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“Homme au Bain”, navet prétentieux

Par Kub3

Christophe Honoré est capable du meilleur - on garde en mémoire ses Chansons d’Amour -, comme du pire. Son dernier film, Homme au Bain, concentre les défauts d’un certain cinéma français hérité de la Nouvelle Vague, nombriliste et vain.

“Homme au Bain”, navet prétentieux

Une cité à Gennevilliers. Deux homosexuels. D’un côté, Emmanuel, bodybuildé tout en force (incarné par François Sagat, figure cul-te gay). De l’autre, Omar, fragile, frêle et jeune réalisateur de films s’apprêtant à prendre l’avion pour New York. Le couple vit ses derniers instants. M. Muscle voudrait faire l’amour, une dernière fois. Son partenaire n’y consent pas et se fait violer en guise d’adieu. La caméra suit alors, en montage alterné, la vie respective des ex-amants. Le premier, resté en banlieue, s’égare dans des plans culs de substitution. Le second, débarqué aux USA, est emporté dans sa vie d’artiste au gré des rencontres.

A la fois chronique de vies sexuelles et film social cru autour de la rupture amoureuse, Homme au Bain part d’une idée plutôt audacieuse en prenant comme décors la banlieue française et les rues new-yorkaises. Mais les promesses retombent bien vite. De Gennevilliers comme des Etats Unis, l’on ne verra que deux toile de fond sans incident sur la mise en scène et le scénario, totalement dénués de toute inspiration. Christophe Honoré semble se contenter de réaliser un fantasme de voyeur égocentrique, tenant tout autant du film parfaitement amateur que de la sex tape : filmer des corps masculins nus - celui de François Sagat en particulier - et des scènes de cul psychologisantes à souhait.

Pour le reste, on repassera. Trash sans intérêt, Homme au Bain n’a semble-t-il rien à proposer, rien à dire, rien à montrer, et dégage un agaçant sentiment de vanité. Christophe Honoré compare au fluo la psychologie de ses deux personnages principaux qui, une fois leurs pénis rangés dans leurs caleçons, ne dégagent aucune consistance. Dans sa cité HLM, Omar est perdu. Dans les rues de Big Apple, Emmanuel s’éclate. Tant pis pour l’un, tant mieux pour l’autre, mais cela ne fait pas un film. Et ce ne sont pas les quelques expérimentations visuelles qui apporteront un regain d’intérêt. Pour accompagner les séquences autour du personnage d’Omar, Honoré a ainsi inséré des images en DV tournées par ses soins lors de la promotion américaine de Non ma fille, tu n’iras pas danser. Résultat : une rencontre totalement injustifiée et bancale entre la fiction initiale et le documentaire autobiographique prétentieux.

Faussement provocateur, beaucoup moins dérangeant et inspiré que Ma Mère (du même réalisateur, avec Isabelle Huppert en 2003), Homme au Bain n’est qu’une séance de pure branlette intellectuelle supplémentaire dans la filmographie inégale de Christophe Honoré. Rien de plus.

“Homme au Bain”, navet prétentieux

En salles le 22 septembre 2010

Crédits photos : © Le Pacte

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