Dans la géométrie cosmique des Emeralds, les courbes sinusoïdales des arpèges occupent une place centrale, apportant à la fois l’harmonie et la structure rythmique. La spirale est aussi un motif récurrent (Cf. les drones de "Goes By" ou de "Summerdata"). Dans les liner notes de Picture Music (1976), Klaus Schulze disait vouloir "créer un son que l’on peut voir". Le gourou de l’école planante teutonne aurait sans doute été séduit par la puissance d’évocation visuelle de la musique des Américains – une musique géométrique, donc, mais aussi lumineuse et colorée, jouant sur les contrastes et les nuances des tons. De quoi faire turbiner les usines à images que sont nos cerveaux.
Mais le son des Emeralds ne serait pas aussi prenant sans la guitare et les pédales de Mark Mc Guire. Qu’il se la joue Manuel Göttsching, comme sur "Genetic", qu’il injecte un parfum baléarique à un titre comme "It Doesn’t Arrive", ou lâche un petit riff folk ("Now You See Me"), il donne son supplément d’âme, sa substance et son équilibre à l’album. C'est un peu le soliste du groupe, quoi.
Does It Look Like I’m Here ? surprend par sa capacité à emmener très loin celui qui se donne la peine d’y plonger, et à assumer ses désirs de grandeur, voire d’immensité. En un mot, son lyrisme. Je connais mal les autres productions du trio, qui semble habituellement plus noisy, mais ce troisième album officiel, après une tonne de CDR et de cassettes sortis sur une douzaine de labels, est d’une solidité qu’on devine à l’épreuve du temps.
En bref : un voyage astral d’une intensité et d’un lyrisme rares. Guitare, drones et synthétiseurs s’y accordent à la perfection. L’un de mes albums de l’année, sans l’ombre d’une hésitation.
Emeralds – Genetic.mp3
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