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A NOUS de juger sur les retraites : Chabot et Boissonnat, porte-paroles de l’UMP

Publié le 27 septembre 2010 par Letombe

A NOUS de juger sur les retraites : Chabot et Boissonnat, porte-paroles de l’UMPAvec un entêtement que l’on pourrait juger admirable s’il n’était proprement scandaleux, malgré les millions de Français dans la rue et les sondages donnant 70% d’entre eux opposés à la contre-réforme des retraites, les hommes du gouvernement et leurs soutiens du parti minoritaire continuent de répandre leur propagande mensongère partout : en résumé, « on n’a pas d’autre choix que d’augmenter la durée du travail, sans cela le système ne sera plus financé, on ne peut toucher aux recettes, augmenter les impôts des riches ni taxer davantage les stock options et les profits des grandes entreprises sans causer immédiatement des délocalisations massives et ceux qui prétendent le contraire sont des irresponsables. » Ainsi vont-ils, en force, faire ce magnifique cadeau au Medef de voler aux salariés leurs deux meilleures années de retraites, celles où ils ont une chance d’être encore en bonne santé, pour engraisser une petite minorité d’actionnaires et de membres de l’oligarchie économique et financière. Face à ce rouleau compresseur de désinformation, il faut pointer le rôle des grands médias : quel journaliste objecte aux tristes Xavier Bertrand ou autres Jean-François Copé qu’ils mentent lorsqu’ils prétendent qu’il n’y a pas d’alternative ? Qu’ils truquent les chiffres ? C’est facile de dire n’importe quoi quand on n’est pas contredit par ceux dont le métier consiste censément à rappeler les faits. Exemplaire et même caricaturale de cette complicité médiatique, l’émission télévisée du service public à laquelle nous consacrons le long article ci-dessous.

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Dans le genre journalisme à-plat-ventriste fait figure de nouveau modèle l’émission du jeudi 9 septembre de France 2, le numéro d’ A vous de juger consacré aux retraites : le duo Arlette Chabot-Jean Boissonnat a livré une prestation de si haute volée qu’il conviendrait de projeter le programme dans toutes les écoles de journalisme pour illustrer ce qu’il ne faut pas faire, sous peine de perdre toute crédibilité. Retour sur un flagrant délit.

On avait déjà vu à l’oeuvre en juillet dernier David Pujadas, servant la soupe à Nicolas Sarkozy en le laissant proférer sans jamais le contredire une invraisemblable collection de contre-vérités (L’effarante machine à mentir). Quand Arlette Chabot, fraîchement débarquée de son poste de directrice de l’information de France 2, reçoit le Premier ministre dans un numéro d’ A vous du juger consacré aux retraites, elle affiche strictement la même déférence. Mais la différence entre les deux émissions réside dans la présence de Ségolène Royal dans le second programme, venue apporter la contradiction, qui a rendu flagrante – comme le nez au milieu de la figure – la partialité de la « journaliste » de France 2, en l’occurrence secondée par un Jean Boissonnat sur la même ligne idéologique. A 81 ans, les interventions du fondateur de L’Expansion n’ont certes pas milité en faveur de l’allongement de la durée du travail ! Durant sa demi-heure de « pédagogie », comme la quasi-totalité des médias l’ont qualifiée, François Fillon put dérouler tranquillement son argumentaire sans jamais être mis en difficulté par nos deux passe-plats. Il y en aurait eu, pourtant, des choses à redire ! Cet usage du mot « pédagogie » est révélateur de la complicité médiatique insensée dont bénéficie le gouvernement. Est-ce faire preuve de « pédagogie » que d’égrainer sans cesse des arguments spécieux, péremptoires ou carrément mensongers ? Les vrais pédagogues apprécieront.

