Un peu de tout, un rien

Publié le 25 septembre 2010 par Petistspavs

Je pique  à Univers Ciné, l'excellent site de VOD, quelques phrases publiées à propos de la mise en ligne de six films du hongrois Béla Tarr : "C'est long et lent et c'est en noir et blanc" résumeront les tristes sires qui sont passé à côté. Ne faites pas cette erreur. Béla Tarr est selon Gus Van Sant "un des rares authentiques visionnaires du cinéma actuel". Son cinéma parle avec une profondeur rare de ce qui lie et éloigne les hommes et les femmes. Plutôt que de films longs parlons donc de films amples, aux travelings enveloppants, de films-transes, hypnotiques et somptueux

C'est vrai, les critiques ciné eux-mêmes semblent progressivement passer de l'autre côté du miroir, la plupart d'entre eux du moins. Quand je pense que rater, un seul dimanche soir, l'émission cinéma du Masque et la Plume me rendait neurasthénique... Depuis quelque temps, Le Masque m'ennuie. Il est vrai que s'ouvrir aux journalistes de Studio Ciné Live ou Elle ne traduisait pas une grande pertinence éditoriale, mais qu'importent les journaux et medias représentés,
Le Masque offrait depuis de si longues années, une tribune à un discours singulier, courageux et novateur sur le cinéma que le rendez-vous du dimanche soir était devenu incontournable pour les habitué(e)s. Les évolutions récentes de l'émission ne peuvent, du coup, que consterner celles et ceux pour qui le film n'est pas encore devenu un produit standardisé, jetable après consommation. Ainsi, quand M. Rioux, de l'Obs rejoint M. Neuhof du Figaro dans la réduction de toute critique à un bon mot et au flingage d'un mot du meilleur de la production indépendante actuelle, un mot, généralement le mot "ennuyeux" ou "incompréhensible". Et les mêmes de voler au secours du succès et du consensuel (Des hommes et des Dieux, récemment, bon film certes, mais entendre évoquer à son propos, les 11 Fioretti de Rossellini, c'est assez écoeurant). Alors on se dit (enfin, moi je me dis) que leurs prédécesseurs, Georges Charensol du Figaro et le magnifique Jean-Louis Bory, de l'Obs, doivent leur adresser un bras d'honneur du fond de leurs tombeaux. Et c'est bien triste.

Moins triste sans doute que ce fait brutal et sans recours : Teresa Lewis, condamnée à mort, a été abattue à la prison de Greensville, à Jarratt (Virginie) pendant que nous dormions. Mardi, le gouverneur conservateur de Virginie, Bob McDonnell, avait refusé de lui accorder sa grâce, tandis que le dernier recours de la condamnée était rejeté le même jour par la Cour suprême des Etats-Unis. Le lendemain, comme une proche lectrice l'a écrit dans un commentaire, le site d'Amnesty international USA indiquait, à propos de l'action de soutien à la condamnée, "This action is no longer available". Quelle pertinence dans cette formule e-administrative, on y perçoit le vide absolu de la tombe dans laquelle on a glissé le corps inerte de Teresa après avoir médicalement supprimé sa vie, après l'avoir légalement supprimée, elle, le vide définitif, le silence depuis toujours, pour toujours, puisqu'elle est morte. Au nom de la loi.
Il sera difficile, après cela, aux responsables américains, de fustiger les violations des droits de l'homme en Corée du Nord, en Chine ou en Iran.

En Iran, justement, deux blogueurs - journalistes, Vahid Asghari et Hossein Derakhshan, emprisonnés depuis 2008, risquent le peine de mort.  Pendant ce temps, Sakineh Mohammadi Ashtiani n'est pas sortie d'affaire (lire sur le site de Reporters sans frontière).
Que faire ?

On pourrait me reprocher de mettre sur le même plan la déliquescence de la critique ciné et la dénonciation de la peine de mort. On aurait sans doute raison. Sauf que dans tous les cas de dénégation de l'intégrité, physique ou morale, des êtres humains, un abaissement de la pensée est en cause. Et tout abaissement de la pensée ou de son expression (je n'ose citer l'exemple d'une Rachida Dati qui, dans une réponse à un journaliste, confond "fellation" et "inflation"...) mérite d'être critiqué.