Au sommet du G20, à Toronto, en juin dernier, Barak Obama avait reproché à Angela Merckel d’entraîner l’Europe dans l’austérité, et de freiner ainsi la reprise économique mondiale : le président américain prônait la poursuite de la relance par la dette souveraine.
Mais les résultats de cette politique de relance sont décevants. L’économie américaine ne reverdit pas vraiment : la consommation est atone, le chômage n’est pas endigué. Et la croissance patine : l’OCDE l’annonce à 1,4% au quatrième trimestre (contre 2% au troisième, 1,6% au deuxième et 3,7% au premier).
Ben Bernanke, le patron de la Fed, est gagné par l’inquiétude. Il a déclaré, fin août, au symposium annuel – particulièrement morose cette fois-ci – organisé par la Fed à Jackson Hole, dans le Wyoming : « Le comité (de politique monétaire) est prêt à mettre en œuvre un assouplissement monétaire supplémentaire par le biais de mesures non conventionnelles si cela s’avère nécessaire, notamment si les perspectives devaient se détériorer sensiblement« . Bernanke compte donc essayer de booster à nouveau la croissance par de l’argent public.
Mais, loin de se cantonner aux enceintes des réunions internationales, le débat sur la relance par la dette souveraine arrive sur le devant de la scène politique américaine. L’opinion s’émeut de l’emballement de la dette publique, qui a dépassé les 13 000 milliards de dollars (88% du PIB). Les contribuables américains ont le sentiment d’avoir payé les dettes des grandes banques du pays (puisqu’elles ont été sauvées par l’argent public) sans que leur sort, à eux, en soit adouci. Ils se sentent floués et angoissés. La commission sur le déficit mise en place par le président Obama fera connaître ses conclusions en décembre : de quoi attiser une colère montante dont témoigne l’essor du mouvement « Tea Party », qui instruit le procès de l’Etat fédéral, de la fed et des grandes banques.
Il faudra bien que la Fed et le gouvernement fédéral s’y mettent, à l’austérité. Déjà, les États fédérés et les villes ont commencé : réduction de personnels, de services publics, de transferts sociaux… Les consommateurs américains eux-mêmes la pratiquent désormais : eux qui étaient drogués à la carte de crédit, n’étaient plus que 56% à l’utiliser en 2009 contre 87% en 2007. Les élections de mi-mandat en novembre installeront au Congrès une nouvelle majorité, allergique aux déficits publics : Obama devra en tenir compte.
Il faudra aussi tenir compte des banques centrales étrangères (Chine, Euroland) qui se cabrent de plus en plus à l’idée de financer un nouveau cycle de relance par la dette publique américaine. Ainsi, la banque centrale chinoise diversifie discrètement ses avoirs en devises en acquérant des euros…
L’austérité aux USA aura des répercussions sur le commerce international : l’Europe et les pays émergents, dont la Chine, verront leurs débouchés à l’exportation se réduire. Tout cela sonne le glas de la reprise économique mondiale…