Souvenez-vous (je cite Pelloux) l’année dernière, de la mobilisation des sommités médicales contre la loi Bachelot et le plan de suppression de 4.000 emplois dans les hôpitaux de Paris. Et le Président de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP/HP), le Professeur CORIAT, menaçant de démissionner “si ce plan passe”. Mais, entre-temps, tous ces dignitaires sont allés petit-déjeuner et manger des tartines à l’Elysée, l’UMP voulant coûte que coûte garder le vote de ces docteurs. Au mois de juin dernier, pour la première fois depuis 150 ans, les médecins ont fait enlever la présidence du Conseil d’Administration -- devenu Conseil de Surveillance -- de l’AP/HP au Maire de Paris pour la donner à un proche de Sarkozy.
Coût final, la semaine dernière, ce Conseil de Surveillance, acquis au néo-libéralisme grâce à la nomination par l’UMP de “personnes qualifiées”, a voté le plan d’économies.
Aucun professeur n’a démissionné. En guise de faire-part de décès, le renvoi du Directeur Général de l’AP/HP qui va être remplacé par la Directrice du TGV à la SNCF ! … (…) Ne cherchez pas les fossoyeurs de l’AP/HP, ils sont PROFESSEURS !!! (fin de citation)
L’AP/HP est un Établissement Public de la Ville de Paris. Il exerce son rôle de Centre Hospitalier Régional sur Paris et l’Île de France, soit une population de plus de 12 millions d’habitants. Il a été crée en 1849. En chiffres, cela donne : 37 hôpitaux, 71.800 agents (dont 16.700 infirmiers), 20.660 médecins, 22.474 lits et 1.681 places de jour, 350 lits de réanimation et soins intensifs, 1 million de prises en charge en court séjour par an, 4.686 millions de consultations par an, 1 million d’urgences par an. Le budget prévisionnel 2008 était de 6,5 milliards d’euros (un prévisionnel est toujours un prévisionnel, il est fait pratiquement pour être dépassé, c’est le système comptable français qui le veut), ce qui fait que l’AP/HP est toujours en déficit, un peu comme le gouvernement qui prévoit une augmentation du PIB de 4 à 5% pour péniblement en réaliser 1,5.
Sa gouvernance est assurée par :
- Un Directoire composite à la fois politique et médical, soit 1 Directeur Général, 3 vice-présidents (3 professeurs dont le Pr CORIAT), le Président de la commission centrale de soins infirmiers, 4 membres nommés par le Directeur Général (dont 2 professeurs, le Directeur des ressources humaines, le directeur des finances).
- Un Conseil de Surveillance articulé en 3 collèges de 5 membres chacun : le collège des représentants des collectivités territoriales, le collège des représentants du personnel et le collège des personnalités qualifiées.
Dans le collège des représentants des collectivités territoriales (bailleurs de l’AP/HP), on trouve 3 élus PS et 2 élus UMP (dont François KOSCIUSKO-MORISET, Maire de Sèvres).
Dans le collège des représentants du personnel, tous les syndicats hospitaliers sont représentés (CSIRMT -CME-SUD- CGT).
Dans le collège des personnalités qualifiées, on trouve 2 membres désignés par le Directeur Général de l’ARS (1 Président de chambre à la Cour des comptes, 1 conseiller-maître à la Cour des comptes, représentant de la HAS), 2 autres membres désignés par le Préfet de Paris (1 Président de la Ligue contre le cancer, 1 membre du collectif interassiciatif sur la santé- le Ciss -- et 1 médecin).
Le contrôle de légalité sur les actes et le fonctionnement est assuré par le Directeur Général de l’ARS et de la Ministre de la Santé (etc…) Bachelot. Voilà le cercle est bouclé. Sarkozy a placé ses pions sur l’échiquier ….
L’AP/HP était dirigée jusqu’alors par Benoit LECLERC (ENSP -- maîtrise de sciences économiques). Entré dans le milieu hospitalier en 1972, il a été nommé Directeur Général le 19.6.2006. Un homme qui connaissait son sujet et y avait consacré toute sa carrière. Il n’a pas reçu la Légion d’Honneur.
Il est remplacé par Mireille FAUGERE (HEC Paris). Entrée à la SNCF en 1980, spécialiste en marketing et recherche de rentabilité. Administratrice indépendante d’ESSILOR International et d’EDF. Elle a reçu la Légion d’Honneur le 2 avril 2010 … Elle a toutes les références voulues pour diriger l’AP/HP. Il lui suffira de faire installer des rails dans les couloirs des hôpitaux pour accélérer les cadences !
L’AP/HP prévoit un déficit cumulé de 95,5 millions d’euros pour l’exercice 2009. Cela peut s’expliquer par des retards -- cumulés -- de remboursements par la Sécurité Sociale, l’État etc … Mais pour résoudre cela et bien sûr avec toujours les yeux fixés non pas sur le ligne bleue des Vosges mais sur la fameuse notation AAA (on rigole pas), Sarkozy a dit : trop de personnel, on réduit, d’abord 4.000 (à la louche), moitié soignants, moitié administratifs…
Depuis, on ferme des services, on supprime des lits, on supprime les services de réanimation et soins intensifs (s’ils sont presque morts pourquoi les réanimer ?), on supprime des maternités (moins de naissances, moins de malades), on supprime des services de gériatrie (z’ont qu’à aller chez leurs mômes), moins de services d’urgence (d’où des services surchargés, des malades garés dans des couloirs, mourants sur des brancards, des soignants harassés, hallucinés, qui espèrent tenir jusqu’à la pause, des ambulances qui traversent Paris de long en large et en travers pour trouver UN lit où déposer leur urgence …).
L’Apocalypse ?
Non, la SARKOÏDOSE… la SARKOÏDOSE vous dis-je !
PS : A ne pas confondre avec la Sarcoïdose…