A l'image des éjaculateurs précoces, il y a des chasseurs qui, sous les effets de l'excitation, lâchent imprudemment et involontairement ce qu'il convenait, quand on est maître de soi, de retenir.
L'excitation de quoi ? Qu'est-ce qui peut agiter à ce point un viandard pour qu'il balance ainsi la sauce au plombs sans ménagement ? C'est l'arrivée radieuse de ce jour, ce dimanche béni qu'est l'ouverture de la chasse.
Enfin ! Après avoir astiqué son arme, lustré maintes fois son canon, ça y est ! Let's go ! C'est parti, les chevaux sont lâchés, y'a des tressaillements dans le bas-ventre... Vidons les douilles !
Il va pouvoir tuer !
C'était donc l'ouverture du massacre en zone nord, dimanche 26 septembre. Notamment à Breuil-le-Vert, dans l'Oise.
Lui, il a tout distribué, sans barguiner, sur ses potes. Quelle générosité ! Ses deux copains qui l'accompagnaient ont été si bien arrosés qu'ils ont été conduits à l'hosto de Clermont.
Le tireur précoce a été placé en garde à vue. Comme il était 11 heures au moment des faits, doit-on supposer qu'il ait voulu se désinhiber en goûtant quelques boissons hautement fermentées ?
Car tu ne le sais pas; si les viandards ont la réputation, méritée, de tasser plus que de mesure, c'est pour lever cette anxiété, ces freins, ces scrupules, qui les empêchent de donner libre cours à leur excitation.
Comme un puceau qui sifflerait un coup de blanc juste avant de monter avec une prostituée.