Les comparaisons internationales ? Fillon ne nous parle que de l’âge légal du départ à la retraite, ni de sa réalité effective, ni du nombre d’années de cotisation. Et Chabot-Boissonnat 

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qui ne rectifient rien. Devant sa télévision, le socialiste Gérard Filoche écume, multipliant les messages rageurs sur Twitter. « La moyenne réelle dans la vie réelle d’annuités cotisées par les salariés aujourd’hui en France c’est 36,5 annuités », rappelle-t-il. Sarkozy la fait passer à 41 et il prétend ne pas vouloir baisser les pensions : mensonge ! « C’est vouloir faire sauter les salariés à la perche sans perche ! », image Filoche. Les trois et demie annuités qui manquent, qui entraîneront une décote, ne feront-elles pas mécaniquement baisser le montant des retraites ? Et ce serait pire ailleurs, dans tous les grands pays européens ? Faux ! « 35 annuités en Allemagne, 35 en Italie, en Espagne, et 67 ans en 2029 et 2027 !, rectifie Filoche, 41,5 et 67 ans en France en 2018 ! » Et Chabot qui ose : les comparaisons, l’exemple allemand, « personne n’est d’accord ». Mais bosse tes dossiers, cocotte ! Quel aveu d’incompétence : le rôle d’un journaliste n’est-il pas de rappeler les faits pour éclairer le débat ? Si « personne n’est d’accord », c’est parce que Fillon ment ! « Il faudra faire une autre émission. » C’est ça, Chabot… Et cette fois, tu contrediras la propagande gouvernementale, peut-être ? Tartuffe ! Les faits sont pourtant connus, rappelés dans
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l’hémicycle par la députée socialiste Marisol Touraine, citée par La Croix : « Comparons ce qui est comparable. Vous nous dites que chez nos principaux voisins, l’âge de départ à la retraite est de 65 ans, mais chez nous aussi : c’est l’âge de départ sans décote ! (…) C’est tellement vrai que si l’on se penche non plus sur les âges légaux mais sur l’âge effectif, celui auquel les salariés quittent le marché du travail, la proximité des situations en Europe est frappante : 61,5 ans en France, la même chose en Espagne, 62 en Allemagne. (…) Regardons de plus près comment cela fonctionne (…). Qu’en est-il en Allemagne ? On peut partir avec 35 annuités de cotisation contre 41 chez nous. »

Le Premier ministre pouvait bien s’afficher imperturbable, il n’était nullement perturbé, face aux seuls deux journalistes gobe-mouches puisque Fillon avait refusé de débattre avec Ségolène Royal – « A Matignon, on affirme que «la question ne s’est pas posée pour François Fillon : un Premier ministre ne débat pas, sauf éventuellement en période électorale» , cite Libération. Aussi parle-t-il tranquillement de l’augmentation de l’espérance de vie qui, d’évidence, justifie sa réforme. « Espérance de vie en bonne santé : 63 ans pour les hommes, 64 ans pour les femmes, les députés UMP pourris ont volé nos deux meilleures années », tempête Filoche. Et pourquoi ne pas davantage taxer les entreprises, les revenus du capital. « Délocalisations », assène Fillon, débitant son mantra libéral. Et les riches ? « Fiscalité confiscatoire », objecte sans plaisanter le représentant de l’Union pour une Minorité de Privilégiés. Qu’il nous rappelle le taux d’imposition réel de Liliane Bettencourt ? 21%, pour mémoire, et on lui rembourse en plus 30 millions d’euros au titre du bouclier fiscal ! Les ectoplasmes Chabot et Boissonnat ne bronchent toujours pas, buvant les paroles de

