Cela fait un moment que je n'ai pas narré mes mésaventures de par le monde, et vous raconte aujourd'hui une histoire qui date de 1997. Treize ans déjà, et un souvenir limpide des événements, avec comme témoin et acteur des faits à mes côtés l'ami Brassica.
Agés de 20 ans à l'époque, nous étions parti au cinéma à Disneyland et avions une mission très simple pour le reste de la journée: faire le tour des hôtels et ramener de la documentation pour de la famille à Brassi qui comptait y séjourner quelques jours. On peut s'y rendre à pied ou par navette, mais comme on était jeunes et fringant on a pris l'option de la marche. Puis vint l'idée de génie (je ne sait plus lequel de nous deux était le "génie") de visiter aussi le camping situé beaucoup plus loin. Là, bus indispensable. On se met à l'arrêt, le bus arrive - bien moins aguichant que ceux des hôtels - on est les seuls à y monter avant qu'il ne reparte. Le chauffeur, sympathique, tape la discute avec nous. Puis dépasse un auto-stoppeur le pouce bien levé, et éprouve le besoin de se justifier auprès de nous avec un "je l'aurai bien déposé, mais je n'en ai pas le droit"; et nous d'acquiescer, évidemment. Après avoir traversé 5 Km de campagne, on arrive enfin au David Crocket Ranch, passons par un gros portail genre entrée de service, et sommes déposés au milieu de nulle part. Pas d'entrée principale, pas d'acceuil, seulement un champs de patates et les mobil-homes de l'autre côté. On traverse les cultures en en sortant les godasses pleines de gadoue, visite enfin le camping; mais nous ne trouvons aucun centre information, aucune brochure à ramener... et retournons à l'arrêt du bus bredouille. Et c'est là que tout part en cacahuète (ou plutôt on commence à s'en rendre compte).
Aucun bus ne passe. Aucun poteau ne marque l'arrêt. Le portail d'entrée est refermé. Autours de nous, le vide, le silence. La quatrième dimension. Puis on aperçoit une famille qui dîne, on se regarde mutuellement. Le monsieur (gérant du camping, en fait) nous demande ce que l'on fait ici, et nous répondons innocemment qu'on attend le bus pour retourner vers le parc. "Celà fait 1 an qu'il n'y a plus de navette pour les touristes!" qu'il nous dit, "WTF?!" qu'on répond. "Qu'est-ce que vous êtes venus faire ici?" "Ben, on visite". Mauvaise réponse. Après avoir pensé à appeler la gendarmerie pour virer les deux intrus que nous étions bien malgré nous, il se ravise et demande à un employé de nous raccompagner. Tout s'est bien terminé pour nous, peut être moins pour le chauffeur de bus qui nous avait emmené. Et nous pensons encore aujourd'hui à un certain auto-stoppeur et à une réflexion à haute voix: "je l'aurai bien déposé, mais je n'en ai pas le droit"... VDP