Tourné à la manière d’un faux documentaire où le quatrième mur est brisé en permanence par des regards en coin à la caméra, la série Modern Family surprend par la justesse de son écriture et la fraicheur de ses personnages. On retrouve le papa de « Marié, Deux Enfants » qui a pris 20 ans, en patriarche débonnaire (Jay) d’une famille moderne multi culturelle. Les interactions entre les personnages ne sont jamais stéréotypées et l’humour provient plus des situations que des frictions.
Là où les immondes séries humoristiques familiales française (celle avec Roman Bohringer qui passe en été sur Canal… Bwaaaark!!!) « fonctionnent » avant tout sur les coups de gueule, les duperies, le stress et les humiliations. (Il faudra un jour m’expliquer un jour en quoi une mesquine scène de ménage est plus comique que sordide…) MF propose de vraies situations comiques: l’exploration du sous bassement de la maison par le père et le fils (qui a le plus peur du noir ?), un « Whodunnit » à la suite d’une fête d’anniversaire où tout peut arriver… ou encore, quand les parents veulent donner des leçons à leurs enfants et se prennent les pieds dans le tapis… Ainsi Phil (joué par l’extraordinaire Ty Burrell) est un père geek gauche cherchant à faire « ami ami » avec ses gosses, sans la moindre discipline donc, pour finalement se révéler bien plus immature qu’eux. Mais sa bonne volonté et son désir de mieux faire en font un personnage attachant qui va se prendre les pires râteaux sans jamais perdre la face devant la caméra !
Pour le coup je trouve que Wikipedia a plutôt fait une bonne fiche concernant cette série:
« Tournée sous forme de mockumentaire, Modern Family s’attache à nous montrer avec humour les différentes formes que peut prendre la famille de nos jours. On y suit les déboires des familles de Jay Pritchett, de sa fille Claire Dunphy, et de son fils Mitchell Pritchett. Alors que Claire est la mère au foyer d’une famille traditionnelle, Jay est à la tête d’une famille recomposée, marié à une femme bien plus jeune que lui, tandis que Mitchell et son petit ami forment une famille homoparentale, puisqu’ils viennent d’adopter un bébé. »
Pas mieux !
Ils continuent d’exceller dans la description des personnages que je m’en vais recopier et paraphraser.
Il y a donc trois groupes dans la même famille:
La famille Delgado-Pritchett
-Jay Pritchett : le patriarche de la famille et père de Claire et Mitchell. Il a récemment épousé Gloria. Pas très responsable et ayant partiellement loupé l’éducation de ses enfants, il essaie de se rattraper aujourd’hui. Et c’est à la manière de « My Name Is Earl » !!!
-Gloria Delgado-Pritchett : la (superbe nouvelle) femme de Jay depuis six mois, mère de Manny. D’origine colombienne, elle est toujours enjouée et essaie de toujours rester positive. Elle a la sale manie de tout ramener à son ancien mari. Très très belle, elle cache des talents insoupçonnés (les échecs!) et refuse qu’on critique sa manière de conduire (désastreuse…)
-Manny Delgado : le fils de Gloria, issu de son premier mariage. Pourtant très mûr pour son âge, il a du mal à se faire une place au sein de sa nouvelle famille. Ce personnage est le clône du petit scout dans « La-Haut »: rondouillard, débrouillard et toujours partant.
La famille Dunphy
- Claire Dunphy : la fille de Jay, et mère poule. C’est elle qui incarne l’autorité parentale à la maison. Elle est l’élément soit disant « équilibré » de la famille… Mais en grattant un tant soit peu le vernis on découvre des secrets inavouables.
- Phil Dunphy : le mari de Claire, qui se prend pour le père « cool », et essaie de faire ami-ami avec ses enfants en leur parlant maladroitement de ce qu’il croit être le langage des jeunes. Voici certainement le personnage le plus « nouveau » dans ce genre de série. L’acteur Ty Burrell est purement extra ordinaire !!!
- Haley Dunphy : leur fille aînée, qui commence à sortir avec des garçons, ce qui inquiète grandement ses parents. L’ado typique. Mignonne et mauvaise conductrice.
- Alex Dunphy : leur deuxième fille, une petite « intello » qui essaie tant bien que mal de s’affranchir de sa sœur. La version de « Mercredi » dans la famille Addams.
- Luke Dunphy : leur fils, très bruyant et qui a du mal à garder son pantalon. (excellent descriptif de Wikipedia!)
La famille Pritchett et Tucker
- Mitchell Pritchett : le fils gay de Jay, snob sur les bords, assez sérieux et voulant être discret avec les autres à propos de sa sexualité. Le comique de ce personnage faisant office de Clown Blanc dans le couple, se révèle à la longue.
- Cameron Tucker : le petit ami de Mitchell, très gourmand et à l’homosexualité très extériorisée aux clichés assumés. Autre personnage génial de la série. « Cam » est capable de surprendre par ses initiatives ! Ayant grandi à la campagne, il dépote bien dans sa version perso des Arpents Verts. Une fois encore les clichés sont bannis et il devient très copains avec Jay le patriarche « Alpha », colosse au cœur d’artichaut.
- Lily : la fille d’origine vietnamienne du couple, qui l’a récemment adoptée.
Chaque épisode à un thème précis: le rôle de père, la peur, le mensonge… Ils sont superbement construits (un début un milieu et une fin!). Tous les éléments se mettent lentement en place avant la catastrophe finale mais les méandres des préliminaires se parcourent avec délice.
Une fois encore, à la manière de The Big Bang Theory, voici une série que je trouve totalement addictive !
Modern Family est une vraie Sitcom, intelligente, sensible, drole, folle. La mise en scène est réalisée au millimètre: y’a pas une faute de grammaire cinématographique, c’est fluide, rythmé, léger et plaisant. Les silences et les non dits sont souvent les points d’orgue comiques. Et ça, depuis Buster Keaton, on sait que ça marche! C’est donc très très très fort et l’exploration des interactions familiales laisse supposer une équipe de scénaristes inspirés qui prennent vraiment beaucoup de plaisir à faire évoluer leurs personnages. Vivement la seconde saison !!!