En Russie, quelques jours après avoir été arrêté à l'aéroport moscovite, l'organisateur de la Gay Pride de Moscou participait à une manifestation contre le maire de la capitale russe.
Onze homosexuels ont été arrêtés, ainsi qu'une journaliste de l'AFP.
Tout juste sorti de sa détention de deux jours à la suite de son arrestation à l'aéroport de Moscou, le militant russe Nikolaï Alekseev a été de nouveau arrêté le 21 septembre 2010, cette fois brièvement, avec dix autres militants qui participaient à une manifestation contre le maire homophobe de Moscou.
La manifestation, prévue en face de la mairie de Moscou sur la rue Tverskaïa, une des principales artères de la ville menant au Kremlin, n'avait pas reçu d'autorisation comme c'est le plus souvent le cas pour les manifestations de l'opposition.
Les onze militants se sont enchaînés aux grilles de la mairie le jour des 74 ans du maire Iouri Loujkov, qui était pour l'occasion parti en Autriche.
Alors que les policiers les entraînaient dans les cars, les manifestants ont scandé des slogans comme "Le maire homophobe doit partir", "Loujkov doit aller en prison", "Bon anniversaire petit pédé" ou "Loukov, pédé" "Loukov, gomiki", allusion au fait que le maire avait utilisé ce mot à la télévision, tout en précisant que ce n'était pas une insulte.
Depuis 2006, date du premier défilé de la Gay Pride à Moscou, les organisateurs se sont heurtés chaque année au refus de la municipalité d'autoriser cette manifestation.
En janvier 2010, Iouri Loujkov avait qualifié les homosexuels "de créatures de Satan", jurant de ne jamais autoriser une parade gay à Moscou.
Maire de Moscou depuis 18 ans, Iouri Loujkov fait actuellement face à une campagne médiatique considérée par des experts comme orchestrée contre lui par le Kremlin, qui alimentent les spéculations quant à sa possible démission.
La manifestation contre Iouri Loujkov n'a duré que quelques minutes, une centaine de policiers avaient été dépêchés et ont interpellés les manifestants de façon très violente.
Une journaliste de l'AFP-TV a aussi été brièvement interpellée par des policières et traînée sans ménagement sur 200 mètres, bien qu'ayant fait état de sa qualité de journaliste.
Dans la soirée, Nikolaï Alekseev a été relâché et les autres interpellés l'ont également été dans la foulée.
Par ailleurs, on en sait aujourd'hui un peu plus sur l'arrestation et les conditions de détention du militant russe durant ces 48 heures encore troubles, la semaine précédant la manifestation à Moscou.
Comme ses amis le suspectaient, les informations selon lesquelles il avait été envoyé à Minsk, en Biélorussie, où il demandait l'asile politique, étaient entièrement fausse.
En effet, d'après ces SMS, Nikolaï Alekseev aurait été envoyé à Minsk, la capitale biélorusse, contre son gré.
Une dépêche du bureau local de l'agence russe Interfax prétendait même que Nikolaï Alekseev avait demandé l'asile politique en Biélorussie, ce dont ses amis doutaient fortement, en raison notamment du caractère dictatorial et homophobe du gouvernement biélorusse.
Il a précisé "Je n'ai pas envoyé de SMS", bien que des messages écrits avaient été envoyé depuis son téléphone durant son arrestation, et constituaient la seule "information" de sa part.
En fait, comme il l'a expliqué sur son blog russe, il a bien été arrêté en zone internationale de l'aéroport, donc hors de contrôle théoriquement de la police russe, puis emmené, d'abord à Kashira, à deux heures au Sud de Moscou, comme il l'a appris grâce au GPS de son iPad, puis à Tula, à une heure de là.
Il confirme également que les hommes en civil ont bien tenté de lui faire retirer sa plainte devant la Cour européenne des droits de l'Homme contre Iouri Loujkov.
Et qu'ils l'ont "psychologiquement torturé" et lui ont lancé des volées d'insultes homophobes.
Mais le 24 septembre, contre toute attente, le maire de Moscou a été désavoué par le Tribunal principal de Moscou pour avoir interdit deux manifestations, dont la Gay Pride.
Seigneur, pourquoi toujours la persécution?