En Algérie, au moment de la vague d'attentats que ce pays a subi pendant les années 90, un monastère perché sur les hauteurs de Tibhirine.
Les moines vivent en harmonie avec les musulmans du village, ils vendent leur miel au souk et donnent des soins au blessés. Mais au moment de l'assinat d'ouvriers croates non loin du monastère, la question de s'en aller se pose ...
Grand prix du Jury à Cannes cette année ... on aura fait du rambal quand à la qualité soporifique de cette édition du festival, mais il faut avouer que Tim Burton a récompensé des films de qualité (J'irai très bientôt voir le palmé Oncle Boonmee).
Ce film, réalisé par Xavier Beauvois (Le Petit Lieutenant), a été porté au ciel et a été un palmé très probable avant de se faire damer le pion par l'ami Apichatpong Weerashetakul.
Il s'en sort donc avec le second prix, comme Un Prophète l'an passé, qui avait la même estimation que ce film avant de se faire damer le pion par Haneke (Pour un de ses films les moins forts, finalement ...).
Ce film est une chronique des moines de Tibhirine, ces moines qui se sont fait pour bon nombre massacrer par des terroristes. Mais Beauvois évite de montrer les faits même (Vous ne verrez pas l'exécution), s'attardant plutôt sur la vie de ses hommes de foi tiraillés entre la sécurité qui serait de partir ou bien de rester faire leur devoir ...
on est face à 8 hommes qui ont donné leur vie pour le foi, et qui risquent d'en mourir. Cherchent-ils le martyre? Par forcément. En tout cas, ils seront martyres au sens éthymologique du terme (témoin en grec). Ils seront les témoins des évenements.
Le film est très posé, presque dépouillé, à l'image des hommes qu'il présente. C'est une vision simple de gens simples, qui font leur chemin.
Mais ce style de filmage très dépouillé cache une force émotionnelle inouïe. Beaucoup de scènes sont absolument incroyables d'humanité et d'émotion (Notamment le dernier repas des moines, dont la représentation quasi-cénique est évidente, ou encore la réflexion (Improvisée) du frère Luc (Michael Lonsdale, magnifique) sur l'amour).
Beauvois fait une chronique fascinante de ces hommes qui vivent selon un principe de simplicité et de fraternité, et même les non-croyants (Ce n'est pas un film spécialement catholique) peuvent être touchés par leur histoire.
Les 8 acteurs principaux font preuve d'un talent indubitable. Lambert Wilson trouve un rôle à son envergure, droit mais sincère. Michael Lonsdale est absolument touchant.
Olivier Rabourdin est incroyable ... bref, la distribution masculine est absolument géniale et aurait peut-être mérité un prix d'interprétation collectif ... j'ai déjà souligné la réalisation sobre de Xavier Beauvois, et l'image de Caroline Champetier est également fabuleuse.
Un film humain et touchant, sur le destin de huit hommes témoins d'un moment de trouble dans l'histoire d'un pays.
17/20