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l’évangile gouvernemental. Pourquoi ne pas envisager de modifier le financement des retraites, au lieu de toujours rendre les arbitrages gouvernementaux, dans tous les domaines en faveur des grosses entreprises, des banques, des privilégiés et au détriment du petit peuple salarié ? La question ne sera pas posée. Pas plus que ne sera remis en cause le dogme de la nécessité de travailler plus longtemps à cause du déficit d’actifs, lié à la démographie, pour financer les retraites de demain. Or il s’agit d’un nouveau mensonge, comme l’explique clairement David Larousserie, journaliste à Sciences et Avenir, dans Le nouvel observateur : « En 1960, rappelle le site du gouvernement retraites2010.fr, quatre actifs cotisaient pour un retraité. En 2010, ce ratio est de 1,8. En 2050, il sera de 1,2. Le problème économique apparaît donc flagrant. Mais si tout n’était pas si simple ? Les actifs de demain ne seront pas, en effet, les actifs d’hier, car leur productivité et leur richesse auront augmenté… ce qui, en toute logique, rend le problème moins aigu que si la situation restait figée. C’est donc à l’aune de la situation du pays en 2050 – et non en 2010 – qu’il faut considérer ce ratio. Or, le COR (Conseil d’orientation des rtetraites, NdA) lui-même base ses projections sur une productivité croissant d’un peu moins de 2% par an, sachant que 2% d’augmentation annuelle correspondent à un doublement de la richesse en trente-cinq ans ! Il serait donc plus juste de parler d’un peu plus de 2 actifs – et non de 1,2 – cotisant pour un retraité en 2050, soit une situation analogue à celle d’aujourd’hui. On peut aussi comparer 2010 et 2050 en estimant l’ampleur des besoins de financement par rapport à la richesse effectivement produite, en utilisant par exemple le produit intérieur brut (PIB) qui est un indicateur – certes imparfait – de la richesse d’un pays. Ainsi, selon le COR, les besoins de financement en 2050 varient entre 71,6 et 111,4 milliards annuels, contre 10,9 milliards en 2008. La différence peut sembler énorme. Mais en utilisant le PIB, la représentation change. En 2008, les dépenses de retraites représentaient 13,4% du PIB (et le déficit 0,6%) alors que cette fourchette se situerait, selon le COR, entre 14,3% et 15,7% (entre 1,7 et 3% pour le déficit) en 2050. Il faudrait donc consacrer en 40 ans entre 0,9 et 2,3 points de richesse supplémentaire pour financer les retraites. Or, c’est moins que l’effort consenti entre 1980 et 2010, lorsque le pays est passé de 10,1% du PIB à près de 13,5%. » Mais de cela, il ne sera pas question sur le plateau d’A vous de juger. Si le rôle d’un journaliste est de rappeler les faits pour éclairer le débat, les choses sont claires : ni Chabot, ni Boissonnat ne le sont !

Ils ne contrarieront pas davantage le Premier ministre lorsque seront évoqués les récents scandales d’Etat. Bernard Tapie ? « Il y a une décision de justice », répond Fillon. Personne bien sûr pour objecter qu’il s’agissait d’un tribunal arbitral privé, qui a déjugé la Cour de cassation et accordé 45 millions pour préjudice moral alors que, dans le cas de la mort d’un enfant, on en attribue 30 000 ! A la place d’intervieweurs, deux bénis-oui-oui jusqu’à la caricature lorsqu’est abordé le cas personnel du ministre du Travail, spécialiste du mensonge hors-catégorie, Eric Woerth : « en quatre mois, personne n’a pu trouver une seule faute qualifiable, prétend le Premier ministre, à part demander la Légion d’honneur. » Enorme ! Va-t-on objecter que Woerth avait d’abord prétendu n’être pour rien dans l’attribution de la décoration et qu’il a donc (encore) menti ? Vous rêvez. Ensuite, pour qui demande-t-il la Légion d’honneur et pour quelle raison ? A un donateur du fameux Premier cercle pour services rendus à l’UMP, voilà ce que tairont Chabot-Boissonnat. « Aucune faute qualifiable » ? Trafic de décoration pour commencer – en plus de Maistre, n’oublions pas le commissaire aux comptes des ses campagnes électorales ! Conflit d’intérêts,

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pour suivre. Et les 150 000 euros (au moins) perçus en liquide pour financer illégalement la campagne présidentielle de Sarkozy ? Pour s’assurer qu’il n’existe « aucune faute qualifiable », ne conviendrait-il pas de nommer un juge d’instruction indépendant, au lieu de laisser l’enquête entre les mains de Courroye-de-transmission, procureur aux ordres du pouvoir, ami du président ? Manifestement, Chabot-Boissonnat ne sont pas là pour contrarier le Premier ministre mais pour le laisser botter en touche et diffuser ses mensonges.

