Ah, Rascal ! Sans doute un de mes auteurs jeunesse préférés. Original, d’une grande sensibilité. Et surtout un écrivain au style remarquable. Si vous en doutez, jetez-vous sur Le phare des sirènes, l’écriture y est juste sublime. En ce début d’automne, Rascal nous offre sa dernière livraison, un petit album plein de lettres adressées au Père Noël, à Papa, Pépé, Tonton, Pierre et bien d’autres. Point commun entre toutes ces missives : elles sont écrites par des enfants. Au niveau du contenu, elles sont toutes très différentes. Certaines sont pleines d’humour, d’autres débordent de tendresse alors qu’une ou deux pourraient vous tirer des larmes.
La mise en page de l’album est simplissime : sur la page de gauche, le texte de la lettre. Sur celle de droite, le dessin d’une boîte aux lettres. Pas de chichi, rien qui en jette. Les mots et les illustrations très sobres se suffisent à eux-mêmes.
A l’heure où les échanges numériques ont définitivement pris le dessus sur le courrier papier, où l’écriture SMS va bientôt remplacer la grammaire française, ces lettres d’enfants rédigées on ne peut plus classiquement dégagent un charme irrésistible. Deux regrets toutefois, mais vraiment minimes :
1) peut-être qu’une police de caractère moins classique (genre manuscrite) aurait-été plus appropriée.
2) pourquoi n’y-a-t-il que 12 lettres ? Il en aurait fallu 24, 48 voire 96 ! L’album se lit en dix minutes à peine et on en redemande.
Quoi qu’il en soit, cet album est une superbe réussite qui ravira petits et grands. Depuis le succès du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, l’épistolaire revient à la mode. Je t’écris est une bonne occasion de faire découvrir aux plus jeunes ce genre si particulier qui ne ressemble à aucun autre.
Je t’écris, de Rascal, éditions Des ronds dans l’O, 2010. 36 pages. 16,50 euros. A partir de 7 ans.
L’info en plus : Pour les plus grands (9-12 ans), Elisabeth Brami a publié un superbe roman épistolaire en 2008. Chère Mme ma grand-mère raconte l’histoire d’Olivia, douze ans et demi, qui vit seule avec sa mère et cherche à en savoir plus sur son père. Elle décide d’écrire à Mme Barrois, sa grand-mère, dont elle a retrouvé le nom dans les affaires de sa mère. Commence alors une émouvante correspondance entre une jeune fille persévérante et une vieille femme que le chagrin a rendue amère.