Les Congés “Chagrin d’Amour”

Publié le 29 septembre 2010 par Lagrandedepression

Elle s’appelle Gabrielle, ses amies l’appellent Gaby. Elle a 37 ans et elle travaille dans une société de cosmétique de Fontenay-Sous-Bois. Ça faisait 9 ans qu’elle était avec Fabrice, mais celui – ci a eu d’autres projets. Notamment celui de s’installer en Thaïlande avec Marion, 26 ans, rencontrée sur un salon de E-marketing.

Gaby croit d’abord à une blague. Mais Fabrice ne blague pas quand il décide de passer une dernière fois la porte de l’appartement. Si quelqu’un avait dit un jour à Gaby qu’elle se retrouverai à genoux dans le couloir de son immeuble en train de supplier un mec, elle n’aurait pas pris cet appartement : le couloir résonne trop.

Bien évidemment, Fabrice a pris soin de quitter Gaby en plein milieu de semaine. Total, elle va pleurer jusqu’à 22h, appeler sa meilleure amie pendant 2 heures. Repleurer une fois seule dans le lit. Prendre un ¼ de lexomyl périmé. Et s’endormir vers 6h pour se réveiller à 7h30 pour aller à son boulot à 9h.

Gaby se regarde vite fait dans la glace avant de partir. Ses yeux sont rouges et gonflés. Elle se maquillera dans le RER, mais bien sur le RER est bondé. En passant le seuil de l’open space, elle doit traverser tous les bureaux, donner du bonjour, et entendre « mais Gaby t’as une mine affreuse qu’est ce qui t’arrive ? », « Gaby qu’est ce que tu es pâle ! »…

Gaby s’installe derrière son écran, ferme les yeux et souhaiterait au plus profond d’elle-même que les chagrins d’amour soient considérés comme une maladie,  pour qu’elle puisse se mettre en arrêt.

Ce que Gaby ne sait pas, c’est que si elle travaillait dans la société japonaise Hime&Co, basée à Tokyo, elle aurait droit 3 jours de congés. Et oui. Miki Hiradate, la PDG de la boîte a tout compris  : “Toutes les femmes n’ont pas forcément besoin de prendre leur congé maternité mais après une rupture sentimentale, chaque personne a besoin d’un congé, exactement comme en cas de maladie”. C’est ainsi que les salariées de moins de 24 ans ont droit à une journée, les 25-29 ans, deux jours, et les plus de trente ans, 3 journées par an. Miki Hiradate explique “Autour de la vingtaine, les jeunes femmes peuvent rapidement trouver un nouvel amoureux mais c’est plus compliqué pour les trentenaires, dont les ruptures sentimentales ont tendance à s’avérer plus difficiles”.

Quelle avancée sociale pour les déprimées post rupture ! Gaby pourrait se reposer, dormir, oublier. Oh certes, il ne faut pas trois jours pour se remettre d’une rupture. Mais on ne sait jamais, un miracle peut arriver, Jésus a bien mis 3 jours pour ressusciter, pourquoi pas Gaby, 37 ans.

Annie Philippe - J’ai tant de peine
http://www.lagrandedepression.com/mp3/peine.mp3

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