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Etude sur la sorcellerie (partie 4)

Publié le 28 septembre 2010 par Shamrock

Au XVIème siècle, le pays était obsédé par la sorcellerie et le Nor’Loch (à Edimbourg) était l’endroit idéal pour le Trial by Douking, le procès par immersion : on attachait ensemble les pouces et les doigts de pieds de la suspecte avant de la plonger deux fois dans le Loch, assise sur un tabouret. Si la malheureuse coulait et se noyait, elle était réputée innocente mais rare était celles qui ne se noyaient pas. Si par chance elle flottait et survivait à la noyade, elle était réputée coupable puis on la brulait sur le bucher à Castle Hill.
  • Witche’s Well :
Ce site est situé à l’entrée de l’esplanade du château d’Edimbourg à coté du mur de Tartan Weaving Mill (il s’agit d’une fabrique de tartan que l’on peut visiter). Une plaque en fer commémore l’endroit ou plus de trois cents femmes ont été brulées vives sur le bucher, accusée d’être des sorcières. Cette plaque montre aussi par l’intermédiaire d’Hygiea (la déesse de la santé) et Aesculapius (le dieu de la médecine) que toutes les sorcières ne travaillaient pas avec de mauvaises intentions.
Etude sur la sorcellerie (partie 4) La plaque commémorative du Witche's Well
  • La chasse aux sorcières :
C’est les sorcières de North Berwick qui provoquèrent la chasse aux sorcières en Ecosse, en 1591 : Ces sorcières furent accusées – pendant Halloween et avec l’aide d’Auld Clootie (qui est le diable) – d’avoir intensifié un ouragan pour empêcher la Princesse Anne de Danemark, la future femme de James VI,  d’arriver en Ecosse. Sous la torture les sorcières accusèrent Auld Clootie de les avoir incité à ouvrir quatre tombes et enlevé les orteils, les doigts et les genoux des cadavres. Elles lancèrent ensuite un chat mort avec les organes du cadavre dans la mer, ce qui provoqua la tempête. John Fian confessa qu’il embrassa les fesses d’Auld Clootie pour le vénérer et qu’Auld Clootie n’était autre que le Comte de Bothwell. Ce dernier était le cousin de James et sa famille était candidate pour le trône – James fut alors convaincu qu’il était en grave danger. Les sorcières elles, furent reconnues coupables et condamnée à mort. 
Le procès de l’une d’entre elle, Eufame, eu lieu en 1592 alors même qu’elle était enceinte de son quatrième enfant. Ses poignets et ses chevilles furent liés ensemble et elle fut plongée dans le Nor’Loch. Elle refit surface puis coula tout de suite après ce qui d’après la technique du Trial by Douking, voulait dire qu’elle était innocente. Beaucoup de gens vinrent assister au spectacle dont Alexander Hepburn qui était son compagnon. Il plongea dans le Nor’Loch et réussit à la récupérer avec l’aide de quelques amis mais ils furent repérés et rapidement capturés. Eufame fut reconnue coupable car du fait de son sauvetage, elle ne put se noyer. Alexander eut beau protester, il fut aussi accusé de sorcellerie. Après avoir été emprisonnée à Castle Rock, Eufame fut étranglée puis brulée.Six ans plus tard, il y eut une seconde grande panique mais moins importante que celle de North Berwick car le Roi prononça entre temps, une proclamation mettant en garde contre l’accusation à tort des innocents. Cela eut pour effet de réduire la chasse aux sorcières. C’est à ce moment que l’Assemblée Générale de l’Eglise d’Ecosse commença à se plaindre manque de sévérité contre les sorcières. 
Plusieurs paniques eurent lieu entre temps mais elles étaient plus petites. L’apogée fut atteint en 1661-1662 où six cents personnes furent accusées et quelque trois cents exécutées.
  • Techniques de répressions :
Au XVIème siècle il y a plus de buchers de sorcières à Castle Hill que n’importe où ailleurs dans le monde, faisant d’Edimbourg la capitale du bucher des sorcières. Sur environ 3837 accusées, plus de 70% furent condamnées à mort. Quand elles ne s’étaient pas noyées dans le Nor’Loch, les victimes étaient souvent torturées avant de passer sur le bucher. En Angleterre les sorcières étaient suspendues dans des cages mais quand Mary, Reine des Ecossais revint de France, elle ramena avec elle le « Witchcraft Act » : cette loi assimilait la sorcellerie à l’hérésie et c’est a partir de ce moment que les sorcières furent brûlées sur le bucher. 
Il existait une autre technique  pour « prouver » qu’une personne pratiquait la sorcellerie – méthode qui était pratiquée par des spécialistes appelés « prickers » (qui veut dire piqueur en écossais). Ils devaient trouver « la marque » de la sorcière. Cette « marque » pouvait être une cicatrice par exemple et on croyait qu’elle correspondait à un endroit du corps insensible ou a une petite blessure qui ne saignait pas. Les corps de la présumée sorcière était donc examiné et les marques que l’ont trouvait étaient testées avec un instrument du genre aiguille pour voir si elles étaient effectivement insensibles ou si elles ne saignaient pas. Le plus connu des prickers était John Kincaid mais ce dernier fût emprisonné pour fraude car il était facile d’abuser de cette pratique en piquant des endroits naturellement insensibles.
  • Croyances sur les sorcières :
Toujours d’après Robert Muchembled, il existe des témoignages qui nous montrent que les croyances traditionnelles survivaient face au christianisme. En effet, les fêtes de l’année celtique avaient lieu au même moment que celle de l’Eglise chrétienne. De nombreuses fêtes étaient célébrées comme celle la vielle de la Toussaint où des jeux étaient organisés pour les jeunes, des feux de joie allumés ainsi que toute autre sorte d’amusement et de réjouissance. Une autre était la fête de la nouvelle année où régnait beaucoup de superstitions et de festivités coutumières. Cependant, les gens avaient la peur des fées, des fantômes, des gobelins et des sorcières et on croyait aussi au pouvoir du mauvais œil. Inversement on ne croyait pas aux rapports sexuels avec le diable et aux réunions avec lui. Ils ne pensaient pas non plus que les sorcières avaient le pouvoir de voler le jour de sabbat où qu’elles ressuscitaient les morts.
  • Pratiques des sorcières :
La grande panique de 1697 nous renseigne bien sur le sujet car il existe les archives des procès et nous y avons accès. Tout commence à Bargarran près de Glasgow dans la famille Shaw. En 1696 alors âgée de dix ans, Christiane – la fille – tombe malade d’une maladie plutôt bizarre. Cette maladie se déclencha après s’être pris le bec avec une domestique nommée Katherine Campbell qui avait volé puis bu du lait dans la propriété des Shaw. Christiane, témoin de la scène, avait dénoncé la domestique à sa mère qui l’avait alors réprimandée. Furieuse, Campbell avait prié trois fois pour que le Diable emmène l’âme de la petite en enfer. Peu après, elle devint silencieuse puis tomba malade.
Rien ne pu soigner la maladie, pas même le plus grand médecin de Glasgow. Les pasteurs locaux commencèrent alors à répandre l’idée que Christiane était ensorcelée. John Shaw, le père de Christiane se fit embobiné est parti pour Edimbourg afin de demander une commission d’enquête sur Campbell qui était suspectée, ainsi que plusieurs personnes du village dont Agnès Naismith qui elle, était déjà connue comme étant une sorcière. Une commission fut alors nommée pour interroger la vingtaine de suspects puis conclue en disant que l’on pouvait faire un procès car il y avait assez de preuves contre eux.
Une seconde commission composée d’avocats fut réunie et au bout du compte, sept personnes furent jugées coupables : on les étrangla et brula leurs corps devant la foule.

