Finalement, le western est certainement le genre le plus facile. Bien calé dans standards et ses clichés, il offre toutefois une variété de personnages et de situations qui n’a d’égal que la profusion de suspens et de dilemmes (justice humaine et justice divine s’y confrontent sans cesse), de retournements et de coups de théâtre (tout le monde est armé), d’action (il y a des chevaux, des chariots des trains…) et même d’imprévus (les indiens, les crotales, les bisons emballés, le grizzly blessé…).
Dans cette série, nous suivons un détective (qui ressemble quand même pas mal à un homme de main) de la célèbre compagnie de transport Wells Fargo, un établissement bancaire californien qui regroupa à la fin du XIXeme siècle plusieurs réseaux de courrier et de transport (parmi lesquels le célèbre Pony Express) dont les diligences sillonnèrent l’Amérique et devinrent une des légendes du Far West. Pour voir le héros de cette série, il faut aller à 1’23 du début de cette compilation, que vous pouvez quand même laisser défiler, ça vous fera réviser. Toutefois, ne vous attendez pas à un générique explicatif, car c’est de quelque chose de bien plus important dont veut vous parler Dale Robertson :
Et oui, à l’époque on peut encore parler aux enfants des choses essentielles de la vie… Et donc, ce message me laisse le devoir de tout vous dire, ou du moins de vous en dire plus.
Comme je vous l’ai dit, la Wells Fargo, ce n’est pas que du passager à secouer sur des routes poussiéreuses, ce sont aussi des transports de fonds et de courriers précieux : autant de proies pour les rascals en bande ou les chacals solitaires. Voilà pourquoi on embauche des gens comme Jim Hardle (c’est le nom du héros) qui, comme vous l’avez vu avant de sortir fumer une clope ne laisse à personne le soin de presser la gâchette avant lui. Quand il ne fait pas de la prévention (dont les prévenus reviennent rarement), l’agent de sécurité fait tout simplement du nettoyage : un gang écume une région, un ambitieux se croit plus malin, plus chanceux ou plus rapide que les autres et on envoie Hardle pour « déblayer la route ». Ce personnage solitaire (mais pas ténébreux) est le seul récurent de la série, mais comme celle-ci a aligné plus de deux cent épisodes, il croise des gueules qu’on connaît ou que l’on va être amené à connaître. En vrac, ce sont : Claude Akins, John Doucette, Michael Landon, Chuck Connors, Robert Vaughn, Denver Pyle, James Coburn…
Le programme, vous l’avez deviné, a été un gros succès alignant six saisons et passant au format d’une heure pour la dernière (auparavant, tous les épisodes sont au format demi-heure). C’est sans doute tout simplement parce que c’est bien écrit et bien réalisé. Derrière la caméra il n’y a que des pointures, dont Lewis R. Foster (Oscar en 1940 pour le script de Mr. Smith Goes to Washington), Francis D. Lyon (Oscar du montage en 1948) ou Christian Nyby (sélectionné pour le même oscar l’année suivante). A l’écriture également c’est impeccable. Classique certes, mais sacrément efficace et toujours servi par des seconds rôles avec de vraies gueules de l’emploi et du métier à revendre. Parmi les scénaristes il y a Gene Reynolds (deux poignées d’Emmys dans sa carrière) qui a créé le programme avec James Brooks et Frank Gruber, Steve Fisher (sélectionné pour un Oscar en 1944) ou Borden Chase (lui aussi sélectionné pour la prestigieuse statuette en 1949) et surtout une brochette de spécialiste du genre qui feront galoper et galérer d’autres héros de l’Ouest.
Le succès de la série s’accompagna bien entendu de quelques produits dérivés (les traditionnels comics notamment) et son concept fut repris quasiment à l’identique en 1959 par une autre série : Pony Express dans laquelle Grant Sullivan interprète le même rôle d’agent de sécurité. Timeless Media Group a édité une grosse compilation d’épisodes en DVD.
J.B.
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