J'ai failli la perdre, de Charles Dobzynski (par François Teyssandier)
Par Florence Trocmé
Dans son livre « J’ai failli la perdre » (éditions de la Différence), Charles Dobzynski prévient d’emblée le lecteur. Il ne s’agit pas d’un recueil de textes plus ou moins disparates, mais bien d’un seul « poème » en XVI parties qui se répondent et se complètent pour former un tout parfaitement homogène. Ce poème est, en fait, un parcours qui escorte et jalonne les longues années de sa vie, à la fois sombre et lumineuse, sans mélancolie ni pathos. En effet, l’écriture est à la fois souple et précise, tout en retenue. Chaque mot fait sens, explore le mécanisme même de la poésie, la fait naître d’une pensée, d’une image qui hante la mémoire, d’une sensation ténue et particulière, jamais oubliée. La langue est charnelle et vivante. Elle « envahit » le corps, le « réinvente » dans un autre corps. « J’ai failli la perdre » est donc, avant tout, un poème de vie. Vie opiniâtre chevillée au corps, vécue au plus profond de l’âme, qui explore zones d’ombre et zones de lumière avec la même volonté dêtre un homme debout au plus près du monde pour l’affronter et le combattre sans répit. C’est aussi un poème qui, dans « Le sablier noir », aborde la mort, sans complaisance ni dolorisme, mais au contraire de façon sereine et apaisée, car la mort n’est jamais « le mot de la fin » :
« Un jour le corps va nous quitter
et passer de l’autre côté
de lui-même
pour retrouver peut-être l’ombre
que nous étions »
Toute la poésie subtile et lumineuse de Charles Dobzynski est dans ce « peut-être ».
par François Teyssandier
Charles Dobzynski
J’ai failli la perdre
Éditions de la Différence.