« Paso Doble n°182 : Copé ou la dissuasion du Fou au Fort | Home
Par Toréador | septembre 29, 2010
De la pneumatologie à la pneumonie
Rue89 avait au départ mis le masque solitaire de Vendetta, puis l’a remplacé par une image plus légère d’un zorro souriant. L’article, lui, est resté le même : il porte sur la grandeur et la décadence d’un blogueur masqué, Jean-Claude Saleille, alias Gilbert B.
Le jour, Jean-Claude Saleille était magistrat en Chambre Régionale des Comptes, à Montpellier. Il procédait au contrôle de la gestion de la mairie de Pont-Saint-Esprit, dirigée par l’inamovible Gilbert Baumet. La nuit, il rédigeait des billets assassins sur la gestion de cette même mairie, dans un blog intitulé « le Journal de Gilbert B. ».
Las, la plaisanterie a tourné aigre, une plainte a été déposée et l’arroseur arrosé… Celui-ci risque une pneumonie mortelle…
Sous la robe, Robin
Contrairement à l’article complaisant de Rue89 et à mes billets précédents, je ne prendrai pas la défense de ce frère masqué. Il a en effet clairement violé le secret professionnel en utilisant des informations judiciaires pour rédiger des billets au vitriol à l’encontre de contrôlés qui méritaient que la Justice leur soit appliquée avec neutralité. Peut-être Gilbert B. n’est pas blanc-blanc, mais ce n’est pas une raison pour pervertir sa charge (et ainsi jeter l’opprobre sur le travail de ses collègues…) en jouant les Robin des Bois. Bref, ce qu’a fait Saleille est inexcusable.
Reste que sa chute fait réfléchir : l’internet est un formidable espace de liberté et l’on a mis l’outil sur un plateau sans l’entourer préventivement d’un minimum de règles de comportement. C’est donc le juge qui tranchera au fil des cas qui lui seront soumis, avec une liste de questions sans réponse : où débute et finit le devoir de réserve d’un fonctionnaire ? La fermeture d’un blog ou la condamnation financière d’un blogueur n’est-elle pas constitutive d’un frein à la liberté d’expression ? De quelle manière un journaliste peut-il vraiment séparer son activité professionnelle de son passe-temps de loisir ?
Et puis question qui tue : un juge qui tient un blog clandestinement ne vicierait-il pas la procédure s’il était amené à se pencher sur les questions d’anonymat ?
Ma seule crainte est que les excès du type Gilbert B. ne finissent par provoquer une législation restrictive qui m’obligera à déserter l’arène…pour ne pas me retrouver à la rue(89)…
Tags: anonymat, blog, Gilbert B., magistrat, Rue89Sujets: Banderille, Toréador critique littéraire et médiatique | No Comments »