierre a fermé, nous avons fait pendant un mois 24 aller-retours quotidiens de Bastide à Quinconces avec 2000 passagers par jour. Preuve que c’est possible». Quelques années plus tard, en 2001, Denis Gesta relance une navette fluviale, sur la rive gauche de la Garonne, avec un ancien pinardier réaménagé, le «Burdigala», désormais exploité par «Croisières Burdigala». Aujourd’hui, le batelier revient à la charge avec un dossier bien ficelé qu’il compte présenter prochainement au maire de Bordeaux. «Avec leur ticket de bus ou de tram, les gens pourraient se rendre du ponton Parlier au H14, de Bacalan à Lormont ou de la rive gauche à Floirac par exemple grâce à un réseau de 5 ou 6 bateaux de 20 places». De quoi désengorger le tram surtout aux heures de pointe ! • Stella Dubourg