On apprend en premier lieu que Bruno Gollnisch est boudé par les jeunes du Front National réunis en « universités d’été » bien tardives. Il y a donc des jeunes au FN et ils ne veulent plus de la vieille garde. Pour elle c’est l’automne : «Je n’ai pas été invité, ce qui me surprend un peu», regrette l’éternel second. «J’ai été à toutes les universités d’été depuis 20 ans et je suis vice-président de ce parti», fait-il valoir sans autre commentaire. Ce passé et ce vétéran feraient pourtant bien l’affaire de toutes les formations politiques d’un bout à l’autre de l’échiquier.
On découvre une Marine Le Pen d’allure beaucoup plus fréquentable, qui incontestablement a beaucoup travaillé sa communication, son « apparence », qui refuse de s’engager sur des thèmes souvent uniques pour le père et qui manifestement a su se précipiter dans une brèche béante : la situation économique et sociale, la « malignité » de l’Europe et de la mondialisation, avec des mots qui font choc.
Contrairement au père, ne dominant pas du tout ces sujets, elle donne à croire qu’elle les connaît et emploie les mots et les références adaptées. Le débat change de nature en apparence avec cette femme et elle risque de séduire bien au-delà du réservoir habituel de l’extrême droite.
Hier soir, sur la 5, elle a dévoilé un bel échantillon de cette nouvelle approche. L’animateur de l’émission en est resté plusieurs fois sans voix, accusant le coup et semblant tout à coup découvrir de nouveaux enjeux et périls.
Si, comme dans de nombreux pays européens, une nouvelle droite radicale est en train de naître, à l’image de ce qui vient de se passer en Suède, mais on pense également à de nombreux pays de l’ex URSS, Marine Le Pen a parfaitement retenu les leçons et s’investit dans une voie similaire : banalisation des thèmes d’accroche habituels du Front devenus des « seconds rôles » et relookage du discours et de l’image.
Cette note risque de déclencher l’ire et les quolibets de ceux qui ne veulent pas regarder les choses en face : ils diront que la xénophobie est toujours là, que l’alternative économique n’est toujours pas réaliste et clairement exprimée, que Marine Le Pen ne change rien aux fondamentaux du FN. Certes, mais ils auront tort de ne pas prendre au sérieux ce changement dans le ton et la présentation du vieux parti frontiste. Le salut, pour les partis de gouvernement, pourrait résulter d’un sursaut traditionnaliste des militants du FN, préférant le hiérarque à la blonde … C’est possible, mais peu probable.
En l’absence de « miracle », tous devront compter avec cette nouvelle (Ma)donne en 2012 … tous !