L’Apprenti Sorcier (The Sorcerer’s Apprentice)
Résumé: Un jeune homme d’une vingtaine d’années apprend soudainement qu’il est l’héritier du légendaire enchanteur Merlin, et qu’il doit apprendre à maîtriser la magie pour empêcher la maléfique fée Morgane de régner sur le monde…
2010 n’aura pas été une année faste pour le pape du blockbuster Jerry Bruckheimer. Ses deux grosses productions, Prince of Persia et L’Apprenti Sorcier, se sont en effet lamentablement vautrées au box office américain. Et si dans le cas de Prince of Persia la sentence est amplement méritée, ce n’est pas forcément le cas pour L’Apprenti Sorcier.
Cette coproduction Bruckheimer-Disney part de l’idée assez singulière de développer sur un long métrage le célèbre sketch L’Apprenti Sorcier de Fantasia, qui voyait Mickey aux prises avec des balais incontrôlables. Un concept assez étrange, mais finalement pas plus qu’une adaptation d’une attraction Disneyland ou d’un jeu de société… L’occasion aussi pour Nicolas Cage de revenir au blockbuster après deux films indépendants très réussis (Kick Ass et Bad Lieutenant – Escale à la Nouvelle Orléans), dirigé par Jon Turteltaub (avec lequel il a déjà tourné les deux Benjamin Gates). Et sans être un chef d’œuvre du septième art, ni un film d’action marquant, L’Apprenti Sorcier est au final une plutôt bonne surprise, un blockbuster carré et rythmé, bien emballé, et qui apporte son lot de dépaysement. Turteltaub, en bon technicien, emballe quelques sympathiques scènes d’action (dont une poursuite en voiture plutôt originale se passant de l’autre côté d’un miroir), gère très bien les effets spéciaux réussis du film, et arrive à empêcher le cabotinage de Nicolas Cage (sobre et à l’aise dans son rôle). Aux côtés de l’acteur aux mille coupes de cheveux, le jeune Jay Baruchel (Dragons) s’en sort bien, sans tomber dans le piège du geek sympa mais énervant. Enfin, Alfred Molina assure correctement en grand méchant.
Sans être une révolution ni un film inoubliable, L’Apprenti Sorcier est un sympathique blockbuster familial proposant à l’écran un divertissement correct, ce qui n’est malheureusement plus si souvent le cas.
Note : 7/10
USA, 2010
Réalisation : Jon Turteltaub
Scénario : Lawrence Konner, Mark Rosenthal
Avec : Nicolas Cage, Jay Baruchel, Alfred Molina, Monica Belluci
Book of Blood
Résumé: Spécialiste du paranormal, Mary Florescu (Sophie Ward), entend bien prouver à un monde incrédule que les esprits sont une réalité. Pour cela, elle s’installe dans une maison désaffectée dans laquelle plusieurs personnes sont mortes de façons inexpliquées. Elle est accompagnée d’un technicien chargé d’enregistrer tous les phénomènes pouvant survenir, et de Simon McNeal (Jonas Armstrong), un de ses étudiants possédant un don médiumnique. Très vite, des événements mystérieux se produisent autour de Simon…
A l’instar de Midnight Meat Train et Dread, Book of Blood est une autre adaptation des nouvelles des Livres de Sang de Clive Barker, produite par l’auteur lui-même. Il s’agit d’ailleurs de l’adaptation des nouvelles d’ouverture et de conclusion de l’ouvrage. Mais malheureusement, ce nouveau film est loin d’être aussi réussi que Dread et Midnight Meat Train, malgré sa grande fidélité au matériau d’origine.
