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Édouard Balladur ou l’équilibre

Publié le 30 septembre 2010 par Argoul

Dans son interview au Monde du 26 septembre, l’ancien Premier ministre montre par différence ce qu’est le populisme. Il pointe les vrais problèmes, ceux qui sont sensibles à l’opinion ; il montre comment ces problèmes doivent se régler sans faire autant de vagues qu’ils en font. C’est une leçon pour la droite qui s’agite et se perd dans une accumulation de lois de circonstances, inapplicables ; c’est une leçon pour la gauche qui se voit déjà au pouvoir et promet tant et plus, surtout de ne rien changer à rien.

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L’équilibre, Édouard Balladur le pratique depuis toujours. La photo du journaliste du Monde le met parfaitement en valeur, c’est une excellente photo-portrait. A se demander pourquoi les Français ont choisi Chirac contre lui en 1995 ; il aurait été un bien meilleur Président, arbitre plus qu’interventionniste, pondéré plus que je-m’en-foutiste. Nous n’aurions pas eu Villepin et peut-être pas le Juppé rigide qui voulait tout faire tout de suite sans prendre le temps d’expliquer ni négocier. Mais c’est ainsi : les Français ont les politiciens qu’ils méritent.

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Où en sommes-nous ? C’est simple, répond Balladur : notre prospérité fondé sur notre domination du monde, c’est terminé. La concurrence existe désormais, il faut faire avec, donc s’adapter. « Nous devons impérativement travailler davantage, être plus compétitifs pour préserver notre place dans le monde. » L’Europe en est le cadre évident, au niveau mondial, mais « l’Europe à 27 est vouée à la confusion et à l’échec. Elle souffre de défaut (…) d’autorité, (…) de réalisme, (…) de cohérence. » Il faut donc discuter – et repousser tout nouvel élargissement tant que ces questions ne sont pas réglées. « C’est la passivité et le silence qui, peuvent conduire au sentiment anti-européen. »

Nicolas Sarkozy en fait trop et mal, l’ex-Premier ministre ne le dit pas mais le laisse voir en filigrane. En revanche, les problèmes soulevés existent, il ne sert à rien de se voiler la face. « La sécurité, la libre circulation en Europe, l’immigration clandestine, sont des problèmes qu’on ne peut éluder sous prétexte qu’il faudrait laisser l’opinion publique en repos. » L’anti-sarkozysme systématique, dont la gauche s’est fait l’expert faute d’alternative crédible est une impasse populiste. « Ne rapproche-t-il pas la gauche et l’extrême-droite ? » susurre un Balladur benoît.

Ah, qu’il était bon le temps de l’État-providence à guichets ouverts ! Sauf qu’à force de charger la barque, « en France la collectivité prélève environ 6 points de la richesse nationale de plus qu’en Allemagne. 35% de notre produit intérieur brut finance l’État-providence, moyennant quoi notre industrie s’affaiblit, nous perdons des emplois, notre commerce extérieur est déficitaire, notre budget aussi. » Il faut bien constater que « l’Allemagne est bien meilleure que nous. » Il faut donc renverser la balance :

• Produire avant de distribuer.

• Réorganiser l’État plutôt que de crier à l’injustice s’il y a moins de fonctionnaires.

• Revoir la fiscalité pour qu’elle soit plus juste et pèse moins sur le travail, imposer les avantages excessifs comme les retraites-chapeaux et les stock-options.

Il y a donc encore et toujours des réformes à faire, puisque presque rien n’a été fait depuis trente ans. Pas de populisme, pas de démagogie, pas de rodomontades : Édouard Balladur est un homme d’équilibre. Il aime la lucidité, le raisonnable et le mouvement. Tout ce qui fait l’esprit libéral.


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