Ils vont bien finir par avoir ma peau ! A l’usure. Pas moyen de s’arrêter… Il me faudrait garder constamment un œil sur l’écran. A peine avais-je fini d’éreinter Eric Besson – «qui le vaut bien» ! - et aperçu un titre signa-lant qu’un débat – déjà controversé - sur l’islamisme devait être “délocalisé” : il devait se tenir initialement au siège de l’UMP, rue de La Boétie, à l’initiative de deux mouvements (Droite Libre et Riposte Laïque qui n’ont rien à envier au FN)… Pauvre France ! Je vous engage à lire l’article de Samuel Laurent sur Le Monde du 28 sept 2010 L’UMP annule un débat sur l’immigration dans ses locaux. Edifiant !
Affaire Bettencourt : MAM refuse d’intervenir (TFI, 28 sept 2010). Bien évidemment, c’est le contraire qui m’eût étonnée comme je l’écrivais dans un article très récent L’Affaire Bettencourt-Woërth & le match Courroye-Nadal… premier set : encore une «balle faute» de Courroye ! Maintenant, c’est l’arbitre qui refuse de sanctionner une “faute de pied” : «Jeu, set, et match» avant même qu’il soit joué ?
«Ite, missa est»… Je n’ai pu m’empêcher de penser à Ponce-Pilate en lisant l’article : elle s’en lave les mains ! Ou bien plutôt fait semblant… de respecter l’indépendance du parquet. Nous ne sommes pas forcés de la croire et c’en est même trop rigolo. Un vrai festival d’hypocrisie. Ça ne la gênait nullement d’obéir à Sarko quand il s’agissait de faire appel de la relaxe de Dominique de Villepin, hein ? Maintenant, il lui prend des vapeurs de vierge effarouchée et cela vaut son pesant de cacahuètes.
«Le parquet peut faire le choix d’ouvrir une information judiciaire s’il le juge nécessaire, tout comme il a la possibilité de continuer à enquêter lui-même. Ce choix lui appartient et il ne saurait être dicté par une quelconque position politicienne»… Merci MAM de nous prendre pour de parfaits cons ! Mais si ce que vous dites ne relève pas précisément de la «politique politicienne» selon l’expression consacrée, je veux bien bouffer mon chapeau et la plume avec !
C’est exactement cela et même pire : enrôler le parquet pour essayer d’arrêter le bras de la justice afin d’éviter que toute la lumière puisse être faite sur ce qui est devenu une «affaire d’Etat» - une de plus ou de moins en Sarkozie… direz-vous ! Madame la Garde des sceaux, vous n’en sortirez pas grandie, il s’en faudra de beaucoup. Jusqu’à 2007 et quoique nous ne fussions pas du même bord politique, j’avais de vous l’image d’une femme politique digne et intègre, incarnant une certaine rigueur. Je ne vous ferais pas l’injure de penser que vous ne l’êtes restée dans votre vie mais au gouvernement, ça ne le fait plus !
Depuis que vous avez rallié Nicolas Sarkozy, vous n’avez cessé de déchoir, que ce fût à l’Intérieur – souvenez-vous de Tarnac ! – ou à la Justice, en adoptant sans aucun recul critique toutes ses lubies “border line”, acceptant d’être «l’ombre de son ombre». On peut servir sans être larbin. Les valets et servantes de Molière nous en donnent l’exemple. Seulement voilà : l’ambition et le goût du pouvoir pervertissent tout.
Je poursuis mes investigations dans les déclarations de MAM… «Je ne vois pas ce qui en l’état justifierait l’intervention de quiconque dans la procédure. Je respecte moi – je souligne – l’indépendance de la justice et j’ai trop de considération pour les magistrats – tu parles ! – pour m’immiscer en quoi que ce soit dans les choses». Elles reproche aux députés de gauche de «ne rêver que de désigner (eux)-mêmes des juges, voire de condamner avant tout enquête».
Putain ! la mauvaise foi… Effectivement, elle ne risque pas d’y voir goutte : Nicolas Sarkozy a bandé ses yeux ! La justice aveugle. Le cours normal d’une affaire judiciaire – surtout de cette importance – implique de la confier à un juge d’instruction. En principe, le rôle du procureur se limite le cas échéant à “une enquête préalable”, nécessairement de courte durée et destinée à apprécier si les faits méritent de faire l’objet d’une instruction en vue d’un éventuel procès.
Or, la gestion de ces affaires par le procureur de Nanterre Philippe Courroye et son refus de saisir un juge d’instruction, augure à l’envi ce que serait la justice si par malheur Nicolas Sarkozy parvenait à faire voter la suppression du juge d’instruction. Les puissants s’en sortiraient la plupart du temps à bon compte. «Selon que vous serez puissant ou misérable, le jugements de cour vous feront blanc ou noir».