Changement de ton par contre lorsque vient le tour d’une pugnace Ségolène Royal (son intervention intégrale est en vidéo ici), tenant pour l’occasion un réjouissant discours franchement de gauche : agressive, Chabot multiplie les coupures de parole et ses questions sont autant d’arguments tout droit puisés dans la propagande gouvernementale. « On a toujours dit que le Parti socialiste, il avait un problème avec les retraites, quoi. » Qui est « on » ? « Il n’a pas osé réformer, c’est ce que rappelait François Fillon, c’est la droite qui a réformé les retraites, pourtant c’était nécessaire… » La réponse de Royal est assez nulle (« parce que les socialistes sont exigeants, ils veulent dire la vérité »). Elle aurait dû rappeler que Lionel Jospin avait expliqué que le sujet était suffisamment important pour être l’un des enjeux de l’élection présidentielle. Il avait donc annoncé la réforme des retraites s’il était élu. A mettre en parallèle avec un Sarkozy qui promet à plusieurs reprises de ne pas toucher à la retraite à 60 ans, à la fois dans ses engagements de campagne et même une fois élu, pour finalement imposer sa scélérate réforme, en fourbe donc autant qu’en force, la présentant – puisque ce n’est jamais le culot qui lui fait peur – comme LA réforme la plus importante de son quinquennat ! Autre argument directement recyclé de l’UMP, ce que Royal lui fera du reste remarquer, cette question de Boissonnat : « Comment se  fait-il qu’autour de nous, tous les pays qui ont les mêmes problèmes que les nôtres, aucun, aucun n’a aujourd’hui ces possibilités ? (de partir à la retraite à 60 ans, NdA) Comment expliquez-vous cette étrange chose que la masse des pays qui nous entourent n’imagine pas un instant établir cette faculté que vous réclamez pour la France ? » Chabot enchaîne sur l’exemple espagnol et Royal saisit la balle au bond pour la recadrer sur ce point et rétablir la réalité : on ne peut dire que tous les autres pays font la même chose puisque notre droite, en allongeant la durée de cotisation ET en reculant l’âge du départ, en une sorte de double peine, va nous imposer de faire pire ! Il était pertinent de le préciser, mais la réponse à la question de Boissonnat en est escamotée. Réparons cette lacune : si le mouvement général qu’impulsent les gouvernements occidentaux va effectivement vers un allongement de la durée du travail, c’est que le capitalisme libéral mondialisé règne. Faut-il pour autant l’accepter, cela empêche-t-il d’opérer un autre choix politique ? Si les moutons de Panurge sautent à la file indienne du sommet de la falaise, faut-il comme eux se suicider en masse ? On imagine l’ancêtre de Boissonnat, en 1789, objecter aux révolutionnaires : « Comment expliquez-vous qu’aucun des pays qui nous entourent ne choisisse votre République et ses valeurs d’égalité, de fraternité et de démocratie ? » A ce compte-là, le monde vivrait toujours sous les régimes dictatoriaux des monarchies absolues de droit divin ! La comparaison est loin d’être absurde : la droite nous impose le retour à l’Ancien Régime, la noblesse étant simplement remplacée par l’oligarchie des grandes fortunes, comme elle héréditaire à cause de la quasi-suppression des droits de succession.

