A Gaza, la bicyclette pour la liberté

Publié le 27 septembre 2010 par Quaesita

En Palestine, une journaliste féministe est dans le collimateur du Hamas... pour avoir enfourché une bicyclette. Pour Asma Al-Ghoul, Palestinienne de 28 ans, le vélo est bien plus qu’un moyen de locomotion: c’est un symbole de liberté et de dissidence. Une femme   de Gaza à vélo? Pas question! Le Hamas, mouvement politique et religieux palestinien, l’a interdit en octobre 2009.

Lassée d’être privée de ses droits à cause de son sexe, la jeune femme a décidé de pédaler cet été dans la bande de Gaza, vers la frontière égyptienne, de Rafah vers la ville de Gaza, 30 km plus au nord. Accompagnée de trois amis, deux Italiens et une Américaine, la jeune femme a été dans l’ensemble agréablement surprise par la réaction des habitants. Beaucoup l’ont encouragée. Même des policiers l’ont défendue lorsque des jeunes à moto leur barraient le passage en se faisant passer pour la police du Hamas. Mais Asma n’est pas dupe: la présence des trois étrangers les avait certainement adoucis.

Cependant, d’autres motards lui ont craché au visage et ont frappé son amie dans le dos car elles n’étaient pas voilées.

Les libertés des femmes sont considérablement restreintes depuis la main mise du Hamas sur Gaza en 2007. Les Gazaouies n’ont aujourd’hui plus le droit de fumer le narghilé. Même «croiser les jambes en public» n’est «pas convenable», a affirmé le porte-parole du ministère de l’intérieur du Hamas, «cela entache l’image du peuple palestinien qui souffre du blocus». Dans le cadre de la campagne de «promotion de la vertu», les écolières ont également été touchées puisqu’au début de l’année scolaire, les filles qui ne portaient pas le voile ont été renvoyées chez elles avec ordre de le mettre, en plus de leur uniforme officiel (une longue jupe et une blouse). Selon des témoignages recueillis par l’association Human Rights Watch, la police du Hamas aurait interpellé des femmes accompagnées par des hommes, afin de s’assurer qu’ils faisaient bien parti de la même famille.

L’été dernier, la journaliste s’est faite arrêter à la plage par les patrouilles du Hamas. Le motif? Avoir rit trop fort et être sans accompagnateur. Son indépendance d’esprit lui a coûté son poste au journal Al Ayam où elle était jugée trop critique par les autorités.

Loin de se soumettre, Asma a créé le mouvement «Wake up» (Réveille toi) afin de dénoncer les abus du Hamas et de montrer que Gaza ne se limite pas à l’islamisme d’une force politique.