Les commentaires de la presse romande sont bien frileux après le résultat de la votation de hier sur la révision de la LACI. On sent que le groupe Ringier est plus que jamais présent en leur sein et que Tamedia dicte sa loi à feu les éditorialistes d’Edipresse.
Même au niveau journalistique, l’emprise économique alémanique se ressent donc de façon significative sur les cantons romands. Ces derniers sont depuis des années pompés et grugés par la capitale économique, suivie avec délice et manque de courage par une cohorte de cantons voisins qui ont un souvenir très estompé et utilitariste de la solidarité nationale.
L’heure n’est sans doute pas à la scission systématique, mais la Suisse alémanique ferait bien d’y regarder à deux fois avant de continuer à suivre aveuglément Blocher et ses disciples. On a toujours besoin de plus petit que soi, notamment dans des domaines scientifiques et artistiques.
Et surtout, on a bâti ce pays sur une alliance de faibles et de forts respectueux de la dimension du voisin. Depuis l’avènement de l’UDC, bâti sur le vent des girouettes mais à coups de millions frappeurs, ce ciment confédéral se fissure. Au sein même de l’exécutif fédéral, on voit que Maurer et Blocher sont et n’ont été que des boute-feux incapables de la moindre collégialité et de la moindre efficacité.
La preuve que même au niveau des élites, l’UDC manque de bras autant que de cerveaux. La présence de cette faction populiste dans le paysage confédéral est tout sauf un gage de progrès, mais source d’un alignement bourgeois souvent proche de la trahison. Tout semble fait à sa solde pour que la Suisse alémanique augmente encore son pouvoir et son emprise économique et que la Suisse romande devienne une sorte de tiers-monde juste bon à la fermer et à contribuer au bien-être alémanique au détriment de ses propres intérêts.
Une tros grosse fracture dans ce sens rendra un jour la cohabitation difficile et un scénario à la Belge ne serait plus aussi invraisemblable qu’il n’y paraissait encore il y a quelques jours.
Car en plus du fond, la forme démontre un mépris pour le Welsch que ce dernier, s’il faisait preuve de lucidité collective, ne supporterait plus très longtemps. Le malheur dans ce genre de situations, c’est que la population est occupée à autre chose qu’à forger son destin et laisse donc le champ libre à ceux qui savent mieux compter et mieux opprimer.
Triste constat.
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