En France, les coups d'éclats des organisations homosexuelles aux cérémonies du Souvenir de la Déportation sont révolus.
C'était l'époque où Jean Le Bitoux et les militants du Mémorial de la déportation homosexuelle s'en prenaient ouvertement aux représentants de l'État ou aux membres d'associations de déportés, qui refusaient de reconnaître la déportation pour motif d'homosexualité.
Le 25 septembre 2010, une plaque "A la mémoire des victimes de la barbarie nazie, déportées pour motif d'homosexualité" a été dévoilée au camp de concentration du Natzweiller-Struthof, en Alsace. Parmi les officiels, des représentants homosexuels de l'association Les "Oublié(e)s" de la mémoire.
Pour arriver à une avancée aussi significative dans la reconnaissance des "triangles roses", il a fallu changer d'approche.
L'association déclare "Faire du rentre dedans était justifié quand les associations et l'État ne voulaient pas entendre parler de nous. La démarche avait un sens. Mais à partir du moment où le premier ministre Jospin, en 2001, a fait un pas vers la reconnaissance de la déportation pour motif d'homosexualité, nous devions changer de méthode...".
L'association Les "Oublié(e)s" de la mémoire a vu le jour, à l'aube des années 2000, pour devenir un interlocuteur crédible face aux pouvoirs publics et aux milieux de la Déportation.
Jean-Luc Schwab, membre de l'association assure "A partir du moment où l'État changeait de position, il fallait travailler à intégrer le protocole républicain des cérémonies du Souvenir, et se faire accepter par les associations. L'approche devait être différente, car la donne avait changé".
Il est aussi l'auteur d'une biographie "Itinéraire d'un triangle rose" aux éditions Florent Massot, sur Rudolf Brazda, dernier survivant connu de la déportation pour motif d'homosexualité.
L'association Les "Oublié(e)s" de la mémoire et leur président, Philippe Couillet, ont effectué leur demande officielle de pose d'une plaque au camp de Natzweiller-Struthof en 2006.
Le secrétaire d'État aux anciens combattants a donné un accord de principe en 2007.
Il a fallu encore trois ans pour faire tomber toutes les résistances au sein des associations de déportés, chez les responsables d'organismes de mémoire.
La commission exécutive du Struthof a d'abord émis un avis négatif.
Jean-Luc Schwab qui a inlassablement expliqué le pourquoi de cette reconnaissance, déplore "On a dû faire un gros travail d'éclaircissement, car les gens confondaient l'homosexualité comme pratique forcée ou non, dans les camps, et comme motif de déportation...".
A force de patience, de pédagogie, de psychologie, l'association Les "Oublié(e)s" de la mémoire a obtenu gain de cause.
L'association est également à l'origine de la pose d'une plaque en mémoire de Pierre Seel, déporté alsacien pour homosexualité, à Mulhouse, et a obtenu qu'une rue de Toulouse, ville où il a fini sa vie, porte son nom.
Ses membres interviennent dans des conférences, participent à des voyages de mémoire, et se placent désormais dans le carré des officiels, lors des cérémonies du Souvenir de la Déportation.
C'est le chemin d'une reconnaissance pleine et entière des "triangles roses", 65 ans après la libération des camps.
Une exposition, "Se souvenir pour refuser l'oubli", consacrée à la Déportation pour motif d'homosexualité, se déroule jusqu'au 30 septembre 2010, au Centre L.G.B.T. de Paris - Ile-de-France, 61-63, rue Beaubourg - Paris 3ème.
Le site Internet de l'association Les "Oublié(e)s" de la mémoire : http://www.devoiretmemoire.org/
Seigneur, fais que la persécution ne soit jamais oubliée.