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Deerhunter - Alcyon Digest
Label: 4AD (distr. Irascible)
INDIE ROCK Gagnant rapidement ses gallons de groupe culte, Deerhunter poursuit ses croquis d'un rock sans véritable destination, entre noise, ambiant et psychédélique. Après l'excellent Microcastle, le quatuor explore d'autres pistes et semble encore meilleur. Chronique.
Le corps et l'esprit
”Earthquake”, dépouillé, semble être un croisement entre Brian Eno (vidéo) et Neil Young. Ca pourrait être l’épilogue du quatrième album de Deerhunter, ce n’en est que le début. La suite est tout aussi déroutante, mais brillante. Pourtant, on l’avoue, on avait pris ce disque par deux angles obtus, plus accrocheurs, histoire d’entrer en douceur dans ce savoureux tableau : le titre promo, ”Helicopter”, élégante ritournelle toxique à la production hors normes pour le jeune homme de 28 ans, et le goguenard ”Desire Lines”, lançant son parcours psyché sur les mêmes bases que ”Rebellion Lies” d’Arcade Fire. Le résultat sera tout autre : sous ces chœurs et ces guitares aériennes se cache la crasse, la divagation, et un final déglinguant, préfigurant des prestations scéniques écarlates à botter en touche le flegme des Brian Jonestown Massacre. Pas bête : on dirait du Dandy Warhols première époque – dorée – quand le plan de carrière se conjugait avec des concerts hallucinants durant plus de trois heures. Deerhunter en sont capables, s’ils ne se perdent pas en route – vous savez où.
HALCYON DIGEST se hasarde cependant dans des choses moins nettes, comme dans un aller-retour entre production en ciment et Lo-Fi (”Don’t Cry” ou ”Revival”). Et y rajoute une dose de psychotropes sur ”Sailing”, qu’on pourrait facilement interdire d’écoute. Juste pour rire. Dans le même style, ”Basement Scene” est lui aussi honorable. ”Memory Boy” nous relève, nous surprend plutôt, encore une fois, avec sa pop non identifiable, deux minutes de hardiesses avant ce fameux ”Desire Lines”, tout autant que le saxophone du très Roxy Music ”Coronado”. Le 11-titres se conclu avec "He Would Have Laughed", hommage poignant au regretté Jay Reatard, à foutre les jetons ou à en pleurer dans sa bière, suivant le degré d’affinité porté à ce prodige parti trop vite. Le corps, chancelant, et l’esprit, déchirant : Bradford Cox garde le cap dans un album mixé avec Ben Allen (MERRIWEATHER POST PAVILLION d’Animal Collective à son palmarès), perdant en shoegaze ce qu’il gagne de classe, en détachement. La relève est assurée.
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Chronique écrite par Julien Gremaud
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Ecrit par Julien Gremaud - Le 26 septembre 2010
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