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Hazel O'Connor à Paris : émotion et générosité

Par Titus @TitusFR

Théâtre de Nesle, Paris, samedi 25 septembre, 18 h. Une ruelle nichée en plein coeur historique de la capitale, non loin de la Seine. Quelques poignées de spectateurs attendent patiemment dans le lobby. Ici, nul besoin de service de sécurité. Deux imposantes statues mélanésiennes encadrent l'entrée et suffiraient sans doute à intimider le moindre fauteur de trouble. Les conversations s'engagent naturellement. L'un, fan de la première heure, a apporté sa copie vinyle de "Breaking Glass" pour se la faire dédicacer après le show. Un autre arbore une jolie crête argentée que n'aurait sans doute pas reniée Kate, la punkette interprétée par Hazel dans le film qui l'a révélée au monde. Les gens du théâtre sont cool. Qui a dit que Paris était une ville pressée ? Ici, nous pourrions presque oublier le temps qui passe et, d'ailleurs, est-il possible que trente années se soient déjà écoulées depuis la sortie en salle de "Breaking Glass" ?.

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Dans cette très vieille demeure, le théâtre est situé en sous-sol. Nous empruntons un imposant escalier de pierre jusqu'à la petite salle intimiste de 80 places et nous frayons un chemin jusqu'à la scène située en contrebas. Trois jolies blondes vêtues de noir font peu après irruption sur la scène minuscule. Clare Hirst, ancienne saxo de Bowie, et Sarah Fisher, ex-pianiste des Eurythmics, précèdent Hazel de quelques pas. Le concert peut commencer. "Ce soir, nous avons décidé de vous jouer plus de chansons de "Breaking Glass" parce que c'est le trentième anniversaire de la sortie du film", explique Hazel. Cette dernière a un petit côté Piaf dans le réalisme dont elle habite ses compos. L'acoustique est exceptionnelle, semblable à celle d'une chapelle bretonne. Les tubes s'enchaînent, l'un après l'autre, Hazel se chargeant d'expliquer, avec humour et dans un français parfois approximatif mais qu'importe, la genèse de chacune des chansons. L'émotion est au rendez-vous, notamment lorsqu'elle entonne son tube planétaire, "Will you", appuyé par un langoureux solo de sax de Clare Hirst. Le public applaudit à tout rompre, chante aussi lorsqu'on le lui demande. Les voix du trio sont au diapason. Celle d'Hazel, rauque et légèrement éraillée, à mi-chemin entre Marianne Faithfull et Térez Montcalm, s'enrichit de celle, chaude et profonde, de Sarah Fisher, et de celle, plus claire, de Clare Hirst. L'entente est manifeste entre elles. D'un naturel charismatique et généreux, Hazel mène le bal sans jamais accaparer toute la lumière. A plusieurs reprises, elle va jusqu'à quitter la scène ou s'écarte du faisceau du projecteur pour permettre au public d'apprécier à leur juste mesure les prestations de ses accompagnatrices. Après deux rappels interprétés dans l'euphorie générale, c'est déjà l'heure, hélas, de remonter à la surface (au sens propre comme au sens figuré). Mais ce n'est pas encore fini. Lorsque nous regagnons le lobby, les trois musiciennes sont déjà là pour saluer leur public d'un soir. Le trio se montre d'une disponibilité exceptionnelle. Quelques séances photo, avant qu'Hazel ne puise dans un carton quelques cadeaux qu'elle distribue aux fans de la première heure. Générosité, disais-je ?

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"The Bluja Project" : la belle revanche d'Hazel

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Souvenir d'une salle obscure en 1980, à Tahiti. J'avais 13 ans, elle devait en avoir 25. J'étais sorti du cinéma tout retourné. Hazel O'Connor, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, crevait l'écran dans "Breaking Glass", un film réalisé par Brian Gibson, où elle interprète le rôle principal et qui lui permit de recevoir sa première ovation debout à Cannes. Ce film-culte des années 80 avait fait d'elle une icône en quelques mois. Il faut dire qu'en plus de (bien) jouer la comédie, la jeune artiste signait du même coup l'intégralité de la BO du film. C'était la première fois, dans l'Histoire, qu'une bande originale était ainsi composée, écrite et interprétée par une femme. Un coup de maître pour un premier essai !

Au moins cinq titres de cette BO ont connu un succès international : "Eighth day", "Calls the tune", "Writing on the wall", "Give me an inch" et en particulier "Will you", dont le solo de saxophone résonne encore aujourd'hui dans beaucoup de coeurs !

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Depuis lors, Hazel O'Connor n'a pas connu que le succès. Quelques déboires avec sa maison de disques auraient même pu l'inciter à changer de métier. Mais la traversée du désert aura, somme toute, été de courte durée. Hazel s'est accrochée, avec une belle persévérance. Du côté du petit écran, elle a tourné dans une série britannique à succès intitulée "Fighting back". Côté musique, elle n'a jamais cessé de tourner.

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Elle présente notamment, au côté de la harpiste Cormac De Barra, son spectacle autobiographique "Beyond the breaking glass", qui a été très bien accueilli par la critique. Avec sa formation rock de Coventry, "The Subterraneans", elle reprend aussi très régulièrement les tubes de "Breaking glass", et les chansons de ses albums suivants : "Sons and lovers", "Cover plus", "Smile". Un double album live enregistré à Brighton, "Fighting back", a même été publié en 2005. Parmi ses autres albums, "Hidden heart", où elle reprend des chansons de David Bowie. Une compil, "A singular collection", a aussi vu le jour en 2003.

En 2009, Hazel a aussi participé à la tournée "Here and now", se représentant dans les stades britanniques aux côtés d'autres stars internationales tels Kid Creole, Kim Wilde ou Midge Ure (Ultravox).

Parallèlement, elle s'est associée à deux autres artistes confirmés, la saxophoniste Clare Hirst (qui a joué, entre autres, avec les Bellestars, les Communards et David Bowie) et la pianiste Sarah Fisher (Eurythmics, Sax in the city) pour fonder le "Bluja Project". En plus de revisiter les plus grands succès d'Hazel façon jazzy, le trio livre une interprétation sensuelle de standards indémodables, à l'instar de "Summertime", "Stormy Weather" ou "God bless the child". Un premier album, "The Bluja Project", a déjà vu le jour cette année, et "un second est d'ores et déjà en préparation", assure Sarah Fisher.


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