Métamorphoses
Le garçon se change en un blanc buisson;
le buisson, en pâtre en train de dormir;
ses cheveux si fins, en cordes de lyre ;
et la neige, en neige sur son front blond.
Les mots se changent en questions ;
sagesse et gloire en rudes rides ;
à reculons corde de lyre
se change en fin cheveu; et le garçon
en poète, le poète en buisson,
sous lequel il dormait au temps où
il aimait la beauté d’amour fou.
Quiconque de beauté se toque
sans fin l’aime sa vie durant,
la poursuit toute son époque —
la beauté a des pieds charmants
qu’elle chausse de fines socques.
Le fier carrousel des métamorphoses
change le poète en amant maudit,
car il suffira d’une courte pause :
le voici changé en eau d’alambic,
dont l’alchimiste fait vapeur chimique,
et qu’après, tout au fond il précipite.
(Jaroslav Seifert)