Si Junior est le plus gros succès commercial du duo, cela ne signifie pas pour autant qu’il soit le meilleur. Pour ma part, Junior est des (désormais) quatre albums le plus évanescent, même si le plus empli de vie. Quant à Senior, s’il fallait le rapprocher d’un des trois premiers, il serait à placer à côté de Melody A.M. sans l’ombre d’un doute. Il s’en rapproche, mais sans lui ressembler.
Petite ouverture en moins de deux minutes avec le très bien nommé « …And the forest began to sing. » L’ambiance est posée, mais on le savait déjà, senior va ressembler à une sorte de Junior version instrumentale.
De ce dernier subsiste effectivement le seul « Tricky Tricky »… très simplement rebaptisé « Tricky Two » dans sa version ici dépourvue de voix. Version remaniée, évidemment, et qui redonne beaucoup de fraîcheur à la version Junior. Je la préfère, sans l’ombre d’un doute. Bien heureusement placé au début, comme pour davantage insisté sur le lien Junior/Senior, c’est bel et bien la suite de l’album qui va véritablement intéressée.
Troisième piste et début des nouveautés (excepté l’intro): « The alcoholic » est très très frais, vraiment sympa. Senior living apaise un peu l’ambiance, que je m’attendais à retrouver en fil conducteur tout au long du disque. Comme le laissait suggérer la pochette très sombre. C’est un erreur. Et sûrement une vraie preuve de maturité que de jouer entre les contrastes. En plus de l’opposition entre les deux derniers albums (par l’absence de chant), il y a une autre opposition plus estompée dans ce dernier : ce disque n’est pas la nuit de Junior, mais son crépuscule. On sait que la nuit arrive, mais le jour lutte encore. Tel est le cas ici. L’on entend même, au loin, des chœurs…
« The drug » reprend le chemin, dans cette semi-clarté. Ce titre possède quelques airs de Melody A.M., sans pour autant vouloir nous le faire regretter. « Forsaken cowboy » pourrait par contre, et sans le moindre problème, figurer sur le premier Röyksopp.
« The fear » contient également des sonorités proche de ces deux derniers, mais s’envole vers The Understanding.
« Coming home » est assurément le plus titre du disque, très proche de ce que fait Air. « A long, long way » est spatial, et très différent de tout ce qu’a pu faire Röyksopp jusqu’à ce jour. Une très belle fin d’album, dans laquelle on ne reconnaît pas une seule seconde l’emprunte des Norvégiens. Simple mais splendide.
En bonus, pour parfaire la conclusion de ce très plaisant Senior, un morceau caché poursuit la route vers l’inconnu : Röyksopp nous étonnent à pouvoir être comparés à des artistes tels Boards Of Canada ou Aphex Twin. Assurément un morceau hors album, d’une résonance effroyable. Épatent.
Ici arrivés, disons les choses telles qu’elles sont : Röyksopp est un très bon groupe, même s’ils n’ont pas révolutionné la musique, mais ce n’est pas ce qu’ils cherchent. Encore une belle production des Norvégiens. Ne les oublions pas, ce serait une trop belle perte.