Avant lui c'était un(e) chanteur(euse), un micro et un public. Après lui, on mélangeait musique, théâtre, lumière et poésie. Il a aussi inventé l'idée du leitmotiv musical.
Sur une période de près de 30 ans, Wagner a cuisiné une gigantesque allégorie philosphique sur la société, la politique, l'économie, la psychologie et le pouvoir. Der Ring Des Nibelungen, inspiré d'un poème germanique du moyen âge, compte plus de 8000 lignes de poésie et met en scène 30 personnages. Ce que l'on appelle souvent "sa grande tétralogie" est en réalité un prologue suivi d'une trilogie. La durée de la musique et du spectacle totalise 14 heures. L'orchestration originale de cette oeuvre exigeait un nombre impressionant d'instruments. Si impressionnant encore aujourd'hui que plusieurs adaptation, par souci/contrainte du budget ou par choix artistique n'égale jamais la production originale de 1874.
Pour la création du premier opéra, La Walkyrie, il faut rajouter un trombone grave, un glockenspiel, un tambour ténor et une grosse caisse.
De 1951 à 1958, Hebert Von Karajan pour le prologue, Clemens Krauss pour le premier volet, Joseph Keilberth pour le second et Hans Knappertsbusch pour le dernier volet sont les chefs. Tous sous la direction mise-en-scène du petit fils de Wagner au festival de Bavière que Wagner avait créé en 1876.
En 1973, Herbert Von Karajan, triomphe à Salzbourg avec sa direction de l'ensemble de l'oeuvre.
De 1983 à 1986, Georg Solti et Peter Schneider signent la direction musicale. Peter Hall la mise-en-scène. Comme afin d'exorciser le malaise de la mise-en-scène précédente, Hall met l'accent sur la mythologie et présente sa vision au même festival en Bavière que la présentation deux ans auparavant. Y allant d'une approche quand même moderne, les critiques sont presque toutes négatives.
Entre 1988 et 2008 c'est James Levine qui dirige la musique et Otto Schenk la mise-en-scène au Metropolitan Opera de New York. La production est très traditionelle et respecte les notes de Wagner sans orthodoxie. C'est même tellement rigide dans la mise-en-scène qu'on la qualifie de "figée" (lire plate).
Entre 1988 et 1992, Daniel Barenboïm propose sa vision musicale en Bavière.
Entre 2003 et 2006 le très moderne Bob Wilson signe la mise-en-scène à Zurich et à Paris.
Entre 2004 et 2007, Robert Carsen est responsable de la mise-en-scène à l'Opéra de la Cologne.
Entre 2006 et 2008, l'Opéra de Flandres et la mise en scène par Ivo Van hove adopte un parti pris résolument moderne où l'or est une super-puce électronique et l'épée brisée une bombe désamorcée.
Depuis lundi et jusqu'en 2013, Robert Lepage signe la mise-en-scène et James Levine reprend du collier comme chef au Metropolitan Opera de New York.
Comme d'habitude, plusieurs ont hué, mais à quoi s'attendre d'autres quand le modernisme pointe son nez dans la grange de l'ancien?
45 tonnes de technologie ça peut venir en conflit avec 134 ans d'ancienneté.
La critique, elle, a choisi son bord.