Il ne s’agit pas de «l’intervention de quiconque dans la procédure» mais d’un juge d’instruction et contrairement à ce qu’elle affirme stupidement, les députés de gauche ne rêvent nullement de désigner les juges : c’est précisément le rôle du procureur ! Quant à la présomption d’innocence, on lui rappellera le peu de cas qu’en fait Nicolas Sarkozy qui ne rate jamais aucune occasion d’en fouler le principe aux pieds quand cela l’arrange…
Le syndicat de la magistrature (SM) classé à gauche, a critiqué sévèrement dans un communiqué (28 sept 2010) l’obstination de Philippe Courroye dans sa volonté de ne pas saisir un juge d’instruction : «La poursuite d’une enquête opaque, parfaitement contrôlée par le pouvoir, sans juge indépendant, sans partie civile, sans avocats, sans droits de la défense et sans réels moyens d’investigation, dont seuls les plus hauts représentants du pouvoir exécutif connaissent les développements, au jour le jour et si nécessaire heure par heure»…
Bref, une justice entièrement aux ordres plus proche de la “justice retenue” (par le roi) de l’Ancien Régime que du pouvoir judiciaire indépendant tel que mis en place par la Révolution française en vertu de la séparation des pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Montesquieu aurait bien de quoi se retourner dans sa tombe et vouer Nicolas Sarkozy aux gémonies !
Puisque j’ai choisi de titrer cet article «La Passion» et donné le rôle de Ponce-Pilate à MAM, il faut forcément un Christ. Naturellement, Eric Woerth qui nous la joue perpétuelle victime, se verrait bien dans cet emploi, la couronne d’épines sur le front. Que nenni ! Précisément parce que MAM le protège des mauvais juges d’instruction, il est obligatoirement destiné à être Barrabas, le bandit que la foule demanda d’épargner à la place de Jésus. La claque UMP remplaçant ici la populace chauffée à blanc.
Qui vais-je faire mettre en croix ? Je pense avoir trouvé le bouc émissaire parfait. L’idée m’en est venue en voyant un titre du Monde (28 sept 2010) David Sénat placé en garde à vue. Je pensais alors qu’il s’agissait des “fuites” sur l’Affaire Bettencourt-Woerth qui l’avaient envoyé casser des cailloux à Cayenne… Dès ce moment-là, son nom me disait bien quelque chose mais j’avais cherché au mauvais endroit dans mes fichiers, persuadée que j’étais qu’il était impliqué dans l’affaire Woërth.
Mais c’est bien sûr ! Il s’agit de l’affaire «Visionex»… Je n’avais pas eu le temps d’écrire un article sinon au brouillon, trop de choses en même temps. J’étais tombée sur un fort intéressant article du Canard Enchaîné mettant en cause Fabien Chalandon – consultant de la société Visionnex, 10.000 euros par mois - mais aussi son père – 90 ans aux fraises et semble-t-il toujours gaillard pour les questions d’argent (il faudrait remonter à l’affaire dite des «avions renifleurs» quand il fut PDG d’Elf-Aquitaine (devenue Total) alors entreprise publique, entre 1977 et 1983 – lesquels auraient fait pression sur les services de Michèle Alliot-Marie dans une ténébreuse affaire de machines à sou illégales quand elle était ministre de l’Intérieur.
Faisant des recherches pour en savoir plus, j’étais tombée sur une véritable mine d’or : le Parisien en avait tiré une série d’articles particulièrement gratinés et documentés sur cette arnaque aux prétendus jeux vidéo par des bornes internet qui n’étaient en fait que des “bandits manchots” placés par des prospecteurs bien rémunérés (ils devaient acheter les machines) dans les débits de boisson : ces machines à sous (totalement illégales) n’enrichissant que la société Visionex – et les bistrotiers peu scrupuleux – mais tondant proprement les pauvres imbéciles appâtés par des gains fort illusoires comparés aux mises et «qui peuvent perdre gros» !
L’on ne dira jamais assez combien la crise pousse ceux qui ont le moins d’argent à chercher stupidement «à se refaire» en jouant à divers jeux de hasard ou en misant sur les paris sportifs, courses hippiques comprises. Sans oublier les machines à sou des casinos. A l’exemple des mamies américaines de Miami, ce qui est peut-être un peu moins vrai depuis qu’elles se sont faites proprement plumer par l’escroc Madoff. Je suis notamment stupéfaite et atterrée de voir l’actuelle vogue du poker. Le démon du jeu est un phénomène addictif aussi grave que les drogues, l’alcool ou la «fièvre acheteuse».
Or, si Michèle Alliot-Marie est personnellement mise en cause notamment du fait d’une lettre écrite alors qu’elle était ministre de l’Intérieur et adressée à Rachida Dati (Garde des Sceaux à l’époque) où elle plaidait la cause de la société Visionex qui n’aurait rien fait d’illégal, le nom de David Sénat n’apparaît dans aucun des articles du Parisien non plus que celui de l’Express.
