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C'est pourtant pas la guerre, de Maryline Desbiolles

Publié le 27 septembre 2010 par Onarretetout

cestpourtantpaslaguerreOn va démolir le quartier. Maryline Desbiolles est invitée à en rencontrer des habitants avant qu’avec des explosifs on en fasse tomber les immeubles. « C’est pourtant pas la guerre », leitmotiv entendu tout au long de ce livre qui fait le portrait d’une dizaine de personnes, et n’oublie pas le repas, « la nappe de la table où j’ai écrit les paroles se souille de graine répandue, d’éclaboussures de bouillon, de gouttes de vin, sans salissure pas de fête, pas de rire, pas de langue déliée, et le livre est ouvert, largement, sur ces reliefs ».

Dix personnes disent la difficulté de vivre dans ce quartier de Nice qui porte le nom d’Ariane. On dit « l’Ariane », un quotidien de misère, de violence, d’abandon. Des visages dont on se souvient, comme celui d’Andrée à la voix rauque, des gestes fragiles, comme ceux de Gh’zala, gestes de danseuse qui porte ses enfants « au-devant d’elle », les souvenirs de monsieur M’Boup, qui récite un poème ou un extrait du Cid, appris à l’école au Sénégal où il est né. Et d’autres, hommes ou femmes, dont elle témoigne en s’engageant elle-même dans le quartier, découvrant le « carré des fusillés » près de la rivière et réinventant, au contact des vivants, l’histoire d’Ariane et de Thésée.

Maryline Desbiolles brasse dans ce recueil l’Histoire et les histoires, et se souvient, avec la dixième voix qu’elle nous fait entendre, « des feuilles de marronnier auxquelles on aurait enlevé la chair verte pour qu’apparaissent les arêtes. J’aime bien cette occupation minutieuse, l’épluchage des feuilles de marronnier et l’apparition des poissons ».


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