Pitch : Dans une banlieue ouvrière de Boston, la petite Amanda a disparu. Après l'échec des recherches menées par la police, la tante et l'oncle de l'enfant décident de faire appel à des détectives privés du coin, Patrick Kenzie et Angie Gennaro.
Patrick et Angie connaissent bien le quartier, au point de savoir que Hélène, la mère d'Amanda, est une droguée. Plus ils enquêtent, plus ils découvrent l'envers de la ville dans ce qu'il a de plus sombre. Ils s'enfoncent au-delà des mensonges et des faux-semblants, vers les secrets les plus noirs de la ville, là où règnent les dealers, les criminels et les pédophiles. Cela ne les aide pourtant pas dans leur enquête et Amanda reste introuvable.
Face à la pression médiatique, Remy Bressant, un enquêteur qui ne lâche jamais, et le capitaine de police Jack Doyle vont aussi s'attaquer à l'enquête. La vérité finira par surgir, mais elle aura un prix. Chaque ville a ses secrets, chaque humain sa conscience...
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On l’attendait au tournant… il en résulte au final une réussite exemplaire dans le genre. Gone Baby Gone se suit avec passion, émotion et interrogation au même titre que ce que ressentent les deux héros enquêteurs (Kenzie et Gennaro).
S’ouvrant sur une chronique sociale déroutante, le film s’enfonce peu à peu dans les sombres arcanes d’une trame policière classique d’un bon polar corsé comme on les aime. Puis arrive le final inattendu d’une stupéfiante émotion allant à l’encontre de la morale puritaine habituelle.
Durant près de deux heures, Ben Affleck prend le public à contre pied sur tous les plans. Plus qu’un simple polar, Gone Baby Gone s’avère surtout être une habile réflexion sur la frontière entre le bien et le mal mais aussi sur le libre arbitre. Sorte de film miroir de notre société, le film analyse les tréfonds des âmes humaines mais aussi les choix à faire dans une vie. Cette seconde lecture du film permet au long métrage de s’imposer comme une œuvre massive et perverse laissant de côté le simple film policier sans relief.
On s’embarque avec passion dès les premières minutes d’un générique d’une remarquable sobriété jusqu’au dénouement aussi surprenant que viscéral et torturant pour la morale.
Forcément, on ne peut s’empêcher de penser au Mystic River de Clint Eastwood à plusieurs reprises pour plusieurs raisons. L’ambiance et le décor Bostonien tout d’abord mais aussi rayon traitement de l’intrigue et des personnages plus vrais que nature. Pas étonnant que Dennis Lehane ait signé les deux romans originaux.
La réalisation d’Affleck est sidérante de maîtrise et de rigueur adulte. On croît visionner le produit d’un Eastwood ou d’un Haggis mais finalement non. L’illusion est parfaite. Sobriété de la mise en scène, photographie très crû, montage ingénieux, musique de circonstance d’une magnifique intensité, scénario clair bien que corsé de l’intérieur…
Tout est réuni pour obtenir un film important. La force principale du réalisme imposé résulte bien entendu que les deux frères Affleck ont vécu leur enfance à Boston et qu’ils savent parfaitement de quoi ils parlent.
Reste à saluer le casting sans faute de Morgan Freeman à Ed Harris en passant par la découverte Amy Ryan. Un casting qui permet surtout au frérot Casey Affleck de démontrer l’étendue de son talent quelques mois après le chef d’œuvre L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Entre fragilité, rigueur et violence contenue (il est lui-même une ancienne petite frappe) le jeune acteur frôle le sans faute.
Ben Affleck a plus d’un tour dans son sac et se permet même via quelques scènes (le repère de pédophiles, le dénouement…) de nous jeter au visage les nombreuses choses qu’il a à dire.
Au final Gone Baby Gone ne souffre que de très peu de défauts (le personnage de Michelle Monaghan trop peu exploité), les quelques infidélités faites au roman… mais se permet une telle audace en livrant un film d’antis-héros et anti-conformiste au dénouement peu académique qu’il s’impose comme un film excellent si ce n’est l’un des meilleurs de l’année.
Ben Affleck a de beaux jours de réalisateur devant lui. Il affirmait il y a peu qu’il aimerait juste "être Clint Eastwood"… il n’en n’est vraiment pas loin.
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Pourquoi y aller ?
Pour le réalisme de l'ambiance. Pour l'intrigue passionnante. Pour l'habile réflexion sur le bien et le mal. Pour Casey Affleck impressionnant de fragilité et de violence. Pour la réalisation soutenue et impeccable de Ben Affleck. Pour le dénouement aussi surprenant que violent qu'il nous inflige.
Ce qui peut freiner ?
Les quelques infidélités faites au roman original. Le personnage de Gennaro un peu trop transparent.