Anthologie permanente : Huguette Champroux

Par Florence Trocmé

Lors de la lecture donnée à l’occasion du soixantième anniversaire et du deux centième numéro de la revue Action Poétique, à la BNF, à Paris, Isabelle Garron a choisi de lire un texte d’Huguette Champroux, auteur dont on peut dire qu’elle a été en partie redécouverte par Action Poétique qui lui a consacré un dossier dans son n° 183, de mars 2006. 
 
 


Splendeur 
 
je prends la lumière 
je vis (la) 
je respire vite – haut du thorax 
je mets quinze jours souvent à entendre que je vois 
 
je jette dans une fontaine 
je jette pas 
puis dans la seconde en pleine lumière – du soir 
c’est fait 
j’ai jeté – un peu ici dedans cela – chanté 
  sauf encore 
avec mes bras – tendue 
 
je ne compte plus les platanes – je les ai comptés 
Beckett demande avant de mourir ce qu’écrit Peter Handke 
 
Barbara S. m’écrit  3 feuillets mauves – elle a prié 
pour moi. Je respire vite 
 
« Non ce n’est pas l’alouette c’est le chant du rossignol » 
Barbara écrit sur l’enveloppe « lettre ». Puis au dos son domicile 
3 rue C. – chez mon fils.  
 
je perds l’éloquence et la rhétorique à la fois. Tu vois, 
je n’ai plus de voix. Tu sais 
 
11 h 30 du 24 Août.  J’entends  D’abord j’ai 
fermé Pelléas mais voici donc le même  Rue des Allumettes 
  voie ferrée 
  le même passage 
Maintenant une bibliothèque. Ouvre à midi. 
Plus de fabrique. 
 
Perdre oui mais rien. 
 
  Racontait comme l’amour toi moi 14 h. 
histoire du don des larmes.   Quel Roi ? 
 
J’aime moins les méridiennes.   J’aime.  
 
Quand j’aurais respiré mangé la rhétorique vient. 
Pourquoi dans les Opéras tout le monde est en punition 
en péril. 
Je marche avant d’arriver là et retrouve l’air de Pamina. 
  « ma belle » oui  la grâce 
Et tout à plat entendre un train de marchandise 
il y a quelques années j’essayais d’écrire sans verbe.  
 
2e passage  12 h 30  vers Noémie 
 
 
Je m’endors 
Je m’absente 
 
Je m’estompe 
Je passe sous le figuier 
Je ramasse 
 
Certes 
la théorie est une fiction a dit Mallarmé a dit Alin 
A.  vous me dites.   Je te vois.  
 
Huguette Champroux, in Pascal Boulanger, une ″Action poétique″, de 1950 à aujourd’hui, L’anthologie, Flammarion, 1998, p. 539. Ce texte était paru dans la revue Action poétique n° 122.  
 
Huguette Champroux dans Poezibao :  
bio-bibliographie, extrait 1
 
 
 
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