Londres m’électrise à tous les coups ; c’est un vrai bouillon de créativité, un théâtre en soi où maisons vénérables se font parfois voler la vedette par des premières collections, où pendant une semaine c’est une explosion constante de contrastes et d’audace, chacun fait ce qu’il lui plait et il en ressort un éclectisme et une liberté de création renversante.
Comme pour le billet précédent voici mes défilés préférés et mes petites conclusions
1- The Tops of the Pops1-Christopher Kane
Encore une fois Christopher Kane réussit l’exploit de surprendre et d’ébahir, en prenant un chemin inattendu par rapport à sa précédente collection.
Cette capacité de pouvoir entièrement régénérer son inspiration reste impressionnante, particulièrement quand elle vient compléter un talent vertigineux et une créativité inouïe.
Sa collection me fait penser à un « belle de jour » sous acides, une jeune fille rangée tâtant du LSD. Ce mélange entre coupes classiques, longueurs sages et dentelles fluorescentes découpées au laser, parait de prime abord étonnant et audacieux et s’avère être un alliage foudroyant et d’une beauté vertigineuse.
Christopher Kane me subjugue à chaque fois et chaque fois un peu plus, et apparemment je suis loin d’être la seule…
2- Peter PilottoLe duo semble entretenir une correspondance occulte avec Rodarte tant cette année leurs collections respectives se répondent et semblent se faire écho.
Maîtres du déstructuré ultra maîtrisé, le binôme a cette année délaissé les impressions cosmiques qui lui sont chères pour habiller ses pièces de mélanges d’imprimés.
Le jeu de longueurs, les drapés extrêmement précis et les découpes très architecturées qui sont leur marque de fabrique, étourdissent cette année par la poésie et la féminité apportées par le mélange d’imprimés et de transparences
3- Pringle of Scotland
Cette collection m’a séduit dans sa totalité, j’ai succombé à absolument chaque pièce.
L’épure chère au label, se pare de graphisme pour le printemps. Chaque pièce est un tour de force de précision où le jeu de transparences, le contraste de matières et de couleurs loin d’encombrer, renforcent la sobriété de l’ensemble. Un exploit qui pare cette collection d’une force et d’une netteté qui frisent la perfection
4- Erdem
J’aime cette maison pour sa singularité et sa capacité à être toujours elle –même tout en étant une autre: Son imprimé caractéristique glisse au fil des saisons de pièce en pièce et reste pérenne presque immuable tout se bousculant à chaque fois de modernité.
J’aime systématiquement leurs collections, mais celle-ci me plait particulièrement en ce qu’elle contient une grande fraîcheur. Les dentelles, les mousselines, la légèreté des matières combinées à l’imprimé et aux broderies de la maison m’ont donné l’impression de me promener dans un jardin anglais par une chaude après-midi de Mai.
5- David Koma
Très admirative de ce virtuose des volumes dont le travail évolue autour de l’aspect dimensionnel et des proportions, j’ai été ravie par la dimension romantique donnée à sa collection, par le souffle tendre presque juvénile qu’il a donné à ses créations cette année.
2-The Phenomenons
Londres est un véritable incubateur de talents qui donne toutes les chances aux créateurs émergents, avec de nombreux évènements qui leurs sont dédiés comme le désormais incontournable Fashion East.
Ce défilé met en avant le travail de plusieurs jeunes créateurs, sélectionnés au préalable par un jury de professionnels.
Participer à ce défilé est déjà une réussite en soi car le Fashion East est réputé pour être un révélateur de futures stars telles que Jonathan Saunders, Richard Nicoll ou encore Gareth Pugh, qui un jour en furent les révélations.
Sur la demi-douzaine de créateurs présentés, voici les 3 qui cette année ont fait sensation .
1- Simone Rocha
La fille du créateur irlandais John Rocha a enchanté les rédactrices, et sa collection a fait le buzz.
Tout juste diplômée de Central Saint martins, cette jeune femme de 23 ans vient de confirmer le talent qu’elle avait révélé avec sa collection de fin de diplôme en février dernier et qui déjà l’avait fait remarqué.
Très épurées ses pièces comportent beaucoup de poésie et sont un mélange de rigueur et de délicatesse.
Elle vient d’être sacrée future star comme ses illustres prédécesseurs en leur temps…
2- Heiki Salonen
Ce finlandais s’était déjà fait remarqué l’année dernière, mais c’est cette année que son style résolument scandinave, un mélange d’épure de finitions brutes et de fantaisie mesurée, a séduit.Sa collection simple, cohérente et à l’élégance organique vient de le mettre en orbite.
3 - Felicity Brown
Son travail contient la joie et l’exubérance d’une poignée de confettis, un véritable souffle de légèreté et d’humour porté par une maîtrise enlevée des volumes et des coupes millimétrées.
Cette créatrice londonienne créé elle-même ses tissus, concocte ses propres imprimés et en élabore les couleurs pour satisfaire à une créativité sans limites.
Après avoir travaillé chez Alberta Ferretti, Mulberry ou encore Lanvin elle vient de dévoiler ses propres créations.
Son Univers poétique, gai et trempli de rêveries vient d’enchanter ce Fashion East. Elle a déjà des fans!
Voilà je ne fais pas de tendances pour Londres, cette Fashion week bouillonnante a pour particularité d'être une explosion de créativités, chacun fait ce qui lui plait et qu'importe le retail... du coup des pièces fortes se dégagent libres de tendances et toutes les variations s'y expriment.
Néanmoins beaucoup de tendances présentes à New York sont réapparues: les défilés Rodarte et Peter Pilotto semblent se répondre de même que Christopher Kane et Proenza pour le côté "lady sous acides", ou encore Roksanda Illincic et Marc jacobs pour les seventies glamour.
Mais contrairement à New York, Londres a été un véritable feu d'artifices de couleurs, une explosion joyeuses , où la jupe et de préférence courte et virevoltante tenait le haut du pavé.
Buzz: Enorme! Christopher Bailey vient d'essuyer son premier revers chez Burberry, les critiques ont été plus que mitigées et au mieux tièdes. C'est vrai que sa collection m'a déconcerté et à l'aune de sa sublime collection de cet Automne elle parait en effet assez moyenne.
Comme pour Wang à New York les critiques ont été assez acides! et comme pour Wang il s'agit d'un revers très inattendu!
La Souris Teigneuse ( qui s'en retourne à ses compresses d'eau de bleuet...)
PS: je viens de me rendre compte que tous mes défilés préférés ont défilé le même jour ...Alors que je me suis imposée un planning de dingue pour tout voir...Et là mes yeux veulent s'auto-ejecter en signe de protestation...