Malika est une jeune fille qui, comme Malik, grandit dans une cité. On ignore tout de son père. Elle est élevée par sa mère et voit défiler, chaque année, dans sa prime enfance, plusieurs papas, disons partenaires que sa mère peine à garder. Malika est une surdouée. Elle est une crack qui s'ennuie à l'école sous le regard attristée de son grand-père. En effet, la mère refuse obstinément de lui faire sauter une classe de peur qu'elle prenne la grosse tête et qu'elle lui ramène une grossesse précoce.
C'est le portrait d'une petite fille enrobée, perçue comme une sorte d'extra-terrestre parmi ses camarades de classe. C'est la première différence entre son profil et celui de Malik. Car si le petit Malik évolue avec sa bande, dans un certain conformisme, Malika elle cultive sa singularité. En proie, aux sarcasmes très tôt, on serait tenté de dire qu'elle n'a pas le choix et que son QI développé est un atout.
Il est difficile pour moi de ne pas mettre en miroir ces deux romans. Les auteurs ont tout fait pour. Et ces deux romans sont extrêmement complémentaires. Car si Malik, semble paumé, sans perspective, sans but, si la cité semble s'être écrasée sur lui, laissant cette impression de cul-de-sac dans le présentation de Mabrouck Rachedi, Malika représente cette autre facette de la jeunesse des banlieues, celle qui s'offre même le luxe du choix par la réussite scolaire. Choisir son job. Choisir son point d'ancrage. Parce qu'elle finit par ne pas oublier d'où elle vient.
Alors faut-il être un génie pour s'en sortir quand on fréquente un lycée, où les toilettes sont autant de territoires dangereux à franchir de peur d'avoir une bande s'abattre sur vous? Question complexe. Je n'ai pas aimé l'entrée en matière de la petite Malika. Too much, les premiers épisodes. Mais assez rapidement, les événements deviennent crédibles et consistants et j'ai terminé cette lecture avec beaucoup d'intérêt. D'ailleurs le final est amusant, très optimiste et plein de bonne humeur à l'image de Mabrouck Rachedi et de sa soeur Habiba Mahany.
Bonne lecture,
Habiba Mahany, Mabrouck Rachedi - La petite MalikaEditions JC Lattès, 236 pages, 1ère parution en 2010, quelques extraits ici.