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Chabot attaque ensuite : « On vit plus longtemps, vous dîtes vous-même que c’est un problème, quand même, l’allongement de la durée de vie, il faut en tenir compte… Il n’y a pas de miracle socialiste français, quand même ! On vit plus longtemps, on s’inscrit dans l’allongement, ben voilà, l’augmentation des annuités. » Ben voilà, tu l’as dit : le bel argument d’autorité que voilà ! Et pourquoi, au nom de quelle loi, si l’on vit plus longtemps, devrait-on travailler de même ? Escamoté, le débat philosophique sur le devenir souhaitable de l’humanité : l’émancipation consiste-t-elle à trimer toujours plus tard, et dans quel état physique et psychologique, pour nourrir de sa sueur et de son sang la machine à générer des profits indécents pour quelques-uns, l’immense majorité étant sacrifiée ? Pour Chabot, la question ne se pose pas : « ben voilà ». Notez que c’est exactement – amusante coïncidence ! – ce que nous serinent jusqu’à la nausée ces voleurs de retraite de l’UMP. Las, Royal admet être en faveur de l’augmentation des annuités (41,5 ans en 2020), trahissant la social-traîtrise du Parti solférinien – on évitera ici le mot « socialiste » : calculez vous-même à quel âge il faut commencer à travailler pour se retirer à 60 ans avec 41,5 années de cotisations. Mais revenons à notre zélée porte-parole sarkozyste : lorsque Royal préconise de « faire cotiser les revenus du capital, parce que le capital… », elle ne peut terminer sa phrase, Chabot la coupant brutalement, l’air excédé : « C’est taxer les riches, c’est-à-dire on a l’impression que, voilà, taxer les riches c’est le miracle et on va régler le problème des retraites… Il y a quand même beaucoup d’argent à trouver, non ? » C’est à ce moment précis que Royal lui rétorquera un magnifique : « Et taxer les pauvres, c’est le miracle ? » (vers la 22e mn de la vidéo). Beaucoup d’argent, Chabot ? Certes, mais « Les 500 premières familles de ce pays, elles pèsent 194 milliards d’euros, 500 familles… En France, il y a 380 000 millionnaires en euros. (…) Ne les croyez pas : la France n’a jamais été aussi riche », proteste Gérard Filoche, reprenant les données officielles de l’Insee. Donc les ressources sont
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bien là, mais Chabot ne veut pas le savoir, qui poursuit en une réponse incroyablement caricaturale de la doxa
gouvernementale : « Est-ce que c’est pas un discours un peu archaïque ? C’est ce qu’on reproche. On dit, au fond – c’est ce que dit l’UMP -, c’est le choc fiscal que propose le Parti socialiste. » Notons comment la « journaliste » de France 2 passe du « on » à l’UMP, avec le sous-entendu ainsi suggéré que l’UMP le dit mais que tout le monde sait bien qu’elle a raison, ainsi que l’expression « choc fiscal ». Diable, c’est vrai que ça fait peur, rendez-vous compte, le « choc fiscal » ! Royal aura beau jeu de lui rétorquer : « Pour l’UMP, tout ce qui est justice sociale est archaïque », ce qui est rigoureusement exact. C’est même ainsi que ces imposteurs se revendiquent d’une improbable « modernité ».

Au tour du pitoyable Boissonnat d’entrer dans la danse. Aux alentours de la 23e mn, il met en garde contre la baisse des retraites

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survenue en Suède, qui a fait le choix d’un départ en quelque sorte « à la carte ». Ce qui fait écrire à Corinne Lhaik, rédactrice en chef du service France de L’Express : « Au milieu d’une litanie d’approximations et de contre-vérités, l’ex-candidate à la présidentielle trouve « modérée », donc acceptable, une baisse des retraites de 3%, celle que la Suède a dû imposer à ses retraités l’an dernier et cette année ! Ségolène Royal s’est laissée piéger par Jean Boissonnat qui a souligné les risques du système de libre choix adopté par la Suède et dont la socialiste française veut s’inspirer. » Des propos si scandaleux qu’ils devraient valoir à son auteure le goudron et les plumes ! Piégée, Royal ? Foutaise ! Ou Lhaik a éteint sa télé sitôt la phrase de Boissonnat prononcée, sans entendre la réplique de Royal, ou elle désinforme purement et simplement. Qu’a donc en effet répondu la candidate de la présidentielle de 2007 ? « Il faut quand même comparer cette baisse de 3%, qui est quand même très modérée, à la baisse de 20% qu’ont connue les niveaux de pension en France depuis les réformes Balladur et Fillon. » Est-ce donc se faire piéger que de préconiser un système ayant abouti à une baisse de 3% plutôt que celui qu’impose la droite, qui a en réalité, en cumulant les deux précédentes réformes, abouti à une baisse de 15% exactement (Royal a un peu gonflé le chiffre), soit… cinq fois pire ? Honte et laisse d’or à la rédactrice en chef de L’Express !