A vrai dire, le principal défaut de Book of Blood, c’est son manque d’ampleur et sa mollesse. Le long-métrage de John Harrison (réalisateur du déjà peu épique Dune télévisé) n’est finalement qu’une banale histoire de maison hantée assez léthargique. Inscriptions sur les murs, caméras qui tombent en panne, micros qui entendent des sons qui n’existent pas, portes bloquées par une force invisible, rien que du très classique qui n’inspire guère de frisson. Alors bien sûr, la fidélité aux deux nouvelles est là, mais il s’agit justement de l’un de ces cas où une petite entorse aurait été bénéfique. Notamment en développant un peu plus des personnages dont on ne comprend pas toujours les motivations. On se doute très vite que Simon est un imposteur, mais on ne voit pas l’intérêt qu’il aurait à monter cette imposture. Idem pour le personnage de Mary (incarnée par Sophie Ward, qui a bien grandi depuis Le Secret de la Pyramide !) dont on ne comprend pas vraiment le revirement final la transformant en marâtre sadique. Reste tout de même l’idée de base des nouvelles, à savoir la transformation de Simon en « livre de sang » vivant sur lequel les morts viennent raconter leur histoire. Les scènes présentant l’au-delà sont assez saisissantes et la touche de sadisme du final de ce conte cruel fait plaisir.
Correctement emballé mais sans génie, sans grand moment de frousse ni tension, Book of Blood se laisse regarder mais s’oubliera certainement très vite, noyé dans le flot des DTV sortant chaque mois…
Note : 5/10
Royaume-Uni, 2008, DTV
Réalisation : John Harrison
Scénario: John Harrison, Darin Silverman
Avec: Jonas Armstrong, Sophie Ward, Clive Russell
Jonah Hex
Résumé : Soldat confédéré lors de la guerre civile américaine, Jonah Hex (Josh Brolin) a fini par trahir son supérieur hiérarchique, Quentin Turnbull (John Malkovich) parce que celui-ci s’était lancé dans une sanglante guérilla en s’attaquant à des civils innocents. Malheureusement, le fils de Turnbull est mort dans le processus, et celui-ci s’est vengé en assassinant la femme et la fille de Hex. Laissé pour mort et défiguré, Hex a été soigné par des Indiens, non sans avoir acquis au passage le don de ressusciter temporairement les morts. Apres avoir traqué Turnbull et appris l’apparente mort de celui-ci, Hex est devenu un chasseur de primes sans foi ni loi.
Apres son bide retentissant aux USA, où il fut de plus éreinté par la critique, Jonah Hex a fini par sortir en catimini au Royaume-Uni. Ecrit par les fossoyeurs du film d’action Mark Neveldine et Brian Taylor, qui devaient à l’origine en assurer aussi la réalisation (on aura au moins échappé à ça), Jonah Hex a fini par être mis en boite par Jimmy Hayward (qui n’avait jusqu’à présent qu’un film à son actif, le film d’animation Horton). Et le résultat final n’a, il faut l’avouer, rien de transcendant…
La première chose qui frappe lors du visionnage de Jonah Hex, c’est la durée plus que réduite du long métrage. 81 minutes pour un film d’action adapté d’un comics, c’est vraiment léger, et ça sent le film tronqué. Et en effet, cette impression persiste du début à la fin du film. On n’a pas l’impression de voir un ensemble cohérent racontant une histoire, mais plutôt une succession de scènes vaguement liées les unes aux autres. Hex se balade d’un bout à l’autre des Etats-Unis pour des raisons vaguement compréhensibles, l’intrigue avance par bonds peu crédibles à coup de résurrections de cadavres qui ont l’air omniscients, les personnages agissent en dépit du bon sens (du genre les méchants enlèvent la dulcinée de Hex pour qu’elle serve d’appât alors qu’ils le pensent mort…). Bref, un grand n’importe quoi généralisé dont le point d’orgue est peut-être ce combat à mort dans une arène entre un gros baraque et une sorte d’homme serpent sorti d’on ne sait où…
Dommage parce que tout n’est pas à jeter dans le film, à commencer par une bonne tenue visuelle. Hayward se débrouille plutôt pas mal avec une caméra et emballe quelques bonnes scènes, comme cet affrontement dans un village déserté en début de film. Les anachronismes façon Les Mystères de l’Ouest sont aussi plutôt bien gérés et amusants, et Josh Brolin assure dans le rôle titre malgré les prothèses lui déformant le visage. Dommage que le reste du casting, plutôt prestigieux (John Malkovich, Megan Fox, Michael Fassbender, Jeffrey Dean Morgan, on a vu pire !) soit sous employé (difficile de développer ses personnages dans un film aussi court).