Témoignage d’Elizabeth Anderson : Fille de deux mendiants, cette jeune femme de dix sept ans était élevée par sa grand-mère qui avait la réputation d’être une sorcière. Elizabeth expliqua sa rencontre avec un homme habillé de noir et au visage sinistre, qui lui donna sa main glaciale puis qui disparu. Sa grand-mère fut accusée de sorcellerie mais mourut en prison avant la fin de son procès. On se tourna alors vers Elizabeth pour la questionner et elle raconta que son père l’avait alors initiée à la vie des sorcières en la conviant – un soir de lune – à une réunion où il y avait plusieurs sorcières qu’elle connaissait (dont Campbell et Naismith). L’homme en noir était là et lui offrit de la viande et des vêtements et lui demanda de renoncer à son baptême ce dont elle refusa. Elle raconta aussi qu’à un autre sabbat, les sorcières avaient comploté de commettre des maux qu’elles exécutèrent plus tard : elles firent rôtir l’image du fils d’un pasteur, fait chavirer un bac et commis un infanticide. Mais dans ces cas là, il s’agit plutôt de sorcellerie démonique.


  • Étude « sociale » :
N’importe qui pouvait être accusé de sorcellerie et ce pour n’importe quelle raison. L’étude montre qu’une grosse majorité des accusées étaient des femmes souvent de pauvres vieilles paysannes qui se trouvaient souvent en bas de l’échelle sociale. Les gens se dénonçaient entre eux pour des broutilles et il était même possible de dénoncer quelqu’un anonymement. En effet, l’Eglise les aidait en mettant des boites à disposition pour les dénonciations puis les faisaient ensuite passer aux autorités.
La dernière exécution pour sorcellerie eut lieu en 1722 sur la personne de Janet Horne et la loi fut finalement abolie en 1736.

A propos de l’Ile de Man : (Selon Robert Muchembled dans son livre Magie et Sorcellerie en Europe) :Cette île est, en partie écossaise mais pas entièrement car elle est partagée entre l’Angleterre et l’Irlande notamment. Deux cas de sorcellerie sont bien connus sur l’île : il s’agit de Margaret Ine Quaine et de son fils John Culon qui furent tous deux brulés en 1617. Ils ne devaient pourtant pas être les seuls car les accusations devant les cours ecclésiastiques étaient plutôt fréquentes. Cela prouve que la sorcellerie était un problème récurent. Selon Robert Muchembled dans son livre Magie et Sorcellerie en Europe, les éléments de la sorcellerie mannoise sont diverses, en voici quelques exemples :

  • Les sorcières de l’île se transformeraient en lièvre.
  • Elles pouvaient dérober l’aptitude latente des animaux.
  • Les récoltes des voisins sont censées posséder ce qui leur permet à elles de prospérer.
  • Elles faisaient le tour des champs des voisins le 1er Mai à l’aube et récoltaient la rosée pour diminuer les récoltes concernées et augmenter les leurs.
Les Manx étaient de plus, persuadés de l’efficacité des malédictions. L’Eglise se battra contre les superstitions pendant tout le XVIIIème.



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