Dans le cadre du partenariat associant le blog le poisson rêveur et la Fondation Orange, cette dernière a eu la gentillesse de m'inviter à la 19ème édition de la Nuit de la Voix, le 15 septembre dernier à l'Opéra Comique (Salle Favart) à Paris.
170 artistes se sont produits ce soir là, tous soutenus par la Fondation Orange. La soirée, d'une densité certaine, a permis de découvrir des ensembles d'horizons et de styles très différents. La soirée était particulièrement marquée par la représentation de deux créations (écrites respectivement par Zygmunt Krause et par Régis Campo) dédiés à Chopin, dans le cadre de la célébration cette année du bicentenaire de la naissance du compositeur.
J'ai particulièrement retenu de cette soirée un certain nombre d'ensembles prometteurs et dont la facture démontre déjà une belle maturité musicale.
C'est également le cas de l'étonnant ensemble La Cappella Mediterranea qui revisite Monteverdi (c'est décidément à la mode...) en mâtinant ses interprétations d'œuvres du maître de Mantoue de rythmes latino-américains. Le directeur artistique de cette formation, Leonardo Garcia Alarcon, prend comme trait d'union indéniable entre le style madrigal italien du XVIème siècle et les compositions argentines du XXème siècle, un sensualité qui se dégage indéniablement de ces deux mondes musicaux que, pourtant, rien ne semble rattacher. La caractère argentin a pu aussi être pleinement révélé avec l'interprétation de Ballades d'Astor Piazzolla. Le public a également été conquis par le charisme et folie douce du bandonéoniste William Sabatier.
Le moment fort de la soirée aura indéniablement été la prestation de l'ensemble Camerata Silesia, dirigée par Anna Szostak. Cet ensemble a interprété deux créations, dont l'une de Zygmunt Krauze, Voyage de Chopin, particulièrement inspirée et hypnotique, exploitant un art extraordinaire de la mise en échos des différents registres de ce chœur a capella de 19 excellents chanteurs. En trame de fond, le grand écran installé sur la scène affichait des extraits émouvants de lettres de Frédéric Chopin. La scénographie était identique pour l'autre création de la soirée, 7 humoresques de Régis Campo, au style plus ironique et ludique, cultivant un art consommé du second degré.
On notera enfin la prestation de l'ensemble vocal Mélisme(s). Ce groupe de 24 chanteurs, dirigés par Gildas Pungier et accompagné de façon excellente par la pianiste Domitille Bès, s'inscrit sous le signe de la densité, de la texture resserrée. On renie ici la notion d'évanescence pour restituer une version presque tellurique du chant, avec des voix bien campées sur le sol et un chœur s'exprimant comme une structure assez monolithique. Rien de surprenant qu'une bonne partie de sa prestation ce soir là soit dédiée à la tradition des grands chœurs allemands avec Brahms et Schumann. Une touche un peu plus aérienne s'est glissée en fin de performance avec des extraits de chansons écossaises de Paul Ladmirault, puisant dans une certaine forme de tradition celtique.
La clôture du concert a regroupé tous les interprètes de cette Nuit de la Voix, y compris la Maîtrise Saint-Christophe de Javel, sous la direction d'Henri Chalet, qui avait ouvert la soirée avec des extraits du Requiem de MAurice Duruflé, autour de la reprise de Pur ti miro de Monteverdi.
Je tiens à nouveau à remercie la Fondation Orange pour m'avoir permis de découvrir ces musiciens qui exposent la richesse de leurs interprétations avec naturel et générosité.
L’intégralité de la 19ème Nuit de la Voix est accessible à la demande et gratuitement sur le service de Vidéo à la Demande de la TV d’Orange, dans la rubrique musique, ainsi que sur les portails videoparty.fr et orange.fr.