Un ami au téléphone, plus tôt dans la soirée, eut l'idée saugrenue de me demander mes plans pour la soirée. Il projetait, de son côté, une "modeste petite fête" (utilisation à mon sens très douteuse de cet adjectif, sa conception d'ordre de grandeur étant très sujette à caution : du genre à inviter 50 personnes et estimer être en petit comité).
"Que fais-tu le 31 ?"
Question que j'ai appris à redouter. Mes amis ont pourtant appris à ne plus me la poser avec le temps ; mais de façon immuable, lors du repas familial de Noël une semaine auparavant, il se trouve toujours un cousin ou une tante pour s'enquérir de mes "projet". Invariablement, cette interrogation provoque chez moi un petit pincement de coeur. Un certain malaise, persistance d'un temps où je me transformais en pivoine en rêvant de disparaître en fumée dans les airs. Une impression tenace d'anormalité. Une incompréhension. Un code social non décrypté, reçu de façon biaisée. L'information s'est sans doute perdue quelque part, égarée dans les méandres du processus d'éducation.
S'extasier sur le passage pour le passage du 31 au 1er.
Les effets provoqués par un simple changement de calendrier restent un des grands mystères, insolubles, des convenances qui régissent notre société.
Faire la fête parce que l'on cède à la pression sociale. Un prétexte artificiel pour festoyer. Quelle raison paradoxale, vaguement absurde, pour tenter d'oublier ses soucis, que de se forcer à noyer son blues dans un verre au contenu d'une couleur douteuse, au rythme d'un son barbare qualifié de façon impropre de "musique" qui achève votre migraine. Et pour couronner le tout, saccager un peu plus un cycle de sommeil déjà chaotique et mettre la semaine à récupérer des excès inutiles du Jour de l'An.
Voilà instinctivement ce à quoi renvoie pour moi le réveillon.
Je suis peut-être anormale, probablement asociale, incontestablement peu consensuelle.
Mais j'ai passé l'âge où, adolescente rivée aux repères fixés par mon entourage, je m'en préoccupais encore.
Si bien que, le "parfait réveillon", quel est-il selon moi ?
J'aime les choses simples et organiser mon "contre-réveillon".
C'est savourer, sous la couette, une immersion dans la Terre du Milieu en visionnant un ou deux films du Seigneur des Anneaux. Les DVD avec les versions longues, bien sûr. Profiter des scènes clés coupées pour rester synthétique au cinéma. Petits détails pour les néophytes, mais que tout fan de Tolkien considère comme fondamentaux, s'extasiant en découvrant ces passages prendre vie à l'écran, par la magie d'un film rallongé.
Mais si je n'aime pas fêter le Nouvel An, en revanche, j'aime souhaiter les meilleurs voeux pour l'avenir.
Je vous souhaite tous mes voeux de bonheur pour cette nouvelle année.