Jonah Hex aurait pu être une œuvre sympathique et originale, mais le probable charcutage du studio en a fait un énième blockbuster sans âme, et pire encore, sans queue ni tête. Vraiment triste pour Josh Brolin qui atteignait enfin le haut de l’affiche dans une grosse production…
Note: 4/10
USA, 2010
Réalisation: Jimmy Hayward
Scénario: Mark Neveldine, Brian Taylor
Avec: Josh Brolin, John Malkovich, Megan Fox, Michael Fassbender, Jeffrey Dean Morgan
La Horde
Résumé : Un groupe de flics part en vendetta contre les malfrats qui ont tué l’un d’entre eux. Alors que les deux factions s’affrontent dans le HLM désaffecté servant de repaire aux seconds, Paris s’embrase : les morts se mettent soudain à ressusciter et à s’en prendre aux vivants. Les deux groupes antagonistes vont devoir s’associer pour résister à ce nouvel ennemi…
N’habitant plus en France depuis quelques années, je n’avais pas pu voir le tant attendu premier film de Yannick Dahan (associé à son ami Benjamin Rocher). Cela ne m’a pas empêché de soutenir cette nouvelle tentative française dans le cinéma de genre en donnant quelques euros à la production via le site Motion Sponsor. Et le premier et agréable retour de cet investissement a été l’envoi du DVD du film à toutes les personnes ayant participé au financement. Et même si le film a été boudé en salle, ainsi que par une partie des défenseurs du cinéma de genre (voir la critique assez dure de Mad Movies), c’est avec une certaine fébrilité que je me suis lancé dans le visionnage.
Soyons clair tout de suite : La Horde n’est pas du tout un chef d’œuvre du genre, et ne prétend d’ailleurs jamais l’être. C’est un film bourré de défauts, à commencer par des acteurs pas toujours au top, mais dont l’énergie et l’enthousiasme communicatifs font plaisir à voir. Yannick Dahan voulait faire un film badass, devant lequel le public s’amuse, et personnellement je trouve qu’il a parfaitement réussi son pari. La Horde n’est pas auteurisant comme A l’Intérieur, ni prétentieux comme Martyrs (même si j’ai apprécié le film), et arrive à ne pas sombrer dans le nanar ridicule comme Frontière(s). C’est déjà beaucoup, et cela le rend d’emblée éminemment sympathique.
Malgré les restrictions dues au budget limité, Dahan et Rochet en donnent au public pour son argent, avec des scènes iconiques (la première apparition de René, ou encore l’affrontement dans le parking, vraiment jouissif), un bon sens du rythme, des dialogues plutôt bien écrit (le langage ordurier si décrié lors de la sortie du film ne m’a pas plus choqué que ça, vu qu’il colle aux personnages), des moments de comédie (la scène où René veut couper la jambe d’un des personnages) et même quelques scènes de bastons bien fichues (l’affrontement dans la cuisine).
Seule grosse ombre au tableau à mon avis, le personnage de René, censé représenter la vieille France avec ses dialogues « à la Audiard » est tout simplement insupportable. Difficile pour moi de comprendre l’engouement pour ce moulin à paroles qui aligne conneries sur conneries et qu’on a envie d’euthanasier dès qu’il ouvre la bouche. Mais heureusement, ce léger désagrément ne gâche pas trop le plaisir pris devant ce spectacle certes imparfait, mais beaucoup plus convaincant que la plupart des tentatives hexagonales dans le cinéma de genre.
Note : 7/10
France, 2010
Réalisation : Yannick Dahan, Benjamin Rocher
Scénario : Arnaud Bordas, Yannick Dahan
Avec : Claude Perron, Jean-Pierre Martins, Eriq Ebouaney, Aurélien Recoing, Yves Pignot