Mes lecteurs savent ce que je pense de la publicité et de son support favori qui est la télévision... Voici ci-dessous une vidéo humoristique des têtes à claques qui illustre à merveille mon point de vue, puisqu'elle présente un faux spot publicitaire qui vante les mérites d'un système de rangement présenté comme innovant, mais qui n'est rien d'autre... qu'un empilement de cartons ! A travers ce spot humoristique, il est possible de décomposer un message publicitaire pour mieux en cerner les grosses ficelles.
Tout d'abord, le sport commence par un constat simple : nous accumulons tant de choses inutiles que nous finissons par manquer de place pour les stocker. Ce constat banal permet à la publicité de cibler quasiment toute la population, depuis le consommateur effréné jusqu'à celui qui vit dans un logement minuscule en passant par le bordélique.
Pour être certain de capter l'attention, le clip est présenté par un présentateur rodé à faire passer ce genre de message pourtant d'une platitude absolue : avec beaucoup de conviction (ça ne vous rappelle pas nos téléachats d'antan ?), il va chercher progressivement à amener la cible à voir dans ce produit LA réponse révolutionnaire à tous ses problèmes de rangement, c'est-à-dire à prendre des vessies pour des lanternes.
Pour ce faire, après avoir très rapidement présenté son système de rangement au nom pompeux ("Easy Storing System", l'emploi de l'anglais n'étant pas neutre ici), il enchaîne très vite sur une démonstration afin que la cible ne réfléchisse pas à l'utilité ou non de ce produit. Celle-ci est censée lui présenter tout l'avantage d'acheter quelque chose dont il pourrait très bien se passer, et dont il ne connaît toujours pas le prix ! Bien entendu, pour convaincre un peu plus le con-sommateur, on n'hésite pas à parler de technologie spatiale histoire de le convaincre par un argument d'autorité scientifique. C'est du reste l'argument préféré des publicitaires : après une présentation sur le supposé bien-être apporté par le produit, ils cherchent à gagner l'adhésion de la cible par un argument prétendu scientifique (on pense aux alicaments notamment), qui tient lieu d'argument d'autorité.
Ensuite, vient la phase de témoignage qui peut prendre soit la forme d'interviews comme dans ce sport, soit de sondages ou d'enquêtes réalisés sur des échantillons microscopiques (on entend ainsi dans certains spots que 9 personnes sur 10 ont trouvé le produit performant, mais l'échantillon n'était que de 40 personnes... alors qu'en statistiques, en-dessous de 1 000 personnes une étude n'a pas de sens !). Le tout pour donner le sentiment que le produit a déjà été adopté par le plus grand nombre et que vous êtes le dernier à ne rien avoir compris encore !
Là, le poisson est en général ferré, et il est temps qu'il passe rapidement à la caisse, car la diffusion d'un sport publicitaire coûte très cher : selon le syndicat national de la publicité télévisée, le coût moyen de diffusion d'un spot de 20 secondes est d'environ 10 000 euros pour l'une des 6 chaînes nationales en 2007. En 2009, les dépenses de communication des annonceurs ont du reste atteint près de 30 milliards d'euros, tous médias confondus, et la télévision a touché environ 3 milliards d'euros de recettes de la publicité... c'est dire combien la manipulation des consciences se négocie cher !
Pour en revenir à notre cible, on lui annonce donc le prix lorsqu'on est sur une chaîne de téléachat (en lui rappelant que c'est vraiment donné...) et on lui offre quelques babioles s'il commande immédiatement au numéro de téléphone indiqué, ou il lui faut le découvrir en se rendant dans un hypermarché lorsqu'il s'agit de spots classiques. Dans ce dernier cas, il quitte son environnement familier (son domicile) et se retrouve donc dans la peau d'un consommateur (à l'hypermarché), ce qui rendra d'autant plus difficile de résister à l'acte d'achat du produit tant vanté à la télévision et dont il a fini par accepter l'utilité.
Tout ceci démontre que la consommation effrénée est la pierre angulaire du système capitaliste, bien que celle-ci bute aujourd'hui sur des problèmes écologiques, sociaux et in fine politiques ! Et que dire lorsque les publicitaires vantent le développement durable...