Il n’y avait que Philippe Bilger à le citer dans Marianne2 - dont il est blogueur associé - dans un article du 23 juillet 2010 Pérol, Drucker, le fils Chalendon… la France des privilèges où il faisait une petite revue «des passe-droits rendus publics qui se multiplient sur la scène publique» et encore, était-elle loin d’être exhaustive ! Concernant Fabien Chalandon, il parlait de David Sénat qui «au cabinet du garde des Sceaux est impliqué dans le traitement d’un dossier mettant en cause notamment le fils d’Albin Chalandon et la société Visionex pour jeux illégaux»… ajoutant «Je parie que ce conseiller sera laissé tranquille»…
Cela eût été certainement vrai si David Sénat n’avait été soupçonné par l’Elysée et ses “cabinets noirs” d’être la taupe qui aurait transmis des renseignements et autres éléments de l’enquête à la presse et notamment au Monde, illégalement espionné par les services secrets français au mépris des dispositions législatives sur le secret des sources des journalistes. Il devenait donc urgent de le mettre en garde à vue – dans les locaux de la brigade de répression du grand banditisme – en vue de l’interroger sur l’affaire Visionex et – pour faire coup double - profiter de la perquisition à son domicile pour chercher des éléments susceptibles de l’incriminer dans les renseignements fournis à la presse sur l’Affaire Bettencourt-Woerth. Opération diversion ?
Je lis sur Le Point (28 septembre 2010) Documents saisis chez David Sénat, ex-conseiller d’Alliot-Marie que selon une source judiciaire – un communiqué du Parquet de Paris - si les policiers n’ont pas trouvé – certainement à leur grand dépit ! – le procès verbal de l’interrogatoire de Xavier de Maistre dans l’affaire Bettencourt-Woërth que David Sénat est soupçonné d’avoir transmis au Monde, ils ont en revanche saisi des «documents de travail et d’analyse juridique» relatifs à l’enquête ouverte par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye,
Il m’est arrivé moi-même quand je fus infirmière dans une usine et que des urgences médicales importantes m’avaient empêchée de faire du travail administratif et ne voulant pas accumuler du retard d’amener des fichiers (non médicaux) à la maison. Pure conscience professionnelle et souci surtout de ne pas retarder les remboursements de sécurité sociale et de mutuelle. Ma chef du personnel en était bien entendu informée et personne n’aurait jamais pensé à me chercher des crosses à ce sujet. A la clinique, il m’eût été difficile de ramener les malades à la maison
et perso, après 8 ou 12 h de travail, je n’en avais nulle envie !N’ayant d’autre source que la presse, laquelle est muette à ce sujet, je ne saurais dire quelles sont les charges qui pèsent sur David Sénat dans l’affaire Visionex. A-t-il agi en sous-main, sans l’aval de Michèle Alliot-Marie par copinage avec Fabrice Chalandon ? Serait-ce lui qui l’aurait averti de l’imminence d’une perquisition ? (à lire sur Le Parisien : je donne les liens des articles à la fin de l’article). Mystère et boule de gomme. En revanche je suis quasi certaine que l’UMP – Elysée, gouvernement, etc. – chargera la bête au maximum… Le vent du boulet leur chatouillant trop les oreilles.
Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec l’affaire Bettencourt-Woerth et à cet égard, je suis persuadée que Sébastien Proto, directeur de cabinet d’Eric Woerth ne risque pas pareil “traitement de faveur” tant qu’une véritable instruction judiciaire ne sera pas menée par un juge indépendant et curieux.
Lors même, je n’y reviens que pour mémoire ayant déjà traité le sujet le 1er août 2010 Taïaut ! Taïaut ! La chasse au Woerth reste ouverte… qu’il a été démontré qu’il entretenait des liens amicaux avec Antoine Arnault dont le beau-père n’est autre que Patrice de Maistre… et que de surcroît, alors qu’il travaillait avec Eric Woërth à Bercy (il l’a suivi au ministère du Travail) il a préparé le texte autorisant les jeux et paris en ligne, ce qui ne pouvait que favoriser Antoine Arnault qui a des intérêts dans ce secteur…
Vous avez dit «conflit d’intérêts» ? L’affaire Bettencourt-Woërth en est une vraie pépinière
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SOURCES
Le Parisien
Visionex : Fabien Chalandon mis en examen et incarcéré
Jeux clandestins : Fabien Chalandon avait été alerté de son arrestation
« Les services de l’Etat sont manipulés »
Une arnaque en quatre questions
Les bornes Internet cachaient des machines à sous
La Chancellerie dément tout immixtion de Michèle Alliot-Marie dans une enquête
Le courrier qui embarrasse la ministre de la Justice
Enquête sur des nouveaux jeux d’argent clandestins
«C’est un bouffe-fric, cette machine !»
L’Express
Le fils de l’ex-garde des Sceaux Albin Chalandon mis en examen