Quand les accords dévorent les cordes

Publié le 26 septembre 2010 par Souillacenjazz

Mercredi 22 septembre, deux concerts successifs salle Nougaro à Toulouse du duo Sylvain Luc Biréli Lagréne. Une belle soirée d’un automne plutôt chaud. La scène est très soft, les deux guitaristes sont assis sur des chaises, légèrement de biais, chacun avec sa guitare électroacoustique sans fioriture, sous un éclairage minimaliste qui nous les montre à contre-jour. Dur pour les photos ! Mais on n’est pas venu pour les photos, on est là pour entendre ce que ces deux guitar-heroes ont à nous dire ce soir. On sait bien qu’ils peuvent et savent tout faire avec leurs guitares ; nous ne serons pas déçus ! Le premier morceau porte les germes de toute la suite : lorsque Sylvain prend le chorus, Biréli lui donne la rythmique, puis il prend le chorus et Sylvain la rythmique. Ou inversement. Et les deux compères visitent le jazz, le rock, le manouche et la chansonnette. Tout ceci est bien installé, reste à entendre la richesse de leur jeu et à se faire surprendre. Le second morceau prend des allures de dialogues, les phrases se répondent, phrases complexes et subtiles, parfois mélancoliques. Chacun révèle un peu son âme. Puis Biréli s’esquive et Sylvain joue seul un morceau très soigné, introspectif sans doute, qu’il nous offre. Très grosse émotion qui fige la salle avant que ne retentisse une salve d’applaudissements. Lorsque Biréli se lance dans son solo, c’est une autre histoire. Musique syncopée, citations, clins d’œil et farce se propagent avec malice dans une musique débridée emportée par des doigts véloces. Ovation. Les voilà à nouveau ensemble et on reconnaît au passage, détourné, retourné, extrapolé, enrubanné, encordé et frappé un blues ou une chanson mais surtout du jazz. Les accords dévorent les cordes. Les deux complices s’offrent également de bons moments d’exploration de sons, surprenants, complémentaires. De l’émotion, de la joie et tellement de virtuosité, tout est là, infiniment…

Marie-Françoise