Le groupe fait la navette entre les entrevues ces-jours-ci, depuis qu’ils ont mis la main sur le prestigieux prix Polaris. Alors que notre photographe se préparait pour les portraits, Martin et François venaient me rejoindre pour jaser. Et puis, le prix Polaris?
On a eu des offres pour les États-Unis, l’ouest Canadien, des appels d’Europe et des gens qui suivent les développements. C’est un prix qui représente la musique un peu plus à gauche, c’est assez regardé.C’est en préparant l’entrevue que je suis tombé sur le mini-scandale qui m’avait échappé. Mes salutations au journaliste Brad Wheeler. Ce rédacteur du Globe and Mail clamait dans son article que trop de Québécois francophones se trouvaient peut-être sur le jury du prix Polaris, menant Karkwa à la victoire la semaine dernière. Si Audiogram recommandait à son groupe de ne pas parler de ce triste épisode journalistique, les deux musiciens avaient un court message pour l’homme:
Je trouve ça fucké que ce journaliste puisse se compromettre pour dire quelque chose comme ça, mais on s’en fout pas mal.Pas de politique de clocher pour Karkwa (même si pendant le shoot photo ça discutait ferme du FLQ et du «superbe dossier monté dans l’Actualité»). Et voilà que le batteur Stéphane Bergeron venait nous rejoindre au moment où nous nous sommes mis à jaser de la pertinence du mot “émergent” dans le milieu de la musique québécoise:
On va voir dans les prochaines années, c’est sûr que la loupe est encore beaucoup sur Montréal. Je pense que ça a plus rapport avec un courant musical [le terme émergent].
Émergent ou pas, Karkwa se retrouve exclu du prochain gala GAMIQ. Si je ne suis pas étonné de ce genre de décision, Stéphane semblait déçu:
J’aurais tendance à dire que le GAMIQ se trompe, mais on le prend pas de façon personnelle. Tu peux dire par exemple que Les chemins de verre c’est trop pop pour être au GAMIQ, mais de dire que parce que Karkwa a joué dans des radios commerciales le groupe doit être mis de côté… C’est la raison que je ne trouve pas bonne. C’est une raison plus ou moins politique, mais c’est pas une raison artistique.François ajoute:
Moi ce qui n’énerve le plus, c’est quand le monde essaye de classer les groupes et les artistes dans des boîtes bien précises.À cheval entre leur succès commercial et la scène indépendante qui les a vus grandir, Karkwa est un groupe qui fait de la bonne musique, sans se poser de questions ou se demander quelle statuette se retrouvera sur le dessus du foyer. Question de changer l’atmosphère négative de ces sujets, François affirme que les récompenses sont dispersées un peu partout:
Y’en a partout! Chez nos parents, chez notre gérant, chez Stéphane. C’est futile, mais il faut bien les mettre quelque part.Pour les besoins de la séance photo, Evelyne (la rédactrice en chef) avait apporté des trophées cheap qui datent clairement d’hier, et qui n’ont finalement pas servi. Issus d’une saison glorieuse dans le Bantam B ou récompensant l‘esprit sportif d‘une saison difficile au soccer, ce sac rempli de victoires intriguait les gars de Karkwa. On a foncé droit sur le sujet sportif, de quoi rendre jaloux Les Dales Hawerchuk: le retour des Nordiques, oui ou non? Stéphane dit:
Moi je viens de Québec, c’est sur que je vais aller voir ça!François en rajoute:
Ça va s’appeler les Ours polaires de Québec! Ou les Nordiks, avec un K!
Pour tout vous dire, je rencontrais Karkwa ce matin-là avec un certain malaise. En une semaine, ils ont effectué plus d’entrevues que dans les trois derniers mois. Qu’est que tu peux bien demander à un groupe qui semble juste content d’être là. Cherchez pas trop loin avec Karkwa, ils font de la musique pis de la bonne en plus, n’en déplaise à Brad…
Grande rentrée montréalaise de Karkwa dans le cadre de Pop Montréal, au Métropolis le jeudi 30 septembre avec Leif Volleibekk. Portes à 19h, première partie à 19h30.
Article de NOMAG le 28.SEPT.2010 par Tommy Loyer / photos Raphaël Ouellet / un gros merci à la styliste Catherine Perron