Bien longtemps que l'établissement, dirigé depuis peu par Didier Caron, n'avait pas présenté autre chose qu'une comédie. Il nous propose en cette rentrée "Le Repas des Fauves", drame adapté du film de Christian Jaque (1964) et intelligemment mis en scène par Julien Sibre. Sans doute le meilleur spectacle proposé par ce théâtre depuis des années !
Rappelons l'histoire en quelques mots. Sous l'occupation allemande, un groupe d'amis fête l'anniversaire de l'un d'entre eux. Devant l'immeuble où se déroule cette petite réunion, deux officiers allemands sont abattus. En guise de représailles, la Gestapo décide de prendre deux otages par appartement, et dans sa "grande bonté", elle laissera aux fêtards la liberté de désigner eux- mêmes ceux qu'elle embarquera...
Le spectateur va donc assister à cette "délibération" durant laquelle ressortira tout ce qu'il y a de plus moche ou de plus bas chez l'être humain confronté au danger ou à la mort. Lâcheté, mensonge, règlements de comptes, coups bas, tout est permis visiblement lorsqu'il est question de sauver sa peau... Courage, Honneur, Dignité ou même Amitié sont des notions qui visiblement ne résistent pas longtemps. Qu'aurions-nous fait, d'ailleurs, en de pareilles circonstances ? Bien malin celui qui peut répondre sans douter, et c'est évidemment là tout l'intérêt de la pièce.
Subtilement écrit, ce huis-clos est impeccablement interprété par huit comédiens qui ont su dessiner leur personnage avec justesse et nuances, nous donnant à voir un échantillon réprésentatif de la population française de l'époque, du résistant à celui qui s'accommode de la situation afin de faire des affaires avec l'occupant, en passant par ceux qui subissent sans rien dire, en espérant des jours meilleurs.
Un travail de troupe à l'unisson, impeccablement orchestré par son metteur en scène, dans un joli décor, mêlant réel et virtuel, qui fait la part belle à un intéressant travail d'animation .
C'est fort, c'est juste, c'est prenant, c'est à voir. Vraiment !