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Rajko Djurić

Par Florence Trocmé

 
 
Rajko Djurić est un poète Rom (ou Rrom) de Serbie né en 1947. Après des études de philosophie à Belgrade, il se consacre à l’étude et la mise en valeur de la culture de son peuple en tant que journaliste, historien, sociologue, activiste. Il est aussi coscénariste de plusieurs films dont Le Temps des gitans d’Emir Kusturica. Opposant à Milosevic pendant la guerre en Yougoslavie il doit partir plusieurs années en exil à Berlin et y publie en allemand ses principaux ouvrages scientifiques. Revenu en Serbie, il a été président de l’Union Rrom internationale. Dans son livre sur l’histoire de la littérature des Tziganes (ou Gitans), Rajko Djuric explique qu’elle a longtemps été orale, constituée essentiellement de contes et chansons, et qu’elle n’est devenue vraiment écrite qu’au XXe siècle, d’abord dans des poèmes. Il note que des thèmes récurrents en sont le nomadisme, la persécution, les relations entre Gitans et Gadjé (non-Gitans), et la vie de la communauté. Seule une partie de cette littérature est écrite en langue romani (ou romanès) car de nombreux auteurs rroms écrivent dans la langue de leur lieu d’accueil. Deux difficultés pour étudier cette littérature sont que les œuvres, à petit tirage, sont dispersées dans de nombreux pays et que la langue romani a beaucoup de variantes dialectales avec des emprunts linguistiques aux pays traversés. Le romani, qui s’est maintenu envers et contre tout, est donc la langue parlée par les Gitans depuis le début de leur migration à partir de l’Inde du Nord vers le xe siècle, et est une langue indo-européenne qui s’est nourrie des cultures visitées : le persan et le grec avant le Moyen-âge, et les autres langues européennes ensuite. Une des classifications possibles distingue trois groupes : la branche atlantique (Espagne, Angleterre), le romani commun des manouches et Sinti (France, Allemagne, Italie), et la strate des pays de l’Est (Roumanie, Hongrie, Balkans).  La langue de Rajko Djuric est le romani de Serbie, mais, conscient de sa position représentative pour son peuple, il tente d’en faire une langue de culture, ce qui la détache parfois de l’oral par ses emprunts aux principaux dialectes romanis, par son abstraction inhabituelle, et par certains néologismes. Le livre de Rajko Djuric Sans maison, sans tombe est une anthologie choisie par lui, avec les poèmes originaux en romani, en regard des traductions françaises, ainsi qu’une longue interview de l’auteur. 
 
Bibliographie sélective : 
 
  - En français : 
Sans maison, sans tombe, bilingue romani-français, traduit par Marcel Cortiade, L’Harmattan, Paris 1990 (poésie) 
Les Rêves de Jésus-Christ, traduit du serbo-croate par Mireille Robin, N&B, Tournefeuille 1996 (prose poétique) 
Malheur à qui survivra au récit de notre mort, traduit du serbe par Mireille Robin, N&B, Tournefeuille 2003 (poésie) 
Les Rroms dans les belles-lettres européennes, L’Harmattan, Paris 2004 (essai) 
 
  - En allemand : 
Ohne Heim, ohne Grab, Aufbau, Berlin 1996 (histoire du peuple tzigane) 
Märchen und Lieder europäischer Sinti und Roma, Lang, Francfort 1997 (anthologie de contes et chansons tziganes) 
Die Literatur der Sinti und Roma, Parabolis, Berlin 2002 (histoire de la littérature tzigane) 
 
Sitographie : 
Photo, biographie et textes de Rajko Djuric sur un site de culture tzigane : 
 
par Jean-René Lassalle


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