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Venons-en enfin à l’un des morceaux de bravoure de l’émission, lorsque Boissonnat s’est piqué de prendre fait et cause pour le Medef ! Royal avait au préalable finement fait observer : « S’ils voulaient vraiment protéger la retraite par répartition, on entendrait protester le Medef ! Car vous ne trouvez pas qu’il y a quand même quelque chose de très étrange : dans ce débat, on n’entend pas le Medef. Pourquoi ? (…) Parce que la réforme de François Fillon est la réforme du Medef. (…) La retraite, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. (…) Lorsque aujourd’hui un jeune de vingt/vingt-cinq ans/trente ans cotise, il ne sait pas s’il va avoir une retraite. Il se dit : « je vais peut-être être obligé de m’assurer tout seul ». Et moi, je ne veux pas de cela. Je ne veux pas que les salariés aient à la fois subi la financiarisation de l’économie, les dégâts de l’économie financière et aillent alimenter par leurs cotisations des fonds de pension qui, demain, vont peut-être faire faillite, qui vont à nouveau se balader au niveau de la planète des prédateurs pour racheter des entreprises, délocaliser etc. Ils seront deux fois victimes : victimes de la crise économique, victimes de l’incapacité des gouvernants à sauver la Sécurité sociale et victimes des banques, des assurances privées et des fonds de pension (ça fait trois fois victimes, Ségolène ! NdA) qui attendent, tapis dans l’ombre, de mettre la main sur ce pactole… » Chabot tente d’interrompre Royal mais elle est inarrêtable : « …et c’est bien pour ça que le Medef ne dit rien, parce que ces entreprises-là, elles sont au Medef, et le Medef se tait aujourd’hui et se cache parce que la réforme de François Fillon, c’est la réforme du Medef. » C’est à cet instant que prend place la grandiose envolée de Boissonnat : « Il ne faut peut-être toujours pas soupçonner le Medef de vouloir ruiner les Français, hein... (…) Moi j’ai rien au Medef et j’ai pas de raison de le défendre, mais je trouve que votre propos depuis quelques instants le désigne comme le coupable. Le Medef, c’est les entreprises françaises dans lesquelles il y en a sans doute beaucoup qui font du travail convenable et puis quelques-unes qui font du travail discutable… » (au bout de 30 mn de la vidéo). Mais oui, Boissonnat, c’est cela : le Medef ne défend absolument pas les intérêts des grosses entreprises au détriment des salariés, ça se saurait ! Tout à son angélisme patronal, le confrère en vient au déni de réalité.

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Que s’est-il en effet déroulé, peu après l’émission, à l’Assemblée nationale, dans ce réel que la propagande droitière veut nous cacher ? « Loin de sauver la retraite par répartition, la réforme du gouvernement contient de nombreux articles destinés à doper l’épargne retraite malgré les catastrophes qu’on a constaté en 2009, comme déjà en 2001, dans tous les pays qui avaient fondé leurs systèmes de retraite en priorité sur l’épargne individuelle. Mais en France comme ailleurs le lobby de la finance a les poches profondes et le bras long… »,  observe sur sa page Facebook le 15 septembre Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives économiques, commentant un article des Echos titré Retraite : la réforme va faire évoluer en profondeur l’épargne privée. Il y revient mercredi dernier, prenant cette fois appui sur un article de Juritravail, Levé de rideau sur les trois volets de la réforme de l’épargne retraite, qu’il décrypte ainsi : « Ce n’est pas l’aspect le plus médiatisé de la contre-réforme des retraites mais les mesures en faveur de « fonds de pension » à la française qu’elle contient sont d’une grande portée, malgré le désastre qui frappe actuellement les systèmes de retraites de ce type partout dans le monde du fait de la crise… » Tiens, tiens, ne sont-ce pas là les « tapis dans l’ombre » du Medef dont parlait Royal, offusquant Boissonnat et Chabot ? « Vous ne croyez pas François Fillon quand il dit qu’il ne veut pas d’un système faisant appel à l’épargne privée et que sa réforme va sauver les retraites par répartition ? », demandait en substance cette dernière à la présidente socialiste de région. « Et vous, vous y croyez ? », lui avait retourné Royal. Il ne fallait pas, évidemment, la preuve en est donnée par le texte voté le 15 septembre en première lecture à l’Assemblée. Les plumonautes le savent depuis longtemps, il ne faut jamais croire que que disent les UMPistes. Mais les citoyens français ne sont certes pas aidés à y voir clair par ceux qui font officiellement profession de les informer sur le service public télévisuel. Plus préoccupés en réalité de servir la soupe de façon indigne au gouvernement, participant ainsi à l’entreprise de manipulation permanente de l’opinion à coups de contre-vérités qui est le fondement du sarkozysme.

