"Des hommes et des dieux" retrace les trois dernières années de la vie des moines de Tibhirine, jusqu'à leur enlèvement, en 1996.
Lorsque que ce film est sorti en mai dernier à Cannes, il avait suscité une troublante effervescence autour de lui ( http://lexilousarko.blog.fr/2010/05/23/la-fete-du-cinema-francais-8654989/ ). Couronné du grand prix de la mise en scène, certains parlaient même de miracle pendant le tournage. Les critiques presque unanimes saluaient un chef d'oeuvre. Alors moi aussi, j'ai voulu voir ce film et pour tout dire j'ai détesté.
J'ai détesté sa posture idéologique, ce sentimentalisme qui le traverse, cette moralité dégoulinante des moines. J'ai détesté un point de vue accentué par une mise en scène d'un ennui terrible.
Ce n'est pas le manque de suspense qui m'a gêné dans la mesure où l'on connait la fin de l'histoire, c'est d'abord le jeu des acteurs qui d’habitude sont si brillants et qui dans ce film semblent surjouer du début à la fin. Lambert, ou Lonsdale "déguisés en moines", ne sont pas crédibles une seconde dans le rôle de ces religieux.
Il manque justement à ces moines une humanité, une psychologie pour les rendre personnages. Au lieu de cela, on a des pauvres dialogues insipides qui ne nous éclairent peu sur le choix de rester vivre à Tibhirine malgré la menace islamique.
Ce sont ensuite les relations entre la communauté religieuse et la population qui manquent cruellement de relief.
Certes, on entend l'appel à la prière musulmane dans le monastère. Certes, il y a cette jeune adolescente qui côtoie les moines,ces vieilles femmes qui viennent au mononastère pour se faire soigner, et cette participation des religieux à une fête de village pour fêter, il me semble la circonsition d'un enfant.
Malgré toutes ces visites, toutes ces rencontres, il y a un sentiment en visionnant le film d'une communauté qui vit en dehors de la vie locale.
Certes, les images sont belles, la fraternité entre les moines bien présente, certes la scène du repas, rappelant la Cène de Leonard de Vinci est émouvante, la musique de Tchaikovski d'une grande beauté, mais cela ne suffit pas hélas à sauver le film.
Le classicisme par le jeu des lumières, la beauté des paysage rend l'oeuvre esthétiquement parfaite. On est presque ébloui par la neige que traversent les moines vers leur dernier voyage.
Mais c'est cet esthétisme qui m'a gêné tout au long du film, parce que par cette mise
en scène trop académique, les moines apparaissent comme désincarnés, comme inexistants,
vivant dans une cloisonnement presque autistique, certes proche de dieu, mais loin des hommes.
Pour aller plus loin:
Un article du figaro qui résume bien encore les zones d'ombres qui pèsent sur
l’assassinat des moines de tibhirine.
Le témoignage de l'Evêque d'oran sur l'enlevement des moines, peu avant que lui même soit aussi assassiné, le 1er août 1996.
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