Amnesty International parle d'"un recours à la torture cautionné par la justice".
C'est le constat dressé dans le troisième chapitre de son rapport "Sénégal, terre d'impunité", publié le 15 septembre 2010.
Salvatore Saguès, chercheur et coauteur du rapport, explique "L'originalité de ce document est de montrer que la torture est vraiment une méthode d'enquête routinière. La seule manière pour beaucoup de policiers ou de gendarmes d'obtenir des informations est d'extorquer des "aveux" sous la torture. Et à chaque fois qu'une personne jugée se plaint de torture, le parquet n'enquête pas et prend en compte les "aveux"".
Amnesty International cite entre autres le cas des neuf homosexuels présumés condamnés à huit ans de prison ferme le 6 janvier 2009.
On les a fait agenouiller et croiser les bras.
A un moment, ils étaient comme dans un cercle, avec les policiers à l'intérieur et deux autres à l'extérieur qui les ont battus pendant une ou deux heures, tantôt avec les matraques, tantôt avec les pieds. (...)
Si d'habitude les tortures s'achèvent quand les victimes ont "avoué", dans ce cas, en prison, ils ont encore été frappés, insultés, montrés comme des animaux de foire, que ce soit par des policiers ou d'autres détenus qui demandaient "Où sont les pédés, je veux les voir!"
Ce traitement est heureusement pas généralisé.
Il y a beaucoup d'homosexuels qui, quand ils parviennent à ne pas se faire remarquer, ne sont pas victimes de tortures.
Ce sont des vexations ou des discriminations qui ne sont pas le fait de la Police mais de la population.
Dans le cas des neuf homosexuels, leurs condamnations ont été annulées mais les auteurs de torture n'ont pas été poursuivis et les victimes n'ont pas reçu réparation.
La plainte doit suivre son cours. Mais pour le moment, Amnesty International n'a eu aucune réponse de la part des autorités sénégalaises.
Seigneur, protège nos frères gays de la barbarie.