Débordement d'âmes

Publié le 29 septembre 2010 par Badiejf
C'est bien connu, 60% de la population haïtienne est catholique, 40 % sont embrigadés dans une des nombreuses église protestantes et 90 % sont vaudouisant. Vaudouisant ne veut pas dire qu'on pratiques les rites vaudous. En fait, très peu de gens pratiqueraient formellement à des cérémonies vaudous et surtout accepteraient de l'affirmer publiquement. La chasse aux sorciers vaudous a eu cours pendant des années en Ayiti. Aujourd'hui encore, certains églises combattent cette religion jusqu'à refuser de participer à certaines activités œcuméniques. Le vaudou se vit ici dans la culture, les croyances, les artefacts. Un chat qui atterrit sur la toiture d'une maison au moment où une enfant est malade impose une visite urgente à un ougan, ces prêtres vaudous qui guérissent. Dans cette histoire, si les parents avaient donner de l'eau à la petite malade, elle aurait ainsi été possédée par de mauvais esprits. En fait pour une grippe, un mal de dent, une cheville foulée ou tout autre problème de santé, les gens vont voir le ougan qui lui donnera une dimension animiste et proposera un traitement en conséquence. Moyennant quelques gourdes bien évidement, le savoir se paie ! Il y a malheureusement quelques histoires d'horreur entourant ce genre de croyance. L'année dernière par exemple, un jeune enfant de six ans a été lynché par une communauté qui suivait les ordres d'un prêtre qui avait probablement mélanger quelque chose d'un peu trop avec son clairin… Aux nouvelles cette semaine, on tentait d'expliquer d'où venait cette habitude des ayisien de jeter leurs fatras dans les ravines où coulent les eaux de pluie. L'explication était animiste : Une chose qui m'a appartenue contient mon âme, si je jette cette chose, quelqu'un d'autre pourrait s'en approprier et donc, s'approprier de mon âme. En jetant le tout dans une ravine au moment des pluies, ce que je jette sera entraîné plus loin, évitant par le fait même qu'une personne proche puisse prendre le contrôle de mon âme. On voit donc dans le bas de la ville, juste sur le bord de la mer, ces caniveaux qui débordent d'âmes. Parties de partout dans les hauteurs de Potopwins ou de Pétion-Ville, ces âmes attendent qu'une grue, quelques fois par année, vienne permettre l'écoulement de l'eau vers la mer.