Une proportion grandissante d'experts affirme que le pic pétrolier (peak oil) devrait se produire lors des deux décennies à venir. A partir de ce pic, le prix du pétrole devrait grimper rapidement au-delà de 200 dollars le baril (et peut-être plus : 300 voir 400 dollars).
Quelles seront les conséquences concrètes de cette augmentation durable des prix du pétrole? Comment pouvons-nous y répondre, et nous préparer à l'avance à cette riposte? Nous envisageons dans cet article les solutions immédiatement disponibles sans investissement dans les mois qui vont suivre cette augmentation pérenne des prix. Comment, dans les entreprises et dans les ménages, réorganiser les déplacements des personnes dans un contexte de gonflement des coûts des mobilités?
Tout d'abord, il est certain que ce surcoût va entraîner un transfert vers des moyens de transport alternatifs non soumis aux hydrocarbures : marche à pied, vélo, transports en commun, co-voiturage.
Mais ce transfert n'est pas toujours possible particulièrement pour les travailleurs se déplaçant beaucoup ou en sur de longues distance quand, ce qui est fréquent, les transports collectifs ne sont pas efficients.
Comment alors réorganiser les transports de ces personnes?
D'abord, pour les ménages ayant choisi de s'installer dans des communes péri-urbaines éloignées des centres-villes, les migrations pendulaires vont devenir rapidement impossibles. C'est là que les maires de ces communes, ou les syndicats mixtes intercommunales, vont avoir un rôle actif à mener pour créer rapidement des transports en autocars efficaces permettant de soulager ces ménages, souvent déjà fortement endettés, affaiblis par le surcoût de leur budget transport.
Ensuite, ce surcoût va entraîner, pour les entreprises et les structures publiques, une réorganisation des déplacements de leurs collaborateurs. C'est la fin des réunions multiples, pour tout ou rien, qui augmentaient à la fois les frais de déplacements et la fatigue des cadres.
Exemple: une grande administration française multipliait les réunions de ses cadres dans tous les établissements du territoire administré, au gré des dossiers et des différents chefs de service. Le "peak oil" lui a fait revoir ses démarches. Désormais, les cadres d'une entité se réunissent pour un séminaire en début d'année. Puis, la presque totalité des réunions et des formations se passent en visio-conférence ou par l'intermédiaire de plate-formes collaboratives multi-médias permettant des échanges oraux collectifs et des transferts en lignes de documents en temps réels. Les inspecteurs et contrôleurs planifient leur tournée de manière à diminuer les transports en regroupant les visites sur des sites proches.
Enfin, les entreprises vont voir gonfler le coût des livraisons de marchandises de toute sorte. Seules, les entreprises de transport, ayant optimisé au maximum les circuits de livraison, limiteront les frais de déplacements de leurs livreurs. On verra alors les livreurs généralistes, livrant toutes sortes de produits, en privilégiant le remplissage de leurs véhicules en fonction du circuit suivi, supplanter les livreurs spécialisés travaillant sur des niches particulières. Cette stratégie généraliste s'appuiera aussi sur des points de livraison fixes où les acheteurs (entreprises ou particuliers), domiciliés à proximité, viendront chercher leur commande.
On le voit, la réorganisation des transports et des mobilités nécessite d'abord un point de vue différent sur la question. Il faut sortir de l'acception courante qui veut que le coût des mobilités soit une variable marginale dans la prise de décision des différents acteurs. Mais cette redéfinition des modalités de transport n'empêchera pas des évolutions dans les modes et les infrastructures de transport. Cela sera l'objet du prochain article.
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