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Et nous ne sommes pas le seul à le dire, comme l’illustre le communiqué très saignant publié par le Syndicat national des journalistes-CGT et mis en ligne par Acrimed, qui fournit une excellente conclusion à cet article : « Nous avons assisté à une véritable opération de communication du gouvernement pendant plus d’une heure avec deux journalistes servant la soupe. Il est vrai que l’un d’entre eux (pourquoi était-il là ?) s’illustre depuis des années dans les journaux destinés aux entreprises et aux néolibéraux . D’où ces questions « pertinentes » : « votre métier de Premier Ministre c’est la pénibilité » ; ou encore : « la situation n’est-elle pas plus grave que ce que vous en dites ? », question permettant à François Fillon de répliquer « On est raisonnable ! » N’y-a-t-il pas assez de journalistes à France 2 pour inviter ce type d’intervieweur ? (…) Une flopée de contre-vérités même pas relevées par ses interlocuteurs : « C’est la réforme ou la réduction des pensions ; les prélèvements sont très élevés sur les entreprises ; 4 milliards demandés aux entreprises ; augmentation de la fiscalité sur les français les plus aisés ; le gouvernement est ouvert ; il y a le débat parlementaire ; on va taxer les stock-options ; taxer les riches, encore faut-il qu’il y en ait ; des mesures qui améliorent le sort des femmes ; aucun pays ne s’est autant engagé sur la pénibilité ; on travaille sur le rachat de trimestres ; Woerth n’a rien à se reprocher… » Et tout cela sans susciter de réaction. Non, vous ne saurez pas que les salariés vont assumer 85% de l’effort, que les précaires, les femmes, les jeunes vont trinquer ; que d’autres financements sont possibles ; que le problème c’est la perte d’emplois notamment industriels, que les patrons n’investissent plus mais spéculent à la bourse sans être taxés, que l’espérance de vie d’un ouvrier est inférieure de 7 ans à celle des cadres Il est vrai que les journalistes n’ont cessé de s’excuser : « Je ne voudrais pas être désagréable avec vous » ; « Jean vous a demandé de façon un peu brutale » ; « je ne peux pas ne pas vous poser la question » Une vraie interview mode ORTF ! Et rebelote avec Ségolène Royal pendant 40 minutes. La journaliste : « C’est la droite qui a réformé les retraites et pourtant c’était nécessaire » ; « Vous ne croyez pas que la réforme va sauver notre régime de retraite » ; « on vit plus longtemps, il faut cotiser plus longtemps » ; « le cancer de la plèvre, ça sera surement reconnu s’il va voir un médecin, le Premier ministre a assuré que ce sera pris en compte » ; « taxer les riches, c’est le miracle, c’est archaïque » ; « le gouvernement a amélioré la pénibilité » ; « Woerth a eu quelques oublis » (!!!). L’expert en entreprises en rajoute : « Les stock-options, c’est pas une masse de français » ; « Fillon intègre la pénibilité dans la réforme » ; « je ne suis pas sûr que 2/3 des plus de 55 ans au chômage aient été licenciés » ; « le ministre a quand même beaucoup reçu les syndicats, non ? » ; « si vous voulez plus de dialogue il ne faut pas toujours soupçonner le Medef de vouloir voler les français ; le Medef fait du travail convenable » Insert tableau-économique : on compare les montants des retraites en Europe entre pays dont le coût de la vie n’est pas comparable et les durées de cotisations en se trompant sur les chiffres (!), et la journaliste ose affirmer : « le niveau des retraites en France est assez élevé : 1600 euros pour les hommes, 900 pour les femmes » ! Merci pour eux ! Il faudra attendre les 25 petites minutes accordées à Thibault et Chérèque pour avoir quelques idées des contre-vérités déballées, après avoir visionné 25 secondes d’images non-signifiantes des 2 millions 500 mille manifestants. (...) Encore une fois le service public n’aura pas accompli sa mission. » C’est le moins que l’on puisse dire !

L’illustration montrant Fillon se lamentant que les caisses sont vides provient du blog Dessin direct et celle sur l’affaire Woerth-Bettencourt de Paperblog.

Relire dans les archives de notre rubrique Médias, liberté d’informer les articles Chez Arlette, cantine de la bonne soupe UMPiste (16 janvier 2010) et Médias serviles : un Sarkoshow qui tombe à pic (25 janvier 2010).

Plume de presse

à lire :

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